Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 06.06.2017 - anthony-maurin - 5 min  - vu 266 fois

FAIT DU JOUR Des bas, des hauts, le lot d'une feria!

Les arènes bien garnies lors de la corrida matinale du lundi de Pentecôte. Une corrida équestre qui fait souvent recette (Photo Anthony Maurin).

La feria de Pentecôte s'est achevée hier soir par un final en apothéose et la grâce d'un toro de Vegahermosa par José Garrido. La fête a mis du temps à démarrer mais au final, le positif prend le dessus et s'impose de justesse. Retour sur sept courses bien différentes les unes des autres...

La tauromachie n'est pas une science exacte. Le dicton n'est pas jeune mais reste dans l'air du temps malgré les décennies qui passent et qui font évoluer la corrida. Cette feria de Pentecôte n'est pas allée à l'encontre de la maxime, loin de là.

Nimeño II, il y a quarante ans, prenait l'alternative dans les arènes de la préfecture gardoise. Il était donc logique que des clins d’œil lui rendent hommage au cœur de l'événement. Aujourd'hui, Christian Montcouquiol n'est plus. Son regard bienveillant est la cible du mouvement anti-corrida mais son immuable statue guette toujours les murmures qui s'échappent de son amphithéâtre quand le temps de la feria est venu.

Manuel Escribano (Photo Anthony Maurin).

Vendredi soir, tout démarrait, après la course camarguaise de la veille, par une corrida de La Quinta pour Rafaelillo, Manuel Escribano et Roman. Vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent, des toros qui n'ont pas marqué les esprits, des toreros professionnels mais sans haute valeur ajoutée et un public aux abonnés absents.

Andy Younes lors de son premier duel (Photo Anthony Maurin).

Samedi matin, place à la 56ème novillada de la Cape d'Or décernée par la Peña Antonio Ordoñez à Andy Younes pour la seconde fois. Nîmeño II fait évidemment parti du palmarès du noble trophée récompensant le meilleur novillero du moment. Pour la décrocher en 2017, le jeune arlésien coupait deux oreilles discutées quand Alejandro Gardel montrait un toreo de sentiment et de belle facture. De toute façon, cette Cape d'Or est toujours discutée, c'est même ce qui en fait un rendez-vous incontournable de la feria! Chacun y va de son anecdote et de son jugement mais seul un jury décide. Il y a les heureux et le mécontents. En tout cas, Younes et Gardel ont réussi leur passage nîmois contrairement à Ochoa qui s'est peut-être laissé distraire par la beauté des lieux.

A Nîmes, le Juli a toujours su mouiller la chemise (Photo Anthony Maurin).

Samedi après-midi, apocalypse. Corrida de Domingo Hernandez et Garcigrande pour Curro Diaz, El Juli et Alberto Lopez Simon. Après un premier toro sous les nuages, la pluie s'est violemment abattue sur les arènes. Comme un souvenir, l'orage d'un jeudi de l'Ascension lors d'un mano a mano entre Jesulin de Ubrique et... El Juli qui était déjà dans l’œil du cyclone en 2001. A l'époque, les gradins s'étaient vidés, samedi soir, les aficionados sont partis se réfugier dans les couloirs mais sont vite revenus tant la beauté du geste était saisissante. El Juli, dans son envie de tout emporter, à réaliser une faena exceptionnelle. Curro Diaz a montré une gestuelle comme lui seul en a le savoir et Alberto Lopez Simon a enfin retrouvé le pouvoir qui était le sien.

Javier Jimenez et sa passe de pecho qui met un terme à une fort belle série (Photo Anthony Maurin).

Dimanche matin, les artistes étaient de sortie. Enrique Ponce venait de triompher avec classe à Madrid, Javier Jimenez revenait de blessure et confirmait son alternative et le jeune Andrés Roca Rey, qui a coutume de remplir les arènes du monde taurin grâce à son toreo pur et sincère, devait poursuivre sa trajectoire. Ajouté au fait que la tauromachie n'est pas un spectacle comme les autres, si on met des artistes en balance face à des toros de Victoriano del Rio fades et sans intérêt, on peut s'attendre au pire. De pire il n'y a pas eu, car Ponce est un briscard qui connaît le métier, Jimenez s'est montré et relancé et Roca Rey n'a pas pu se départir de ses envies mais n'a pas triomphé. Bon, honnêtement, rien de tristounet mais rien de très inspirant non plus...

Juan Bautista lors de son premier solo nîmois (Photo Anthony Maurin).

Dimanche après-midi voyait le solo de l'Arlésien Juan Bautista potentiellement entrer dans l'histoire de la tauromachie moderne. Avant lui mais en moins de cinq ans, Castella, El Juli, Castaño, Perrera et bien sûr Tomas sont passés par là. Juan Bautista portait un costume créé par Christian Lacroix et avait décidé d'affronter six élevages différents arboré d'une chemisette rose. Le premier toro de La Quinta, fantastique, aurait pu prétendre à un tour de piste posthume et a dû laisser ses deux oreilles sur le sable nîmois. Le troisième toro de Jandilla a laissé lui aussi ses deux appendices dans l'escarcelle du maestro arlésien. Avec quatre oreilles, Juan Bautista sort une énième fois consécutive (série en cours) par la porte de Consuls. Après ces trois premiers duels, les trois autres n'ont fait que desservir cette course, dommage, mais le geste était fort et le pari est réussi.

Andy Cartagena (Photo Anthony Maurin).

Lundi matin, le chevaux s'emparaient de la piste, les touristes et amateurs de dressage prenaient quant à eux place en tribunes. Arènes combles, soleil de plomb, corrida éclectique. Pablo Hermoso de Mendoza n'a pas été super à son aise, Andy Cartagena a toréé plus le public que ses adversaires et la Nîmoise Lea Vicens, toujours aussi sérieuse et appliquée dans ses choix, a pu suivre la folle cadence imposée par les deux centaures. Les gradins voulaient voir du spectacle, ils ont eu... du spectacle. Mais l'art équestre nécessite autre chose. Moins de paillettes, un meilleur placement des montures (afin de les protéger de ces toros "sans corne") et des passages moins vulgaires seraient tout de même une grande avancée pour le rejoneo, tout le monde y serait gagnant!

José Garrido et Pañero (Photo Anthony Maurin).

En clôture, corrida magistralement émouvante. Vous l'avez compris, jusqu'à la dernière course la feria de Pentecôte n'aura pas été des plus passionnantes. Par contre, cette corrida quasi parfaite de Jandilla vient bouleverser le jugement. On y a vu presque tout ce que l'on doit voir dans une corrida. Des toros et des hommes. Les toros auraient mérité mieux que les simples applaudissements fournis par un public engourdi par les jours de fête. Les hommes se sont mis devant et ont assumé leur rôle tout en dévoilant des facettes de leur toreo que peu d'aficionados connaissaient. David Mora est enfin arrivé à se relâcher, Paco Ureña a une nouvelle fois fait pleurer quelques âmes sensibles et José Garrido s'est arrimé et a poussé ses limites pour ne pas dévoiler celles de son ultime adversaire, le dernier toro de la feria, Pañero, le fameux toro gracié. Indulto justufié ou pas? Telle est la question. Et telle elle demeurera. Il est certain que si José Garrido s'était appelé José Tomas, la question ferait moins débat. Le président à sorti le mouchoir orange synonyme de grâce, point. Trop rapidement? Le temps n'a pas d'effet sur l'anecdote. Maintenant que le temps de papoter est venu, profitons-en, la prochaine feria n'est prévue qu'en septembre, d'ici là, on y verra plus clair... Enfin pas sûr!

Anthony Maurin

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