Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 13.12.2016 - thierry-allard - 4 min  - vu 226 fois

GARD RHODANIEN Le Centre d’excellence numérique abandonné par "prudence"

Hier soir, lors du conseil communautaire de l'agglo du Gard Rhodanien (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Tout ça pour ça ! Des mois, devenus des années de débats, de revirements, de déclarations d’intention et de positions cristallisées autour d’un Centre d’excellence numérique dont on n’aura jamais vraiment su comment l’appeler, et dont on sait depuis hier soir qu’il ne verra pas le jour.

C’en est donc fini de ce projet hérité de feue la communauté de communes Valcézard, exécuté à la faveur d’un anonyme conseil communautaire de l’agglo du Gard Rhodanien à la salle des fêtes de Tavel.

« J’avais reçu des engagements du Département »

Un conseil communautaire qui n’avait initialement rien de palpitant à l’ordre du jour, à l’exception de trois délibérations concernant le Centre d’excellence numérique, dont on ignorait encore à 18h01, à l’ouverture de ce dernier conseil communautaire de 2016, qu’il était déjà mort. Après avoir eu un mot de remerciement pour les communes qui se sont mobilisées pour l’école Jules-Ferry de Bagnols durement frappée par un incendie criminel il y a une dizaine de jours, le président de l’agglo Jean-Christian Rey a demandé à retirer les questions 21, 22 et 23 de l’ordre du jour, relatives au contrat de bail emphytéotique du Centre et deux demandes de subventions. Répondant à une demande d’explications du maire de Saint-Nazaire et opposant notoire au projet Gérald Missour, Jean-Christian Rey a alors lu une déclaration signant l’arrêt de mort du Centre d’excellence numérique, aka le Pôle d’excellence rurale, aka Scène campagne.

Après avoir rappelé que « le montage financier pour la réalisation de ce projet implique le soutien de trois financeurs partenaires de l’Agglomération : l’Etat à hauteur de 1,13 million d’euros, la région Occitanie à hauteur d’1 million d’euros et le Conseil départemental du Gard à hauteur de 800 000 euros », Jean-Christian Rey a noté que « l’Etat nous a confirmé sa participation au projet par un arrêté de Monsieur le Préfet de Région du 20 octobre 2016, la condition pour le versement de cette somme étant le démarrage des travaux avant le 31 décembre 2016. »

Or, la date approchant dangereusement, il a fallu confirmer l’engagement des deux autres partenaires, ce qui a été fait officiellement par la Région à la mi-novembre. Restait au Département d'emboîter le pas avant la fin de l’année : « j’avais reçu des engagements (…) du Département du Gard qui devait en délibérer avant fin 2016 », rappelle le président, qui fait donc lancer les grandes manoeuvres, en émettant les appels d’offres dont les lots « sont aujourd’hui en instance d’attribution. » Or, « à ce jour, aucune délibération ou engagement écrit (du Département, ndlr) ne viennent garantir cette position. » En clair, il manque potentiellement 800 000 euros au financement du projet.

Vue d'artiste du CEN de Cornillon (DR)

« C’est fini, Pierre »

« Un risque trop important pour la collectivité », estime Jean-Christian Rey, qui devait « impérativement attribuer les marchés et débuter les travaux avant la fin de l’année 2016. Je ne serai pas le président qui fera prendre le risque d’un manque de 800 000 euros pour notre agglomération. Je retire donc de l’ordre du jour les trois délibérations relatives au Centre d’excellence numérique, ce qui signifie que ce projet ne verra pas le jour. » La salle reste interdite devant une sentence qu’a priori personne n’avait vu venir. Rappelant son « devoir de prudence », qui exclut donc la confiance aveugle à un exécutif départemental majoritairement socialiste et dont deux vice-présidents garnissent l’assemblée communautaire, le président affirmait que l’agglo continuait à « porter cette ambition sous une autre forme. » Les opposants au projet, d’habitude prolixes à chaque délibération le concernant, restent cois. Seul Pierre Baume se lèvera pour évoquer les appels d’offres, n’ayant visiblement pas compris — ou voulu comprendre, allez savoir — que le projet était mort. « C’est fini, Pierre », lui répondra simplement le président, avant de lancer le déroulement de l’ordre du jour.

« Ce projet a toujours représenté pour moi le sommet du choix purement politicien, n’ayant eu d’existence que pour honorer — et Dieu sait que le terme est impropre — des engagements ayant permis de constituer une majorité d’intérêts personnels à coup de renvois d’ascenseurs plus ou moins clairs, éloignés de tout bon sens, et aux antipodes des intérêts des populations comme des équilibres budgétaires de la communauté d’agglomération », affirme à chaud le conseiller communautaire LR Bagnolais Serge Rouquairol. Sur Facebook, pour le maire de Saint-Etienne-des-Sorts Didier Bonneaud, lui aussi opposé au projet, c’était le temps des remerciements : « Merci à tous les élus qui ont fait de leur mieux pour freiner et faire en sorte que ce projet ne voit pas le jour, mais merci aussi à tous les citoyens de ce territoire qui nous ont soutenu. »

A l’issue du conseil, certains élus de la majorité grinçaient à mots couverts sur une élimination « politique » du projet, quand il nous était opportunément rappelé que la subvention départementale était à l’ordre du jour de l’assemblée de la rue Guillemette fin novembre, dont elle aurait été « trappée ». D’autres voyaient dans l’attitude du Département une opportunité bien commode pour l’agglo de se débarrasser d’un projet qui ne ferait jamais l’unanimité au sein de l’assemblée communautaire — parvenant même à faire voter contre lui comme un seul homme un communiste, des élus de gauche et la droite — et qui risquait fort de finir par ressembler à un boulet, surtout à l’heure où l’agglo abandonne des compétences pour se recentrer sur l’essentiel.

Une chose est sûre, Jean-Christian Rey n’en tient pas rigueur à l’assemblée départementale : « le Conseil départemental propose janvier (pour la délibération, ndlr), mais c’est trop tard. Je n’en veux pas au département, mais c’est dommage, car c’était un beau projet. » Un « beau projet », dont il ne restera pas grand chose, à part peut-être des désaccords nets entre élus qui, qu’ils soient sincères ou simplement politiques, ont laissé des traces.

Et aussi :

Le premier vice-président de l’agglo du Gard Rhodanien, vice-président du Département et ancien président de la communauté de communes de Valcézard Christophe Serre a publié hier soir sur sa page Facebook une lettre démontrant selon lui l’engagement du Conseil départemental. Une lettre non datée.

La lettre publiée sur Facebook hier soir par Christophe Serre (DR)

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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