Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 19.01.2017 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1097 fois

NÎMES A La Placette, Jacques Teissier, prêtre des arènes, parlera corrida

Sous les yeux de la famille entière, la pitchounette s'essaye à la tauromachie. Les conseil de Jacques Teissier, aumônier des arènes de Nîmes et aficionado practico lui seront précieux (Photo Anthony Maurin).

Le Comité de Quartier de La Placette organise ce vendredi une rencontre avec une personnalité très spéciale. Jacques Teissier, prêtre et aumônier des arènes, viendra discuter de sa passion pour la tauromachie.

Jacques Teissier, prêtre attaché aux paroisses Saint-Luc et Saint-Charles, considère comme une grande chance de s’être vu confier un jour la charge d’aumônier des arènes de Nîmes. Dans l’exercice de son sacerdoce, c’est, selon ses propres mots, une "cerise sur le gâteau" qu’il savoure depuis 1988. Car la corrida, il est "tombé dedans étant petit" et aujourd’hui encore il se souvient de ses impressions d’enfant de sept ans, lors de sa "première", haut dans les amphis…

L’enfant ne savait alors pas qu’un jour il aurait l’insigne privilège de partager, seul, les ultimes instants de recueillement des maestros mythiques, ces minutes, ces secondes où se condense à l’extrême l’intransigeante confrontation à soi-même, avant l’affrontement capital… Car la charge de l’aumônier des arènes consiste à préparer, en leurs stricts ornements et accessoires, le vestibule et la chapelle. Ces menus espaces définis au sein du gigantesque cirque de pierre, à la fois distincts et unis dans le silence et le secret, concourent avec leur fonction et leur décor propres, à l’intimité et à la grandeur de cet instant du rite, précédant la lumière et la foule, le bruit et la fureur. "Si le public pouvait voir les toreros dans ces instants où avant l’heure de vérité ils entrent en eux-mêmes, jamais il ne pourrait siffler une prestation qui le déçoit…". Sobre sentence d’un aficionado devenu, avec le temps et depuis ce si singulier point d’observation et de méditation, un véritable érudit en matière tauromachique.

"La "fête des toros" nous parle du rapport de l’homme au monde, dans son histoire comme dans le monde d’aujourd’hui" Jacques Teissier.

Ce prêtre, responsable au sein de son Eglise du service intitulé "Les arts, les cultures et la foi" n’a de cesse d’enrichir et transmettre sa connaissance de la corrida. "Plus qu’un spectacle, elle est un phénomène culturel, et, en cela, la "fête des toros" nous parle du rapport de l’homme au monde, dans son histoire comme dans le monde d’aujourd’hui…" Jacques Teissier peut donc être intarissable sur l’incroyable parcours du préhistorique aurochs, domestiqué au néolithique, il y a dix mille ans, aux confins de la Turquie et de la Syrie, duquel descendent tous nos bovins actuels, toro bravo et taureau camarguais compris, issus quant à eux d’ancêtres domestiques retournés à la vie sauvage…

Il peut se passionner à l’idée que les progrès continuels de la génétique permettront de mieux connaître encore ces milliers d’avatars d’un animal qui hante depuis la nuit des temps tous les mythes et toutes les civilisations forgés par les humains.

Plus encore, peut-être, Jacques Teissier se passionne pour ce que nous pouvons trouver de sens à la corrida dans le monde d’aujourd’hui, au miroir qu’elle nous tend des peurs, des refoulements, des censures de notre société moderne. "Pour moi, ce qui se joue dans l’arène est toujours porteur d’un symbole fort. Depuis toujours et pour toujours, l’homme a affirmé sa vie en affrontant la mort. Le défi à la mort, c’est profondément humain. Les sports extrêmes, ou les rites initiatiques de certaines civilisations africaines, est-ce que ce n’est pas aussi cela? Le propre de la corrida c’est de mettre la mort en spectacle, le toro meurt, l’homme peut mourir… mais nous vivons une époque qui cache la mort…".

Le croirez-vous? Jacques Teissier a même une réflexion profonde sur le phénomène anticorrida. Si l’effroi ou le rejet devant la violence intrinsèque de la corrida ne sont pas neufs, leur virulence organisée et médiatisée est relativement récente. La fureur à "cacher la mort" pourrait bien avoir, ici, partie liée avec l’évolution, dans nos mœurs citadines, de nos rapports d’humains avec notre environnement animal…

Rendez-vous donc au 26 bis rue Bec de Lièvre, le vendredi 20 janvier à 18h30. Participation

aux frais: 2 euros. Pot de l’amitié.

Anthony Maurin

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