Arrivé en juillet et dans la foulée décoré de la Légion d'Honneur, le lieutenant-colonel (qui devrait bientôt passer colonel) Laurent Grebil a pris la tête du 503ème Régiment du Train basé à Nîmes-Garons. Entretien.

Dans son bureau, des livres sur la Camargue, les traditions, les papés, les gardians et les taureaux... Bref,  le petit nécessaire du bon touriste intégré à son nouveau milieu. Si le lieutenant-colonel Laurent Grebil n'est pas Nîmois ou sudiste par le sang, il le devient un peu. "J'adore l'histoire et la géographie, l'antiquité et tout ce qui s'y rapporte. J'espère d'ailleurs que Nîmes sera inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO ! Ici, les traditions sont fortes, j'essaie d'être Camarguais d'adoption. Je suis allé à Saint-Gilles et à Beaucaire pour voir une course camarguaise et à la feria pour voir une corrida."

Le chef d'emprise de Garons s'occupe surtout de gérer le 503ème Régiment du Train, un des cinq en France. Composé d'environ mille "soldats", le régiment se divise en cinq escadrons actifs (environ 150 personnes chacun) et deux réservistes (qui viennent d'être créés et qui sont liés à Beaucaire et Aigues-Mortes pour assurer l'ancrage territorial de ce nouveau venu dans la région). "C'est la première fois que je franchis la Loire pour aller m'installer dans le sud ! Ce qu'il y a de mieux ici, ce sont les intersaisons où l'on gagne facilement dix degrés par rapport à mes dernières affectations. Je suis originaire d'Alsace et de Lorraine. J'ai troqué ma croix de Lorraine contre la croix camarguaise ! J'aime les territoires qui ont une identité forte et le Gard est exceptionnel", avoue le lieutenant-colonel Grebil.

Car oui, ce n'est que depuis 2011 que le Régiment du Train a pris les commandes de l'ancienne base aéronavale de Nîmes-Garons. Environ 1000 militaires dont 700 militaires du rang et une poignée de civils sans compter un petit détachement d'une dizaine de militaires à Miramas. "On essaie d'ouvrir le régiment et pour cela nous communiquons et nous nous lions avec les communes environnantes, les scolaires, le PNR de Camargue afin d'affirmer le lien Armée-Nation. Je suis responsable, j'ai une mission qui est de remplir un contrat opérationnel et de ressouder le régiment. Cet été, pour les cérémonies du 14 juillet 2018, nous nous occuperons de l'acheminement de tout le matériel jusqu'à la capitale avant de préparer une opération extérieure et de fêter nos 75 ans", affirme le lieutenant-colonel Grebil.

Créé en 1943 à Fes(Maroc) avec pour emblème une gazelle très sautillante, le 503ème RT s'ancre dans le territoire de sa nouvelle affectation en y ajoutant à son emblème la croix de Camargue. D'ailleurs et si vous êtes un ponte en maths, vous noterez que 2018 verra le 75ème anniversaire du régiment. Des portes ouvertes, jusqu'ici inédites sur le site, seront probablement organisées pour l'occasion.

Le Régiment du Train, créé sous l'impulsion Napoléonienne, s'appelait alors la Compagnie des Transports. Évidemment on parle ici plus de logistique que de TGV ! Le 503ème est chargé de transporter les ressources, de ravitailler et d'assurer les conditions optimales de vie et de travail des soldats sur le terrain. Atout énorme du 503ème RT nouvelle version, son implantation. Au cœur de l'arc méditerranéen, à la jonction de l'est et de l'ouest, le 503ème a un rôle particulier lui offrant un avenir des plus pérennes.

Mais le 503ème, c'est aussi une grande famille qui s'enracine en local. "Nous ne sommes pas une entreprise même si par certains aspects on pourrait le croire. Je suis vigilant quant aux conditions du personnel et à la protection des familles, il y a même deux assistantes sociales sur le site. Plus de 50% de nos 1000 militaires vivent dans les villages environnants. Ce sont surtout des cadres qui sont mariés et qui ont des enfants. En tout, s'il y a 350 couples, on peu compter 700 enfants donc environ 1500 personnes qui sont logées et qui participent à la vie locale", poursuit le patron du 503ème RT. Petit hic, l'offre locative très faible, "Et pourtant je viens de la région parisienne !", conclut le lieutenant-colonel Grebil.

"C'est probablement la dernière fois que je commande un régiment. J'aime le contact et ici je mange mon pain blanc mais je sais que si tout va bien, je serais appelé à être dans un bureau prochainement",  affirme celui qui sera le patron du 503ème RT durant deux ou trois ans. Au lieu de parler de la traditionnelle BAN, on y préfère aujourd'hui le nom de Quartier El Parras (nom d'un fait d'armes lors d'une campagne mexicaine) "Car nous sommes de l'Armée de Terre !" Les responsables de la Base Aérienne de Sécurité Civile, récente voisine, seront reçus de manière officielle pour la première fois ce jeudi par le 503ème Régiment du Train.

Mais revenons un peu au régiment en question. Ce sont plus de 500 militaires du 503ème RT qui ont déjà été projeté sur les théâtres d'opérations tels que le Mali, le Tchad, la Côte d'Ivoire ou le Liban. Les 500 autres devraient l'être très prochainement, en février 2019 si la situation reste identique. "Notre régiment a une belle expérience car depuis 2011 que nous sommes ici, en 2013 nous sommes allés pour la première fois au Mali et nous y retournons tous les deux ans ce qui impose une préparation anticipée de six mois. Sur place, les missions durent environ quatre mois et, au retour, les effectifs ont quatre ou cinq semaines de permission. En tout, ils sont dans le processus d'Opex (Opération extérieure, NDR) près d'un an durant" affirme le lieutenant-colonel. La semaine dernière, c'est un escadron entier du 503ème RT qui est parti pour Nice afin d'assurer une partie de l'opération Sentinelle.

Anthony MAURIN