Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 06.06.2017 - thierry-allard - 6 min  - vu 326 fois

LÉGISLATIVES 3e circonscription, la grande incertitude…

Des vignes au site nucléaire de Marcoule, en passant par le patrimoine Villeneuvois, la 3e circonscription est variée (Montage : Objectif Gard)

Ruralité, industrie, vignes et petites villes : la troisième circonscription du Gard, c’est tout ça à la fois. Sur ce territoire qui s’étend de Bagnols à Aramon, en passant par Remoulins et Villeneuve, les typologies des électeurs et les problématiques sont aussi variées que les candidatures.

En 2012, c’est le socialiste Patrice Prat, très tôt compté dans les rangs des frondeurs et qui finira par démissionner du PS, qui a réussi à prendre la circonscription à l’indéboulonnable maire Les Républicains de Villeneuve Jean-Marc Roubaud, dans une triangulaire avec le Front national. L’annonce du retrait du député sortant, en mars dernier, a complètement rebattu les cartes, dans un contexte politique, tant national que local, mouvant.

Pas de sortant, et un territoire divers

Pas de sortant donc mais des candidats. Beaucoup de candidats : ils sont treize à briguer la députation, sur un large spectre politique allant des communistes au Front national. Pour convaincre, tous devront prendre en compte tant la diversité que les particularités de cette circonscription. De la populaire Bagnols, ville la plus peuplée avec un peu plus de 18 000 habitants, à la bourgeoise Villeneuve, deuxième ville de la circonscription avec près de 12 000 habitants, il n’y a pas que trente kilomètres, il y a un monde.

Deux petites villes situées au milieu d’une constellation de bourgs et de villages, pour beaucoup posés au milieu des vignes, où le nucléaire du site de Marcoule n’est jamais loin, et où le site industriel de l’Ardoise et le pôle chimique d’Aramon, avec Sanofi et Expansia, s’ils ont quelque peu perdu leur lustre d’antan, continuent à faire du Gard rhodanien le deuxième pôle industriel de la région Occitanie. Pour les candidats, l’enjeu est donc de parler à tout le monde : des retraités aisés de Villeneuve aux agriculteurs et viticulteurs, en passant par les ruraux, les industriels et les jeunes fortement touchés par le chômage à Bagnols et dans ses alentours. Autant dire une gageure, qui implique une volonté de rassemblement.

Division à gauche, division à droite

Un mot, rassemblement, qui est dans bien des bouches chez les politiques du Gard rhodanien mais qu’on a plus de mal à retrouver dans les faits. À gauche d’abord, où comme dans bien des circonscriptions de France et du Gard, on part en ordre dispersé. On y retrouve les communistes, avec Léa Comushian, les Insoumis, avec Geneviève Sabathé, EELV, avec Marie-Pierre Mercier, un socialiste dissident en la personne d’Alexandre Pissas, et à la marge, le candidat de la République en Marche Anthony Cellier, issu comme l’écrasante majorité des « marcheurs » de la troisième circonscription des socialistes, même s’il n’a jamais été encarté. Alors forcément, il y a eu de la casse, et la candidate investie par le PS Catherine Eysseric a choisi de se retirer, devant le manque d’espace politique qui lui était laissé.

À droite, ce n’est pas beaucoup mieux : la candidate investie par LR et UDI Muriel Dherbecourt fait face à une dissidente issue des rangs de l’UDI Patricia Garnero. Une conséquence des dernières départementales, lorsque l’UDI avait obtenu l’investiture de la droite et du centre sur le canton de Bagnols avec Claude Roux et Patricia Garnero. Las, des dissensions internes entre centristes et droite locale avaient conduit à une cuisante défaite et à la réélection d’Alexandre Pissas. Une solide rancune en est née, qui s’exprime en partie dans cette dissidence. En définitive, il n’y a guère que le Front national qui part seul sur son créneau, sur une circonscription où il compte bien l’emporter.

Le FN favori… du premier tour

Pour y arriver, le FN a investi Monique Tezenas du Montcel, 69 ans, conseillère régionale et retraitée du secteur bancaire installée à Cavillargues. En bon soldat, la candidate défend le programme national du FN et rappelle que l’élection législative est une élection nationale. Ici, le FN mène une campagne discrète : pas de sollicitation des médias jusqu’ici, assez peu d’affiches placardées sur les panneaux officiels ni de réunions publiques.

Il faut dire que pour Monique Tezenas du Montcel, il s’agit surtout de capitaliser sur la dernière présidentielle : sur la troisième circonscription, l’étiquette FN n’a rien d’un handicap, elle est même un puissant atout. Au premier tour de la présidentielle, le FN était largement devant sur la circonscription avec 29,34 % des suffrages, et a passé la barre des 30 % dans de nombreuses communes, comme Laudun-l’Ardoise, Roquemaure ou Remoulins. La haie du premier tour devrait donc être franchie haut la main par le parti lepéniste, qui sortira probablement en tête au soir du 11 juin. Sauf que dans la circonscription comme dans le Gard, le vrai problème pour le FN se situe au second tour, puisqu’Emmanuel Macron est arrivé en tête dans la troisième avec 54,77 % des voix, bien aidé par le canton de Villeneuve, historiquement défavorable au FN.

En Marche mise sur le renouvellement

Seulement, pour espérer contester au FN cette circonscription, encore faut-il dépasser les 12,5 % des inscrits, soit en comptant l’abstention habituelle sur ce type de scrutin, réaliser environ 20 % des suffrages. Dans cette configuration, ils ne sont pas si nombreux à pouvoir y prétendre. Commençons par le candidat de la République en Marche, le Bagnolais Anthony Cellier. Agé de 42 ans, conseiller municipal à Bagnols et responsable commercial dans le civil, il mise sur la proximité en s’étant fixé l’objectif de se rendre dans chacune de la cinquantaine de communes de la circonscription. « L’accueil est bon, bienveillant, on fait des rencontres et on peut échanger sur les problématiques du territoire », affirme la suppléante REM Elodie Martinez.

Tout en jouant la carte du renouvellement, le candidat déroule le programme national d’Emmanuel Macron et compte bien profiter de l’élan donné par la présidentielle en faveur d’une majorité présidentielle.

La droite espère

À droite, la conseillère départementale Muriel Dherbecourt se présente comme une élue de terrain, et voit le député comme « un trait d’union du territoire. » Affirmant être sur le terrain depuis le mois de février, elle cite plusieurs problématiques de la circonscription, des déserts médicaux aux transports en passant par l’industrie et ses sous-traitants, mais appuie sur le tourisme, en soulignant le fait qu’elle préside l’Office de tourisme du Pont du Gard. Si la droite villeneuvoise, pas acquise à sa cause au départ, est depuis rentrée dans le rang, avec l’engagement du maire de la cité cardinalice Jean-Marc Roubaud comme président de son comité de soutien, il lui reste encore à convaincre la droite bagnolaise, plus divisée entre sa candidature et celle de Patricia Garnero. Une chose est sûre, la candidate ne pourra pas compter sur la dynamique nationale de son parti embourbé dans la crise et qui redoute de nouvelles désertions vers En Marche.

À gauche, désunion et dissidence

À gauche, l’Insoumise Geneviève Sabathé, partie très tôt en campagne, compte bien profiter du très bon résultat de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, notamment localement. Ici, l’Insoumis en chef est arrivé deuxième dans la plupart des communes, en réalisant entre 14 et 26 % des voix. Défendant toujours le programme présidentiel l’Avenir en commun, et une opposition radicale à Emmanuel Macron, elle est une des seules à avoir misé sur une permanence de campagne, à Bagnols, et déploie son énergie sur le terrain. Reste à voir quelles conséquences aura la désunion entre les Insoumis, les Communistes et EELV, sur une circonscription où les résultats à la Présidentielle pourraient (devraient ?) permettre à une candidature commune une présence au second tour des législatives.

À gauche toujours, le socialiste dissident et vice président du Conseil départemental, Alexandre Pissas, se lance dans un nouveau combat législatif, après avoir perdu en 2007 puis s’être fait doubler par Patrice Prat pour l’investiture PS en 2012. Cette fois-ci, il a décidé de partir sans parti, mais pas sans soutiens : le président PS du Département Denis Bouad, mais aussi de nombreux maires de son canton sont derrière lui, tout comme un solide noyau de militants, principalement autour de Bagnols. S’il ne peut pas utiliser l’argument du renouvellement, il se dépeint en « homme libre » et avance une position vis-à-vis au gouvernement constructive mais vigilante. Celle du PS, en somme.

Aux électeurs de trancher entre cette abondance de candidats, pour clore une séquence politique qui, tant au niveau national que local, a une odeur de recomposition.

Ils sont aussi candidats :

Jean ISNARD suppléant Frédéric PRIN

Thierry BARNABE suppléant Mikaël SEGUIN

Marc VIOT suppléante Ghislaine MASSICARD 

Jean EGEA suppléant Awa SAMBOU

Frédérique LOUVARD-HILAIRE suppléant Alain LEFEBVRE

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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