Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 23.09.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 958 fois

FAIT DU JOUR Nucléaire : Daher, la multinationale qui a besoin des PME du Gard rhodanien

Le nouveau site Gardois du groupe Daher a été inauguré vendredi matin à Laudun-l'Ardoise (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« On a toujours besoin d’un plus petit que soi » : l’adage du Lion et du Rat de la Fontaine peut aussi se prêter au monde économique.

Prenez le cas de la multinationale Daher, qui s’est installée il y a un peu moins d’un an sur la zone industrielle de l’Ardoise et qui inaugurait en grande-pompe son nouveau site gardois vendredi matin.

« Construire une filière intégrée »

Voici un groupe familial, « qui a plus de 150 ans d’existence, avec un capital détenu à plus de 80 % par la famille Daher, qui fait plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et emploie 8 600 collaborateurs », présente le vice-président du groupe Pascal Laguerre. Un groupe qui a prospéré dans l’aéronautique et les systèmes industriels intégrés, notamment dans le domaine du nucléaire.

Concrètement, et c’est ce qu’elle fait notamment sur son site à l’Ardoise, l’entreprise conçoit ces systèmes pour les grands donneurs d’ordre du nucléaire, à savoir une solution complète de l’ingénierie à la logistique et au transport, en passant par la fabrication et les services industriels, et ce notamment dans l’assainissement et le traitement de déchets radioactifs, la maintenance, le support ou encore le transport nucléaire. « On va plus loin que le simple ‘clé en main’, puisqu’on rajoute tous les flux et les services industriels, affirme le vice président opérationnel pour l’ingénierie et le service nucléaire de Daher Emmanuel Costa. L’objectif est double : réduire les coûts et limiter les risques. » Le rôle du site de l’Ardoise est de « rayonner sur la moitié sud de la France, et en particulier sur ce bassin d’emploi », poursuit Emmanuel Costa.

Et le site censé rayonner sur le moitié sud n’a pas toujours été dans le Gard. Il était auparavant un peu plus au nord, à Pierrelatte, dans la Drôme. Pourquoi avoir choisi de le redéployer ici ? « Notre objectif reste construire des systèmes industriels intégrés qui nécessitent une supply-chain, car nous n’intégrons pas tous les métiers », explique le vice-président. A ce stade, rappelons ce qu’est la supply-chain, ou chaîne logistique en bon français : il s’agit de l’ensemble de professionnels impliqués dans la mise à disposition d’un produit au consommateur. Cette chaîne doit être constituée, puis organisée et optimisée. C’est là que Daher joue pleinement son rôle, et que les TPE et PME du Gard rhodanien entrent dans la danse.

« Ici il y a un tissu de TPE-PME qui travaille depuis longtemps avec les grands donneurs d’ordre du nucléaire, et nous allons fédérer ce tissu », poursuit Emmanuel Costa. Grosso modo, Daher va aller chercher dans le tissu économique local les compétences nécessaires pour compléter les siennes et répondre aux appels d’offre des grands donneurs d’ordre (citons EDF, AREVA et le CEA, par exemple). De quoi constituer une supply-chain capable d’assumer les gros contrats, et faire tourner l’économie locale en récupérant des marchés jusque là hors de portée des TPE-PME locales. « Il s’agit de construire une filière intégrée, ce que nous avons fait dans l’aéronautique », ajoute le vice-président Emmanuel Costa.

Quinze embauches prévues pour 2018

Autant dire qu’avec les chantiers d’assainissement démantèlement du côté de Marcoule et d’Aramon, ou le projet pharaonique de Grand Carénage à la centrale EDF du Tricastin, le marché est prometteur, et le Gard rhodanien bien placé. « D’autant que la loi de transition énergétique impose 50 % de nucléaire dans le mix énergétique », rappelle le secrétaire général de la préfecture François Lalanne. Ça veut donc dire de nombreuses centrales à démanteler à plus ou moins long terme, mais pas seulement, puisque « le CEA travaille sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération », note le secrétaire général de la préfecture. De là à dire que la France n’en a pas fini avec l’atome, il y a un pas qu’on peut allègrement franchir.

On l’aura compris, ce qui attire une multinationale comme Daher dans nos contrées, c’est « cet écosystème », souligne le président du Conseil économique, social et environnemental de la région Occitanie Jean-Louis Chauzy, qui rappelle en passant que la Région a ouvert « un pôle de formation, le campus des métiers du lycée de Bagnols », pour former les futurs talents de la filière. Un élément de plus qui doit permettre selon lui de « créer des synergies pour consolider cette filière nucléaire et énergétique. »

À ce jour, Daher a transféré soixante-dix emplois à l’Ardoise, et complète petit à petit ses effectifs : « nous avons embauché cinq personnes depuis le mois de mars, et nous prévoyons quinze embauches supplémentaires pour 2018 », avance Emmanuel Costa. Il faut dire que sur son site gardois, Daher compte « déployer une base logistique, développer un atelier pour tester et monter les systèmes et à relativement court terme une ICPE (une installation classée pour la protection de l’environnement, ndlr) », annonce le directeur du site Julien Rey-Gaurez.

Bref, l’arrivée de Daher sur un territoire qui cherche toujours à retrouver pleinement sa prospérité d’antan, est bien accueillie, comme l’a résumé le député Anthony Cellier : « nous avons des entreprises à la pointe du savoir-faire, on compte sur vous, Daher, pour jouer un rôle de locomotive. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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