ALÈS Cora : le conflit continue au tribunal
Julien Aquilina et Philippe Soto, deux salariés et délégués syndicaux de l'hypermarché Cora, comparaissaient hier devant le tribunal correctionnel d'Alès pour "violation du secret du vote par manœuvre frauduleuse", le 29 décembre. Ce jour-là, le comité d'établissement votait le licenciement de Philippe à trois voix contre deux.
Un peu avant le début de l'audience, plusieurs militants de la CGT se sont rassemblés devant le tribunal, comme ils ont l'habitude de le faire dès qu'il s'agit de défendre un camarade. Depuis fin 2016, ils soutiennent Philippe Soto, accusé par la direction d'avoir bousculé et menacé un vigile de l'hypermarché. Dans la foulée, le salarié est mis à pied et un comité d'établissement se réunit, le 29 décembre, pour voter en faveur de son licenciement.
A l'issue du vote, Philippe Soto, accompagné de Julien Aquilina, annonce la nouvelle à ses camarades. Un tract est édité par la CGT pour indiquer que "certains salariés ayant pris part au vote étaient sous la coupe de la direction". Ces quelques mots se traduisent, selon la direction, comme une violation du secret du vote.
À la barre du tribunal, les deux prévenus sont consternés. "Je ne comprends pas pourquoi je suis là aujourd'hui. Ce 29 décembre, j'ai simplement dit aux camarades que mon licenciement avait été voté à trois voix contre deux. C'est tout. Et Julien n'a même pas parlé", explique Philippe Soto. Malgré sa réintégration au sein de l'hypermarché suite à une enquête de l'inspection du travail, le conflit n'est pas pour autant terminé. "Ça se passe très mal. La direction me met sans cesse des affaires sur le dos", assure-t-il.
Absent à l'audience, le directeur de Cora est ardemment défendu par son avocat maître Gilles. "Dans le tract, il est clairement exprimé qui a voté pour ou contre. C'est parfaitement intolérable !", s'exclame-t-il. Beaucoup plus calme, l'avocat des deux accusés, maître Desmots, rappelle que ce vote n'était ni plus ni moins qu'une "consultation de laquelle n'est ressorti aucun élu et aucun vaincu. Et on voudrait appliquer des dispositions qui sont valables pour des élections législatives ! Aucun texte pénal ne prévoit de poursuites dans ce cas-là. Nous sommes là aujourd'hui par pure mesure de représailles. Cette audience est une mascarade." Il demande une relaxe. Le délibéré sera rendu vendredi 30 juin à 9h.
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