Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 29.03.2017 - anthony-maurin - 4 min  - vu 316 fois

GARD La CCI n'est pas un club de pétanque mais Giraudier tente le carreau sur place

Eric Butel, Trésorier de la CCI du Gard et Eric Giraudier, le Président (Photo Anthony Maurin).

Installée depuis le 5 décembre 2016, la nouvelle équipe élue à la tête de la CCI Gard reprend du poil de la bête et s'explique sur les mésaventures qu'elle a connues en février dernier. Des deux têtes présidentielles, seule celle d'Eric Giraudier peut prétendre à ce titre.

"Tout est légal car la tutelle ne nous dit pas que c'est illégal!" lance Éric Giraudier, Président de la CCI Gard depuis le 28 février dernier, une fois son coup d'état de la veille validé. Après la démission en février dernier de quelques membres du bureau de la CCI Gard, la Chambre change. "Depuis cette date, c'est ma signature qui est en bas des documents. S'il y avait un problème, on me l'aurait dit !" poursuit Éric Giraudier.

La CCI du Gard est au travail. "La tutelle régionale a su apprécier notre excellente Assemblée Générale du 27 mars. Elle a duré trois heures ! Par contre, il n'y avait aucun élu alésien. Sont-ils interdits de venir ? Je pense qu'ils reviendront vite... En trois semaines, nous sommes arrivés à concrétiser la partie budgétaire en toute transparence. C'est un travail titanesque. Le budget a été voté, maintenant, on va travailler sur l'organisation" note le Président Giraudier.

Budget primitif et règlement intérieur

Sur deux axes principaux, l'équipe installée se met au boulot. Le budget primitif devait être connu avant la fin du mois de mars. La création d'un règlement intérieur, qui n'avait jusque là pas été finalisé, par l'ancienne gouvernance, est aussi effective. "Nous n'avons pu travailler sur le budget que depuis trois semaines ! Nous n'avions pas accès aux documents... D'où la démission du bureau! Aujourd'hui, la CCI tourne comme nous souhaitions qu'elle tourne. On va vous montrer qu'on travaille ", affirme quant à lui le trésorier Eric Butel.

Tous les documents sont présentés en AG, sincérité et régularité des comptes seraient aujourd'hui plus que jamais de mise. Mais commençons par le commencement, car l'histoire est longue et prend appui sur diverses béquilles, souvent bancales. La fusion des deux entités (Nîmes et Alès) de la CCI était en pourparler depuis plus d'un an. Mais visiblement, rien n'avait été anticipé quant à ce rapprochement.

"Les charges d'exploitation étaient bien plus élevées que les recettes. Sans Nîmes et si la CCI était une entreprise, elle risquait le dépôt de bilan à cause d'Alès ! L'ancienne gouvernance finançait un déficit structurel et a perdu en quelques années des millions d'euros. C'est le premier budget de la CCI Gard. C'est la fin d'un historique peu reluisant, on passe de l'ombre à la lumière " évoque Eric Giraudier.

Mais où sont partis les sous?

Ce que reproche le staff Giraudier aux partisans de Cabanat c'est un écran de fumée. À Alès, le budget primitif était équilibré. Révisé, il manquait un million d'euros et exécuté, il en manquait deux. "La CCI n'est pas un club de pétanque, on dit les chiffres, c'est sérieux!" affirme le Président. Mais l'histoire ne s'arrête pas en si bon chemin... "À Alès, on en découvre tous les jours ! Parfois et pour environ 300000 euros, des prêts ont été financés mais on ne sait pas où est allé l'argent... À des entreprises ? À des particuliers ? Nous avons des noms et allons essayer de recouvrer ces dettes. Nous n'avons pas encore toutes les pièces des différents dossiers mais les élus sont responsables de cette gestion", note M. Giraudier.

En général, quand on se présente à deux, on se connaît. Mais pour le tandem Giraudier/Cabanat, les choses ne semblent pas être aussi simples. "Il y a eu un accord écrit et signé par une dizaine de personnes. Une d'entre elles l'a trahi. Francis Cabanat était seul dans cette trahison, il a trahi les 50 élus et les entreprises d'Alès. Ça, c'est très factuel ! On a 40 élus au bureau, si j'avais voulu être président, je l'aurais été le 5 décembre 2016 ! " poursuit Eric Giraudier, qui déballe le sac et accumule les objets trouvés.

"Allez Francis, arrête, tu déconnes là"

Pour lui, Francis Cabanat avait un mode de gouvernance bien trop solitaire. Sans accès aux comptes, Giraudier pense que Cabanat travaillait seul, en autocratie. " Tous les élus, y compris les Alésiens, voulaient sortir de ce type de gestion et dans ce bureau, j'ai entendu "Allez Francis, arrête, tu déconnes là!"", affirme Giraudier, qui légitime son putsch du mois de février et la surprise qu'il a réservée au chef Cabanat. "On a fait une opération sauvetage qui s'est bien déroulée. Sans cela, la CCI serait actuellement sous tutelle. On allait droit dans le mur. On se doutait que les comptes n'étaient pas terribles mais jusqu'à il y a 15 jours, on ne savait pas où mettre le curseur. Maintenant on sait. N'y a-t-il pas la volonté de masquer quelque chose ? 2016 n'était pas la première année... Au moins depuis 2014 la CCI d'Alès fonctionnait ainsi. À qui profite le crime ? Nous, on observe, c'est tout. La masse salariale dépassait les 98% du budget et les salaires continuaient d'augmenter. On vous donne la réalité, les pertes représentaient 100% du Chiffre d'Affaires. La vente d'actifs masquait tout cela, l'aérodrome de Deaux était une couillonnade, un vaste écran de fumée ! Pensez bien... Vendre à 1,46 euro le m², c'est n'importe quoi pour un chef d'entreprise !" conclut Éric Giraudier.

Du coup, la gouvernance devait évoluer et doit éviter les écueils connus. Sans règlement intérieur, la CCI ne pouvait fonctionner dignement. Là aussi, c'est dans l'urgence qu'il fallait le rédiger. "Le but est de renforcer les pouvoirs de l'assemblée, du bureau, de la commission, des marchés... Mais aussi de relancer une dynamique collective et participative. Le règlement tel qu'il est conçu nous oblige à nous réunir souvent, nous sommes la CCI qui se réunit le plus en Occitanie. Le mode de gouvernance va radicalement changer et le niveau de démocratie sera supérieur à ce qu'il était", conclut le Président Giraudier qui doit rencontrer le Préfet du Gard Didier Lauga dans les prochains jours. Mais bon, ce-dernier devant exercer son devoir de réserve, il ne saurait faire un débriefing de la réunion...

Anthony Maurin

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