Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 03.03.2017 - tony-duret - 3 min  - vu 1231 fois

JUSTICE Mourad et Fabrice, le procès de deux hommes que tout oppose

Premier jour du procès. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Fabrice Autrand, un chef d’entreprise alésien âgé de 45 ans, est soupçonné de complicité de tentative d’assassinat sur sa compagne, Rachel. Il aurait engagé l’ancien videur de sa discothèque, Mourad Bouabida, pour l’éliminer. Le motif ? Rachel ne s’entendait pas avec la mère de Fabrice (relire les faits ici).

Mourad Bouabida, Fabrice Autrand. Deux accusés, deux hommes dans le même box de la cour d’assises du Gard. Deux destins, deux vies que tout oppose. Mourad, 47 ans, est né dans le quartier des Cévennes à Alès, dans une famille de dix enfants, d’un père maçon et d’une mère au foyer, eux-mêmes cousins germains. Fabrice, âgé de 45 ans, est né à Aix-en-Provence, d’un père commissaire de police et d’une mère employée de banque. A l’école aussi, Fabrice et Mourad n’ont pas le même parcours. La scolarité de Fabrice est décrite comme « brillante » par l’enquêtrice de personnalité, présente à la barre ce vendredi après-midi pour l’ouverture du procès. Bac scientifique, math sup, école des mines d’Alès, premier emploi à Cévennes Déchets où il grimpe les échelons pour finir très rapidement directeur associé. Pour Mourad, c’est plus compliqué. Une dégénérescence rétinienne occasionne chez lui de gros problèmes de vue : il ne discerne que les formes. Un handicap qui va nuire à sa scolarité : il redouble la sixième, puis la cinquième. Mais il finira par se réaliser dans le domaine de la sécurité, comme patron de sa propre société ou comme videur au Caveau de l’Alma, discothèque alésienne où il rencontrera Fabrice, qui à l’époque gère l’établissement.

Fabrice Autrand : « Je regrette infiniment »

Physiquement aussi, les deux hommes ne laissent pas la même impression. S’ils sont grands tous les deux, Fabrice, les cheveux courts grisonnants, assez fin, porte un pull en v laissant apparaître le col d’une chemise blanche. Attentif aux débats, il observe la salle et les intervenants, sourit ou hausse les sourcils en fonction des témoignages. Mourad écoute aussi, mais ne laisse rien transparaitre. Gros bras imposants, tête souvent penchée, certainement en raison de son handicap visuel, il ne regarde que très peu la salle ou la présidente de l’audience Geneviève Perrin. Même dans leur toute première réponse à une question cruciale de la juge, car elle donne le ton du procès, ils ont eu l’un et l’autre des répliques diamétralement opposées.

-      Reconnaissez-vous les faits ?, demande Geneviève Perrin

-      Oui, je les reconnais et je les regrette infiniment, répond Fabrice quand Mourad se contente d’un « non»

Maître Olivier Massal, à gauche, et le bâtonnier Jean-Pierre Cabanes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

« Une lutte à mort », selon une psychologue

Cette première après-midi de débats tourne autour des personnalités des deux accusés. Fabrice a une « intelligence supérieure » mais souffre de liens « particuliers et difficiles » avec sa mère, selon un premier expert. Une deuxième met le doigt sur cette relation étonnante avec cette mère qui a exigé de Fabrice qu’il se couche à 20h30 jusqu’à l’âge de 18 ans ou qui comblait ses débits sur son compte en banque jusqu’à la trentaine passée… L’experte pointe aussi les relations tendues entre Rachel, la compagne de Fabrice et victime (absente) du procès, et la mère de Fabrice. Pour la psychologue, Fabrice a fait de ce conflit entre les deux femmes « une lutte à mort ». Mourad, lui, se pose moins de questions, contrairement à ses deux avocats, Maîtres Olivier Massal et Aurélien Vergani, qui s’intéressent de près aux conclusions de l’expert ophtalmologiste.

-      Mon client peut-il sortir de la maison en courant et sauter par-dessus un mur ?, questionne Olivier Massal.

-      C’est possible s’il y avait un peu de lumière, répond l’ophtalmologiste.

-      Et si je vous dis que c’était la nuit…

-      Si c’était la nuit, il ne pouvait pas se diriger sauf à connaître les lieux.

Ou à être « aidé d’un complice », comme le suggère le procureur Stéphane Bertrand. Juste avant de partir en week-end, les six jurés, six hommes, ont entendu Alexandre, patron de bar alésien, clamer l’innocence de son ancien client devenu ami, Mourad.

-      Il n’y a aucune raison qu’il ait fait ça, c’est un garçon censé. Et physiquement, c’est impossible pour lui.

L’audience reprend lundi avec l’examen des faits.

Tony Duret

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