Le plus ancien caviste de Nîmes va bientôt fermer. La Vinothèque, installée rue Jean Reboul, à deux pas des arènes, fermera une dernière fois ses portes le 31 mai prochain après 38 ans de bons et loyaux services en faveur des tables nîmoises et des plus fins gourmets locaux.

Le vin, dans notre région, a toute sa place sur une bonne et belle tablée. Les Teyssier le savent mieux que quiconque! Robert-Paul est Avignonnais et Joëlle est une Parisienne rapidement descendue du côté du Vaucluse alors qu'elle était enfant. Ils tiennent la Vinothèque, une référence en matière de vin à Nîmes. Une honorable maison qui l'est devenue à travers le temps et la confiance puisque cela fait près de 39 ans que la boutique existe. "J'ai réellement démarré en 1967 entre Nîmes et l'Ardèche car je remplaçais mon père qui s'était blessé à la clavicule alors qu'il jouait au rugby. Ce fut un concours de circonstances mais ça m'a plu alors j'ai dit à mon père que je voulais travailler avec lui. A l'époque, je faisais le Vaucluse, la Drôme, l'Ardèche, les Bouches-du-Rhône et le Gard... 90000 kilomètres par an! En 1978 je suis devenu agent commercial en vin" lance Robert-Paul Teyssier qui lui aussi s'est essayé avec brio à l'ovalie quand il était à Avignon.

Mais dans l'affaire, il n'a jamais été tout seul. Joëlle, sa femme, une fille brillante qui est arrivée à décrocher deux licences à la fac, s'est dans un premier temps occupée de leurs enfants. Voulant travailler, elle décide de prendre son destin en main et de tenir la boutique alors installée Place de la Révolution. Les Teyssier rachètent le fond et le stock d'un caviste et démarre la longue et belle histoire.

Alors qu'elle n'était pas du tout intégrée au milieu, Joëlle s'en est occupée avec brio! "Au début, clients et fournisseurs demandaient à parler à Robert-Paul. Petit à petit, ils ont compris que j'étais compétente. Je me rappelle le bonheur que ça a été d'ouvrir la boutique Place de la Révolution, un des meilleurs moments car j'avais vraiment envie de travailler. Une femme dans un milieu aussi compliqué, ça n'a pas été facile mais je suis peut-être arrivée à quelque chose... Les mentalités changent. Il y a des femmes œnologues, viticultrice ou spécialistes du vin" affirme Joëlle Teyssier.

La différence? Le professionnalisme

Et quand on parle de souvenirs, les instants gravés refont surface. Pour Robert-Paul, ce sont "Les rencontres humaines, l'Ardèche et mon émerveillement à chaque fois que j'y allais. Les réceptions chez Romanée-Conti ou encore Mouton-Rothschild... Une histoire d'amour, de passion, l'histoire d'une vie! Honnêtement, au-delà de ces grands moments, j'aime surtout le quotidien. C'est une vraie récompense que d'être encore là pour satisfaire clients et fournisseurs. D'un coup de baguette magique, si on me demandait de revenir en arrière et de signer pour avoir la vie professionnelle que nous venons de vivre, je signe immédiatement!".

Hélas, comme toute bonne chose, la fin approche et l'heure de la retraite fait sonner les quilles du départ. "39 ans après, nous sommes encore là même si à la Révolution, nous ne sommes restés qu'une douzaine d'années avant de venir rue Jean Reboul. La Vinothèque est la plus ancienne cave en activité à Nîmes et moi je suis certainement le plus ancien représentant en vin car je continue les livraisons pour la restauration. C'est le professionnalisme qui fait la différence aujourd'hui car tout le monde vend du vin de la boulangerie à la station service!" poursuit Robert-Paul Teyssier.

La retraite bien méritée, il ne reste plus qu'à trouver des occupations sans préoccupations. "Les gens vont me manquer, je stresse... Joëlle, elle, est contente! A partir du 1er juin, nous allons nous occuper de nous, de notre famille. Nous allons nous rapprocher de notre fille, de notre gendre et de nos petits-enfants" l'essentiel d'une vie finalement bien remplie et pour laquelle on ne peut voir que le verre à moitié plein!

Jusqu'à la fermeture prévue le 31 mai (veille de la feria), des remises exceptionnelles sont à ne pas manquer à la Vinothèque! Au 18 rue Jean Reboul ou au 04.66.67.20.44.