Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 25.03.2017 - elodie-boschet - 3 min  - vu 440 fois

LE VIGAN Procès de l'abattoir : "Des actes à caractère sadique"

Gilles Estève, l'un des prévenus. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Le procès sur l'affaire de l'abattoir du Vigan s’est achevé aujourd'hui au tribunal d'Alès. Cette dernière journée était consacrée aux réquisitions du procureur Nicolas Hennebelle et aux plaidoiries des avocats de la défense. Le verdict sera rendu le 28 avril à 9h.

Un an de prison avec sursis et 3400 euros d'amende requis contre Marc Soulier, le principal accusé. « C'est lui qui a la responsabilité la plus lourde », souligne le procureur de la République Nicolas Hennebelle. Dans la vidéo révélée par l'association L214, l’ex salarié attrape les animaux par la laine, les oreilles ou la queue, jette violemment des ovins par-dessus des barrières, s'amuse à électrocuter des brebis. « Ce sont des actes de cruauté accomplis intentionnellement et gratuitement pour provoquer la souffrance et les rires de son collègue. Il y a un caractère sadique », indique  Nicolas Hennebelle.

« Sa défense est fantaisiste »

Le procureur se dit étonné du positionnement de Marc Soulier à l'audience : « Nous sommes devant un individu qui nie l'évidence, qui a un comportement de dénégation. Sa défense est fantaisiste et ses déclarations pas crédibles ». Une attitude encore moins acceptable lorsque l'on sait que Marc Soulier était, au sein de l'abattoir du Vigan, le référent de la protection animale et devait, à ce titre, alerter les responsables sur les manquements constatés. Alors, en complément de la peine demandée, le procureur requiert également à son encontre deux interdictions : celle d'exercer dans un abattoir pendant cinq ans et celle de détenir des animaux de rente.

Jusqu'à 6000 euros d'amende

Les réquisitions de Nicolas Hennebelle sont plus clémentes concernant Nicolas Granier - absent du procès - jugé pour trois actes de maltraitance : porcelet saisi par les oreilles, utilisation de l'aiguillon électrique en dépit des règles, coups de pied sur la tête d'un bovin. « Les faits sont violents et ne sont pas règlementaires mais on n’est pas au même niveau que Marc Soulier », justifie le procureur. Il réclame 600 euros d'amende.

Pour Gilles Esteve, prestataire de service pour l'abattoir, l'amende requise s'élève à 150 euros. « C'est lui qui a la responsabilité la moindre. Son coup de pied n'est pas règlementaire mais ça reste un acte isolé ». Enfin, la communauté de communes du pays viganais pourrait payer 6000 euros d'amende. « Les équipements défaillants sont de la responsabilité de la communauté de communes. Le seul moyen de s'en soustraire, c'est une délégation de pouvoir. Et il semble qu'il n'y en avait pas », explique le représentant du ministère public.

La datation des faits remise en cause

Dans leurs plaidoiries respectives, les avocats remettent en question la datation des faits, car pour des infractions de type "contraventions" – qui concernent ce procès – le délai de prescription est d'un an. « Les vidéos ne permettent pas de dater ces actes. Rien ne prouve qu’elles aient été tournées entre juin 2015 et février 2016 comme annoncé. Je ne vois pas comment on peut continuer les poursuites ! », signale maître Isenberg, l’avocat de Nicolas Granier.

Maître Widuch, qui défend les intérêts de Marc Soulier, s’indigne à son tour : « Comme les enquêteurs n’arrivent pas à dater les faits avec certitude, ils font venir le porte-parole de l’association L214. Celui-ci leur indique que les caméras sont réglées de façon à ne pas afficher les dates parce-que c’est plus simple pour le montage ! Ces foutues vidéos posent donc un problème juridique ! ».

Quant aux images choquantes, les avocats les voient sous un autre œil que le procureur. « Vous avez vu trois minutes de souffrance animale, moi je n’ai vu que de la souffrance ouvrière », indique le deuxième avocat de Marc Soulier, maître Deplaix. « Dans ce procès, on nous a beaucoup expliqué ce qu’il ne fallait pas faire. Moi je n’ai toujours pas entendu ce qu’il fallait faire. Je respecte beaucoup M. Soulier car il m’a nourri et il vous a nourri. Il nourrit tout le monde », ajoute-t-il, plaidant la relaxe pour son client. Le jugement est mis en délibéré au 28 avril à 9 heures.

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Élodie Boschet

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