Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 09.03.2017 - thierry-allard - 3 min  - vu 261 fois

GARD La politique est-elle (toujours) machiste ?

Les élues départementales du groupe du Bon Sens républicain étaient à Rochefort-du-Gard mardi matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Elles s’étaient donné rendez-vous à Rochefort-du-Gard, en ce 8 mars, Journée internationale du droit des femmes.

Si cinq des sept conseillères départementales du groupe du Bon sens républicain (LR) sont venues dans cette commune pour parler de la place des femmes dans la vie politique locale, ce n’était pas pour visiter le Castelas.

Les femmes au Département, « un influx d’oxygène »

Elles étaient là, parce qu’avec ses 7 000 habitants, Rochefort-du-Gard est tout simplement la plus grande commune du département administrée par une femme, Dominique Ribéri (LR). Pour trouver une élue à la tête d’une ville gardoise, il faut donc descendre au 14ème rang. « Je l’ai appris tout récemment et j’en suis fière », lance l’édile avant de rappeler que ses deux premiers adjoints sont des adjointes, qu’elle a une directrice générale des services et que la majorité des chefs des services municipaux sont également des femmes. « La parité à Rochefort, on connaît », poursuit Dominique Ribéri, qui ne s’est jamais posé la question de sa féminité au moment de prendre la tête de la liste qui l’a emporté à Rochefort en 2014 : « je suis maire, épouse, grand-mère, et ma mission n’est pas plus compliquée que celle d’un homme. » Il faut dire que les milieux masculins, ça la connaît : « j’ai travaillé pendant 20 ans avec des transporteurs routiers et j’y ai trouvé ma place, tout comme je la trouve en tant que maire. »

Reste qu’en France, seules 16 % des maires élus en 2014 sont des femmes. Pour trouver de la parité, il faut aller dans les Conseils départementaux, qui ont instauré une parité stricte en 2015, avec l’élection de binômes de conseillers. « Cette arrivée de femmes au Conseil départemental a permis un renouvellement, un afflux d’oxygène », affirme la conseillère départementale du canton de Redessan Muriel Dherbecourt. Son binôme Gérard Blanc ne dit pas autre chose : « j’ai connu l’époque où il n’y avait que Françoise Laurent-Perrigot. Aujourd’hui ça a fortement changé, c’est une très bonne chose, vous avez apporté de la couleur, votre sensibilité et assagi certains débats. » « On est moins dans l’égo », appuie la conseillère du canton d’Aigues-Mortes Caroline Breschit.

Les femmes présentes mercredi sont unanimes : « on a eu un très bon accueil, explique la conseillère du canton de Villeneuve Pascale Bories. Je n’ai jamais eu le sentiment d’une séparation entre les hommes et les femmes, mais au contraire d’un respect tant de la gent féminine que du travail réalisé. » Et si elles avaient «un peu l’impression d’être considérées comme des suppléantes au début, les choses ont changé en deux ans, nous sommes devenues des binômes », note la conseillère du canton de Nîmes 4 Véronique Gardeur-Bancel. De quoi trancher avec le témoignage de la conseillère municipale villeneuvoise Monick Tapissier qui, entrée en politique avant l’instauration de la parité, a « dû faire (sa) place. »

Inciter les femmes à se lancer en politique

Un mieux donc, mais pas de quoi faire oublier que « c’est la loi qui a imposé la parité », rappelle la conseillère départementale de Nîmes 3 Claude de Girardi. Et encore, il faut que les partis politiques jouent le jeu, ce qui n’est pas le cas des Républicains, qui traînent encore des pieds pour investir 50 % de candidates. Et quand ils les investissent, « ça a longtemps été sur des terres de mission plus que d’élection », estime Claude de Girardi. En clair, les circonscriptions perdues d’avance… Mais à écouter l’élue Nîmoise, ce ne serait plus le cas : « je me réjouis de l’investiture de Muriel Dherbecourt, car la troisième est une circonscription gagnable. »

Si pour les femmes en politique locale « les choses changent en douceur », estime Véronique Gardeur-Bancel, il reste un autre problème : « beaucoup de femmes ne passent pas le pas en politique si on ne vient pas les chercher », affirme Pascale Bories, quand Muriel Dherbecourt regrette que les femmes aient « un manque de confiance en (elles), alors qu’(elles) ne sont pas moins bonnes que les hommes. » Pour elle, il faut à la fois « changer les mentalités et aider les plus jeunes en leur mettant le pied à l’étrier. » Claude de Girardi invite pour sa part « toutes les femmes à venir en politique, il y a de la place. »

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Les élues sont ensuite allées visiter le domaine la Valériane, à Domazan, dirigé par Valérie Collomb, en binôme avec son mari. Œnologue de formation, elle note que « le monde du vin s’ouvre beaucoup aux femmes. Elles ont quelque chose à y apporter. » Et la vigneronne l’affirme, « on peut être à l’aise dans un monde à l’origine masculin sans être féministe. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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