Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 08.03.2017 - tony-duret - 3 min  - vu 1630 fois

JUSTICE 27 ans pour Autrand, 20 ans pour Bouabida

Les avocats en grande discussion à quelques minutes du verdict. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Après 5 heures de délibéré, Fabrice Autrand, un chef d’entreprise alésien soupçonné de « complicité de tentative d’assassinat » sur sa compagne Rachel, a été condamné à 27 ans de prison. Son co-accusé, Mourad Bouabida n’a pas été reconnu coupable « d’assassinat », mais de « complicité d’assassinat ». Il écope de 20 ans de prison. Retour sur cette dernière journée de procès.

En cette journée de la femme, le bâtonnier Jean-Pierre Cabanes n’est pas très galant. Il est même plutôt désagréable avec une femme en particulier : Geneviève Autrand, la mère de son client. A la manière de Jacques Brel dans sa chanson « Ces gens-là », il dépeint chacun des protagonistes de ce triste fait-divers, dont la mère, qu’il allume :

-      Si elle n’est pas dans cette affaire, il n’y a pas de drame, pas de crime, pas de procès (…) Si elle ne répand pas son venin, elle n’est pas bien (…) La mère Autrand, c’est comme une bouteille d’encre qui se renverse : elle se répand partout.

Les hommes de la famille aussi ont été habillés pour l’hiver. Après avoir décrit Fabrice Autrand comme « veule » et « lâche » ; le père, Jean-Paul Autrand, comme « un fantôme », il termine sa plaidoirie d’une heure en chuchotant aux jurés :

-      Dans cette salle, j’ai entendu des gens demander la mort. Aujourd’hui, je demande que soient retenues des circonstances atténuantes.

Mourad Bouabida : « Je suis un yoyo »

Dernière à plaider, Maître Isabelle Mimran insiste sur « cet acte à la hauteur de la souffrance de Fabrice Autrand », sur son « déni de réalité qui dépasse l’entendement », et sur cette peine de 30 ans requise par l’avocat général, qu’elle trouve « inadaptée » et « inutile ». Mais le meilleur avocat de la matinée a certainement été Mourad Bouabida, invité à prendre la parole une dernière fois :

-      Je compatis avec ce qu’elle a vécu (la victime, NDLR) mais je n’ai pas d’excuses à lui faire parce que je suis innocent dans cette affaire. Je la remercie de tout mon cœur car elle n’a jamais cédé quand on lui a dit de me reconnaitre. Je veux aussi dire pardon à ma famille de vous faire subir ça. Dans cette affaire, je suis un yoyo. Depuis 3 ans et demi, on ne sait pas quelle place m’attribuer : un coup le tireur, un coup l’organisateur, mais quand on ne sait pas, on s’abstient.

Il se tourne vers les jurés :

-      On vous demande de m’éliminer, on vous demande 20 ans, ça revient à me couper la tête. Je vous demande à l’aide. Merci.

Bouabida n’est pas le tireur

Fabrice Autrand enchaîne et ne parle qu’à Rachel, en la regardant dans les yeux :

-      Je regrette sincèrement tout le mal que je t’ai fait. J’ai honte. Je remercie le ciel que tu sois vivante. Si je pouvais revenir en arrière, aujourd’hui on serait mariés et on attendrait notre deuxième enfant (…) Je vous demande pardon à tous les deux.

Après plus de cinq heures de délibéré, la présidente Geneviève Perrin a lu le verdict : 27 ans pour Fabrice Autran et 20 ans pour Mourad Bouabida qui n’a pas été reconnu coupable « de tentative d'assassinat » mais de « complicité de tentative d’assassinat ». Autrement dit, la cour d’assises du Gard a estimé qu’il n’est pas le tireur. Celui qui n’a cessé de clamer son innocence a dix jours pour faire appel. Mais pour l’heure, comme il l’a dit lui-même, il a été « éliminé ».

Relire ici le compte-rendu de la première journée

Relire ici le compte-rendu de la deuxième journée

Relire ici le compte-rendu de la troisième journée

Relire ici le résumé des faits

Tony Duret

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