NÎMES Il boit ses quatre Ricard, « comme d’habitude », et remonte frapper toute sa famille
Au tribunal correctionnel de Nîmes, chaque semaine, le président Jean-Pierre Bandiera en voit de toutes les couleurs. Ce jeudi 22 décembre, alors qu’il demande simplement au prévenu, Laid, un marocain de 58 ans, s’il accepte d’être jugé en comparution immédiate ou s’il souhaite un délai pour préparer sa défense, la réponse met du temps à venir. Après quelques secondes, la salle entend :
- Oui !
- Oui à quoi ?, demande le juge.
- Oui, je voudrais un délai pour parler avec ma femme.
- Ah non, ce ne sera pas possible, répond le président qui doit le juger pour des violences conjugales.
- Bon d’accord, je veux bien être jugé aujourd’hui, décide finalement Laid.
Une interprète viendra épauler le quinquagénaire.
Jean-Pierre Bandiera revient sur les faits du 19 décembre dernier. Après un passage au bar où il a consommé quatre Ricard, Laid remonte chez lui et s’inquiète subitement pour sa fille de 8 ans, malade, en train de vomir. S’improvisant médecin, il force la fillette à avaler un cachet et est à deux doigts de l’étrangler. Sa femme Habiba, qui voit la scène, intervient et reçoit une gifle et plusieurs coups de poing, ce qui ne figure pas dans le serment d’Hippocrate. Ses fils s’en mêlent mais Laid est déchaîné : il les frappe un à un, casse tous les ordinateurs ainsi que le lustre. Alors que tout semble l’accabler, Laid nie :
- Tout est faux ! Sauf pour les ordinateurs, indique-t-il au tribunal. Mais il est peut-être possible que j’ai poussé ma femme.
Celle-ci a eu deux jours d’ITT. Mais l’accusé est sceptique :
- Moi aussi, si je veux, je peux avoir un certificat médical. Je ne lui ai donné aucun coup de poing, jure-t-il.
Pourtant, toute sa famille l’accuse. Même les policiers. A la fin de sa garde à vue, un fonctionnaire l’a entendu dire à propos de sa femme : « De toute façon, je pense que je vais l’égorger ».
- Mais non, répond Laid, si je veux égorger ma femme, je ne le dis pas !
L’un de ses fils a fait le déplacement au tribunal et fait savoir qu’il veut que son père se soigne contre l’alcool. Mais ce n’est pas gagné : Laid ne se voit pas comme alcoolique.
- Quand je bois, je suis gentil, je donne plein d’argent, dira Laid sans convaincre personne.
Son avocat Stéphane Aubert dépeint un « père de famille à l’ancienne », « un chef qui n’a pas démissionné » et dont les enfants n’ont jamais fait parler d’eux. Son client sera condamné à 12 mois de prison dont 9 avec sursis, soit trois mois ferme. A sa sortie de prison, il sera interdit à Laid d’entrer en contact avec sa femme et de se rendre dans un bar. Il devra enfin séjourner chez un cousin à Perpignan et verser 300€ d’amende.
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