Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 28.05.2017 - thierry-allard - 3 min  - vu 217 fois

DIMANCHE VILLAGES À Aramon, le revenu universel et les monnaies locales en question

Le conférencier Frédéric Bosqué, vendredi après-midi à Aramon (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À Aramon, ce long week-end de l‘Ascension était l’occasion non pas de buller au soleil, mais de réfléchir sur deux sujets de société, le revenu universel et les monnaies locales, à l’occasion des rencontres trimestrielles du Mouvement français pour un revenu de base (MFRB).

Pour ce faire, plusieurs conférences-débats étaient organisées, dont une avec le co-fondateur du MFRB et porteur du projet d’éco-hameau TERA Frédéric Bosqué.

« L’argent est bloqué pour faire tourner la spéculation financière »

Celui qui se présente comme un « entrepreneur humaniste » prône un véritable changement de société, qui irait plus loin encore du revenu universel d’existence prôné par le socialiste Benoît Hamon durant la campagne des présidentielles. Lui promeut une « boite à outils, sans outil sacré, mais avec un ensemble d’outils à mettre en oeuvre car la société est complexe. »

Frédéric Bosqué estime par exemple, en s’appuyant sur les travaux de l’économiste Thomas Piketty, que « la création de richesses appauvrit le corps social », affirme qu’il n’y a pas « de pauvres naturels, il n’y a que des pauvres culturels, nous avons les moyens » ou encore que « notre développement détruit le patrimoine des générations futures », arguant du fait que les ressources de la planète sont épuisées bien plus rapidement qu’elles sont produites.

Pour Frédéric Bosqué, « il faut cesser la croissance quantitative pour aller vers une croissance qualitative. » Seulement voilà, « pour ça, il faut beaucoup, beaucoup d’argent. Il y en a, mais 98 % des transactions en monnaie se font sur les marchés financiers, l’argent est bloqué pour faire tourner la spéculation financière », déplore Frédéric Bosqué. Résultat : les liquidités manquent, obligeant entreprises, ménages et Etat à s’endetter et à perpétuer le système financier. « Il faut étendre la démocratie aux marchés, sinon on va vers un conflit social extrême », prévient le conférencier en jouant les Cassandre.

« Une manière de lutter contre la pauvreté »

Pour lui, la solution passe par les monnaies locales, qui permettent de « relocaliser, circulariser, noter sur d’autres critères que le financier l’activité économique, dématérialiser, par exemple en vendant de la mobilité plutôt que la possession d’une voiture et coopérer dans un environnement qui dépasse le cadre d’une entreprise. » Des monnaies locales complémentaires de l’euro, mais qui présentent l’avantage de « transférer la monnaie des banques classiques vers des banques éthiques », « d’activer la circulation des richesses dans les territoires, alors qu’un euro atterrit sur les marchés financiers après 2,4 échanges », ou encore « relocaliser la gouvernance de la monnaie. »

Et pour fonctionner à plein, l’outil monnaie locale complémentaire doit être adossé au revenu universel : « si nous n’avons pas de revenu stable, alors nous serons toujours en train de courir après le pognon », estime le conférencier. Un revenu universel qui devrait être versé, on va voir si vous suivez… en monnaie locale complémentaire, « sinon 80 % reviendra dans la poche des multinationales. »

La combinaison des deux outils permettrait, d’après Frédéric Bosqué, « de rendre solvable la demande au plus proche de la production », « de réactiver les échanges marchands sur les territoires, recréer de l’emploi, générer de la fiscalité et rendre plus attractif les territoires » ou encore de « générer des activités nouvelles », détachées de tout aspect marchand : « si on créé de la valeur utile, pourquoi ne la valoriserait-on pas ? »

Le président de l’association Résurgence Solidarité 30 Joseph Pronesti, militant ardent pour le revenu universel voit dans ces dispositifs « une manière de lutter contre la pauvreté. » Une pauvreté à laquelle son association, via l’épicerie solidaire qu’elle gère, est confrontée au quotidien : « en 2016, nous avons aidé 330 familles, soit 810 personnes en situation de précarité, et la plupart doivent vivre avec moins de 3 euros par jour. »

Alors le MFRB milite pour la démonstration par l’exemple de la viabilité de ses solutions, sachant que les monnaies locales sont autorisées par la loi, et qu’elles se sont multipliées ces dernières années. « Beaucoup de gens nous disent que ça ne va pas marcher, sauf qu’aujourd’hui il y a déjà beaucoup d’initiatives qui sont en train de marcher », affirme Frédéric Bosqué. Pour autant, les militants du revenu universel et des monnaies locales ont encore un long chemin à parcourir pour que leurs idées soient légion, si tant est qu’elles puissent l’être un jour. « Mais ce n’est pas parce que c’est petit qu’il ne faut pas le faire, lance Frédéric Bosqué. C’est parce que c’est juste qu’il faut le faire. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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