Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 05.06.2017 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 397 fois

GARD Animaux : l’abandon, éternelle blessure...

Comme Laïka, ils sont des centaines à attendre leur nouveau maître dans les refuges après avoir été lâchement abandonnés (Photo : Fondation Assistance aux Animaux)

"Ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent." Connu comme l'un des préceptes de la Règle d'Or (*), qui définit le comportement éthique d’un individu par la mesure de ce qu’il est prêt à accepter de la part d’un autre à son égard, cette maxime doit s’appliquer à tout un chacun. Et aux animaux aussi, il va sans dire.

Dans la longue liste de ce que l'on n'aimerait pas qu'on nous fasse, l'abandon figure en bonne place. Et pourtant il concerne malheureusement des milliers d'animaux de compagnie qui, parce qu'ils dérangent le confort de leurs maîtres ou parce que la petite boule poil "si mignonne !" qui avait fait craquer toute la famille est devenue grande et qu'elle a fini de plaire, se retrouvent jetés sur les routes ou attachés à un arbre au bord d'un chemin, sans eau ni nourriture, condamnés à une mort certaine dans d’atroces souffrances.

"Chaque année, des milliers d’animaux sont abandonnés au moment des vacances", rappelle opportunément la Fondation Assistance aux Animaux qui en appelle à la responsabilité de chacun afin de limiter ce fléau. Ce triste constat résonne comme un slogan lorsqu'arrive l’été. Il assombrit la rentrée et vient banaliser un peu plus un acte qui n’a rien pourtant rien d’anodin.

Abandonner, c’est trahir

L’abandon constitue une véritable trahison qui va profondément et parfois irrémédiablement blesser l’animal qui le subit. Abandonner, c’est trahir celui qui a fidèlement aimé et qui aime encore malgré tout. La plupart du temps, ses propriétaires se déculpabilisent en se disant que leur animal est sympa, mignon, qu’il sera donc vite adopté. Mais la réalité est tout autre. Car non, tout ne va pas bien aller pour lui. Le choc de se retrouver en box, sans aucun repère et entouré de congénères inconnus qui aboient leur désespoir est tel que seules les personnes qui le vivent au quotidien -personnels et bénévoles de la Fondation Assistance aux Animaux en témoignent- peuvent en mesurer l’ampleur et attester des dégâts causés par l'abandon.

C’est toujours le même processus qui se répète : le chien abandonné commence par pleurer. Généralement pendant plusieurs heures. Parfois plusieurs jours. Au début il refusera même de se nourrir. Les plus sensibles ne mangeront pas pendant des jours, parfois plus... À chaque personne qui approche, le chien remue la queue, pensant que c'est son maître vient le rechercher, puis, lorsqu’il comprend que ce n’est pas le cas, il repart se terrer au fond de son box...

En France, après les chiens, ce sont les chats qui sont les plus touchés par l'abandon (Photo : DR)

Un statut nouveau "d'être vivant doué de sensibilité" 

La blessure infligée à l’animal qui a été abandonné est parfois si profonde, que certains se laissent dépérir. Et cela concerne aussi bien les chiens, que les chats et les autres animaux. "Toute la bonne volonté de nos soigneurs, toute l’énergie qu’ils mettent pour leur faire retrouver goût à la vie ne suffit pas toujours. Certains se laissent mourir sous les yeux des animaliers,  impuissants à les aider davantage", relate Anne-Claire Chauvancy, Responsable protection animale à la Fondation Assistance aux Animaux. "Cette année encore, nous allons devoir faire face à de nombreuses arrivées de chiens, chats et autres animaux dans nos refuges, et des centaines d’animaux ainsi trahis par leurs prétendus maîtres vous y attendent déjà. La Fondation Assistance aux Animaux ne pratique pas d’euthanasie de convenance. En adoptant un animal, vous libérez une place pour un autre dans le besoin."

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Si pour certains, leur animal de compagnie n’est parfois qu’une petite partie de leur vie, il importe de garder en tête que pour eux, nous sommes toujours toute la leur et qu'ils ne connaissent que leur maître. C’est pourquoi abandonner son animal est la pire des trahisons. Et c’est pourquoi adopter un animal est acte responsable qui engage totalement celui qui le pose. L'adoption doit être réfléchie, pesée et analysée et ne doit pas être un banal réflexe de consommation, ni un caprice, car il faudra ensuite que l'adoptant soit en capacité d'assumer ses devoirs jusqu'au bout.

S'ils restent des "biens corporels", désormais les animaux sont considérés comme des "êtres vivants doués de sensibilité" par le code civil, pilier de la loi et on rappellera au passage que l’abandon sauvage est un délit passible de 30 000€ d’amende et de deux ans de prison. À bon adoptant, salut...

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard.com

(*) La règle d'Or ou Golden Rule est connu depuis le 17e siècle en Angleterre et elle fait l'objet de nombreuses études de la part des spécialistes de l'éthique.

Philippe Gavillet de Peney

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