BEAUCAIRE Outrage au maire : « l’exercice de contorsion » de l’enseignante-syndicaliste
Hier matin, le maire de Beaucaire Julien Sanchez, son adjoint à la sécurité Stéphane Vidal, et Sylvie Polinière, l’ancienne enseignante CGT du lycée Paul Langevin, se sont retrouvés devant la cour d’appel de Nîmes. Le 17 juin 2014, l’enseignante avait dit aux deux élus qu’ils étaient membres d’un « parti raciste et xénophobe ».
Le jeu en valait-il la chandelle ? Sylvie Polinière, condamnée pour outrage en première instance à 300€ d’amende dont 150€ avec sursis, a-t-elle été inspirée en faisant appel de sa condamnation ? Rien n’est moins sûr. L’enseignante aura sa réponse le 4 mai prochain, quand la juridiction rendra son délibéré. Mais que cette matinée du jeudi 16 mars fut douloureuse pour la syndicaliste… Si ce n’est cette reconversion qui lui tend les bras, après le génie civil qu’elle enseigne, vers le rétropédalage.
- Ce texte, ce n’est pas moi qui l’ai écrit. J’ai pris la parole parce que j’étais élue du personnel mais je ne suis pas toujours d’accord avec ce que je lis…
Sur le banc des parties civiles, constatant le revirement, Julien Sanchez ne peut s’empêcher de sourire. La présidente Marie-Christine Guénot ne laisse pas passer :
- Vous voulez dire que vous avez été contrainte et forcée ?
La syndicaliste fait signe que non. Pendant près d’une heure, le débat va alors s’orienter sur l’outrage et on va jouer sur les mots. Attention, c’est subtil : l’accusée assure qu’elle n’a jamais dit aux deux élus qu’ils étaient « racistes et xénophobes » mais - et c’est tout l’enjeu du procès - qu’ils appartenaient à un parti « raciste et xénophobe ».
- A partir du moment où vous refusez de serrer la main de ces deux élus quand ils entrent dans la pièce, c’est bien que vous les intégrez dans votre propos ?, questionne la présidente.
- En fait, on ne voulait pas attaquer Monsieur le maire en tant que maire. A aucun moment c’était dirigé contre le maire mais j’ai un peu de mal à argumenter…
C’est sûr, Sylvie Polinière est gênée. Comme si elle n’assumait pas vraiment cette lecture de juin 2014 et/ou qu’elle ne pouvait pas dire trop de mal des copains de la CGT qui l’ont attendue devant le palais de justice tout au long de ce procès en appel. La présidente met les pieds dans le plat :
- Il faut assumer ces actes !
- Moi, personnellement, je ne le referai pas…, répond l’enseignante.
Du pain béni pour Sylvie Josserand, l’avocate des parties civiles, qui dénonce « l’exercice de contorsion » de la prévenue et de trancher : « Mme Polinière, elle louvoie ». L’avocat général Jean-Louis Persico rappelle que l’école doit rester un « sanctuaire » où l’on n’exprime pas « ses idées politiques ». Il demande de confirmer la première décision qu’il estime « modérée ». Eve Soulier, le conseil de l’enseignante, tente la relaxe :
- Il y a dans la langue de Molière un certain nombre de nuances. On peut avoir une critique du Front National sans pour autant être outrageant avec le maire de Beaucaire et son adjoint. Le Front National n’est pas celui qui nous poursuit aujourd’hui. Que Monsieur Sanchez et Monsieur Vidal aient extrapolé, c’est regrettable, mais ils ne sont pas visés.
Pas visés, mais - à les croire - touchés quand même. Délibéré le 4 mai.
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