Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 06.10.2017 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 263 fois

FAIT DU JOUR Aéroports régionaux : la Région rebat les cartes

Situé sur les territoires des communes de Nîmes et de Saint-Gilles, l'aéroport de Nîmes-Alès-Camargue-Cévennes est l'un des dix aéroports d'Occitanie (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Mercredi matin, à l'aéroport de Nîmes-Garons, l'ancien rugbyman Didier Codorniou, vice -président de la Région chargé de l'économie maritime et des aéroports, est venu prendre langue avec les élus locaux pour poser les jalons d'un futur Conseil de développement aéroportuaire qui devrait se mettre en place au premier trimestre 2018.

En compendium, l'objectif de cette entité régionale sera de faire des propositions pour réguler le fonctionnement des dix aéroports régionaux, de développer le trafic en direction de l'international en créant de nouvelles dessertes et d'éviter les doublons... Pas gagné d'avance  tant les intérêts des uns peuvent s'entrechoquer avec ceux des autres !

Pour Didier Codorniou, il n'est pas question de réfléchir en terme de fermetures de structures aéroportuaires mais de rebattre les cartes et de redistribuer les rôles : "La région n'a pas vocation à faire disparaître les aéroports mais à les accompagner. Nous réfléchirons à créer de nouvelles lignes charters et à organiser des délestages des aéroports principaux vers les autres. "

Derrière ces propos volontairement rassurants, reste encore à savoir à qui profitera l'inéluctable restructuration des plans de vols régionaux et quels sont les aéroports qui chanteront "Ça plane pour moi " avec Plastic Bertrand et ceux qui, une larme au coin des yeux, reprendront "Comme un avion sans ailes" de Charlélie Couture...

Pour qui Fez et pour qui Liverpool ?

En attendant de savoir ce qu'il en sera vraiment, la Région veut installer ce Conseil de développement aéroportuaire sur le modèle du"Parlement de la Mer" cher à la patronne, Carole Delga. Avec pour finalité de peser dans le débat décisionnaire comme cela a déjà été le cas quand il s'est agit de développer un parc d'éoliennes en Occitanie. Concernant les aéroports, une chose est d'ores et déjà acquise : "Nous ne pourrons pas garder des destinations identiques sur des structures distantes de 50 kilomètres !", a confirmé le héraut du Conseil régional.

Clairement dans le viseur, les aéroports de Montpellier et de Nîmes qui se partagent la clientèle des voyageurs à destination de Fez (Maroc). Pour autant, en regard des études qui annoncent la saturation des grands aéroports à l'horizon 2035, la Région ne veut pas louper le coche et se retrouver à rouvrir dans l'urgence des aéroports qui pour l'heure fonctionnement bien, sont opérationnels et disposent d'un potentiel en terme de développement. Il faudra cependant réfléchir -rapidement- à la mutualisation des moyens, répondre aux critères réclamés par l'Union européenne et (tenter) de peser dans les négociations avec les compagnies aériennes.

La Région souhaite être en mesure de négocier avec les compagnies aériennes. Ici, les comptoirs de la compagnie Ryanair à Nîmes -Garons (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Négocier avec les compagnies aériennes ?

Prudent sur ce dernier point, Didier Codorniou s'est bien gardé de s'aventurer sur ce terrain glissant, plus piégeux qu'un terrain de rugby sous l'averse. Car pour ce qu'on en sait, dans le système qui a cours actuellement, ce sont bel et bien les compagnies low-coast qui imposent leurs desiderata aux collectivités et pas le contraire pour accepter de s'implanter. Et le plus souvent en réclamant des contreparties sonnantes et trébuchantes et des exemptions en tout genre...

Le tout en n'apportant aucune garantie quant à la pérennité de leur engagement comme en témoigne le récent retrait et l'annulation de vols et de lignes décrétés par la compagnie irlandaise Ryanair (leader mondial sur le marché du low-coast), sans aucune concertation avec ses partenaires et en faisant fi des accords contractuels. On ajoutera que Ryanair est régulièrement montré du doigt sur le traitement de ses salariés et ses pratiques commerciales...

Pas de fermetures mais des questions en suspend

Autre sujet qui fâche : il n'est absolument pas exclu, bien au contraire, que certains se retrouvent à gérer les destinations juteuses et leur contingents de bons clients plutôt fortunés du type Liverpool ou Bruxelles tandis que d'autres se retrouveront à financer avec de l'argent public la portion congrue des voyages à destination du Maroc qui charrient leurs lots de touristes mais n’attirent et n'y ne retiennent personne sur le territoire...

Quoi qu'il en soit, si l'on s'en réfère au traitement et aux prises de position concernant le dossier des lignes ferroviaire LGV, derrière les postures de façade, il est avéré qu'au sein de la nouvelle région Occitanie les problématiques de transport ont bien du mal à générer le consensus et on attendra de juger sur pièces ce qu'il en adviendra des aéroports occitans qui, en attendant, génèrent plus de 18 790 emplois, transportent 11,7 millions de passagers par an (dont presque la moitié sont des touristes qui laissent aux caisses gardoises 9% des 1,3 milliard d’euros dépensés sur place) et contribuent largement au "PIB" des département concernés (1% pour l'Occitanie, NDR). Attendre et voir...

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard 

 

Philippe Gavillet de Peney

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio