Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 09.10.2017 - abdel-samari - 8 min  - vu 476 fois

FAIT DU JOUR Le Préfet du Gard s'exprime sur les sujets chauds de la rentrée

Le Préfet du Gard s'exprime sur tous les sujets chauds de la rentrée dans le Gard (Photo : Abdel Samari/Objectif Gard)

A l'occasion d'un déjeuner presse, le Préfet du Gard a réuni autour de lui les principaux journaux du territoire pour évoquer les sujets de la rentrée 2017 dans le Gard. Viticulture, hommages aux pompiers, sécurité routière, radicalisation, emplois aidés... Comme à son habitude, Didier Lauga a tenté de faire preuve de clarté en évitant du mieux possible, la langue de bois.

Incendies cet été

Vendredi dernier, une cérémonie a été organisée à l'Elysée pour rendre hommage aux acteurs mobilisés dans les départements du Sud de la France contre les feux de forêt. "À l'invitation du Président de la République, les services du SDIS du Gard, mes équipes et moi-même, mais aussi les forces de l'ordre, qui ont notamment permis d'interpeller des pyromanes, ont participé à cet hommage", indique le Préfet, Didier Lauga. "Vous faites partie des héros de la République. Vous avez risqué vos vies. La République se tient par vos engagements. Merci", a notamment déclaré Emmanuel Macron lors de la cérémonie.

Les Sapeurs-Pompiers du Gard aux côtés de l'épouse du Président, Brigitte Macron (Photo : Pompiers du Gard)

La prévention autour du sujet de la problématique du débroussaillement est l'une des mesures la plus efficace contre les incendies. "Nous sensibilisons au quotidien les maires du Gard afin qu'ils puissent s'assurer que les terrains des communes soient débroussaillés. Il s'agit d'un problème majeur exigé notamment par le Préfet de Zone à Marseille. Cette exigence est aussi valable pour le Syndicat des Gorges du Gardon et l'armée", rappelle Didier Lauga.

Sécurité civile

Dans le département, tout le monde reconnait le confort de disposer de la nouvelle implantation de la Sécurité Civile à Garons. Sauf peut-être le député LR, Eric Ciotti, qui, cet été, dans une tribune avait demandé au gouvernement d'ouvrir un débat sur le déplacement d'une partie des avions bombardiers d'eau, de Nîmes à la base navale d'Hyères-le-Palyvestre. "Moi, je m'attache aux retours des experts de la Sécurité civile. Le prétexte de la distance de Nîmes par rapport au Var ou à la Corse ne tient pas. Et d'autant moins que pendant la saison, des pré-positionnements de bombardiers d'eau sont effectués à Marignane", relève le Préfet du Gard avant de poursuivre : "les conditions sont meilleures qu'avant. Compte tenu des normes de sécurité constatées précédemment sur Marignane, on voit aujourd'hui que les bombardiers d'eau partent bien plus vite de Nîmes."

Sécheresse

"La situation est clairement inquiétante. Notre département est en crise sévère et malheureusement, selon les services de Météo France, il ne s'agit pas d'un accident climatique", s'inquiète Didier Lauga qui complète sa réflexion sur un constat d'impuissance : "Il n'y aura pas de pluies significatives d'ici une dizaine de jours."

La plainte déposée par l'avocate Khadija Aoudia contre le Préfet du Gard 

"Ce sont les risques du métier ! Je ne connais pas cette avocate. Elle voulait obtenir une réponse du tribunal, en première instance. Le tribunal correctionnel s'est déclaré incompétent. Elle a fait appel, nous verrons ce qui sera décidé", déclare le Préfet du Gard, un brin contrarié. Sur le fond du sujet, Didier Lauga rappelle que la situation anormale dans les geôles nîmoises ne date pas d'aujourd'hui quand on se souvient de la venue de Manuel Valls, alors Premier Ministre, aux côtés de Jean-Jacques Urvoas, ministre de l'intérieur de l'époque. "Les conditions de vie sont scandaleuses malgré tout, je voudrais rendre hommage au travail du personnel pénitentiaire qui fait le maximum." Et de poursuivre : "un projet de construction d'une prison à Alès est en cours. Une première visite des équipes ministérielles a été effectuée. Elles doivent prochainement revenir mais le terrain choisi devrait se situer derrière le quartier Rochebelle."

La prise en charge des transfèrements des prisonniers

Début novembre 2017, dans le cadre d'une décision nationale, le ministère de la justice va désormais prendre en charge les extractions des prisonniers. Une demande formulée depuis de nombreux mois par les forces de l'ordre qui, en sous-effectif, doivent assurer chaque jour la présentation des prisonniers depuis la maison d'arrêt vers le palais de justice. "C'est le Pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) rattaché à la maison d'arrêt de Nîmes qui va prendre le relais. Déjà en place en Midi-Pyrénées, ce dispositif sera effectif à partir du 2 novembre à Nîmes. D'ailleurs, 33 agents vont s'installer à proximité de la maison d'arrêt et couvriront 80% des transferts des prisonniers de Nîmes et Perpignan", révèle Didier Lauga.

Fête votive

Comme il le rappelle à chaque prise de parole sur le sujet, le Préfet du Gard souhaite absolument préciser qu'il respecte les traditions locales. D'ailleurs, à titre personnel mais aussi dans le cadre de ses fonctions, il s'est rendu cet été aux fêtes locales de Manduel, Jonquières Saint-Vincent et de Saint-Laurent d'Aigouze. "Je suis pour préserver les traditions. C'est l'abus qui pose problème !" Et de donner quelques chiffres pour illustrer son analyse : "Nous sommes passés de 800 jours de fête en 2016 à plus de 1 000 en 2017. Ce n'est pas tenable pour des questions de sécurité et d'épuisement des forces de l'ordre". À sa décharge, force est de constater que durant plusieurs week-ends, les fêtes votives se déroulent dans les mêmes secteurs du Gard et réquisitionnent sur le terrain les mêmes brigades de gendarmerie...

Cinquante communes sont signataires de la charte autour des fêtes votives dans le Gard. Un chiffre significatif mais insuffisant. D'autant que, comme le souligne Didier Lauga, "cette charte prévoit notamment l'intégration des gendarmes dans le dispositif de sécurité et que chaque fois que cela a été le cas, nous avons observé une baisse des accidents." Sans compter la baisse des interventions après deux heures du matin, au moment où une petite partie des festaïres cherche a en découdre. "Notre rôle est d'aider, d'appuyer et de conseiller. Ce n'est pas d'agiter le bâton",  délivre le Préfet.

Sécurité routière

À ce jour, 42 personnes sont décédées sur les routes gardoises, contre 43 à la même période en 2016. "Les chiffres restent donc préoccupants. Les pouvoirs publics sont pleinement mobilisés pour lutter contre l’insécurité routière et des contrôles routiers sont effectués quotidiennement par les forces de l’ordre afin de lutter contre les comportements irresponsables", rappelle le Préfet du Gard. "99% des accidents mortels sont liés à une erreur de comportement du conducteur : stop grillé, conduite sous l'emprise de stupéfiant ou d'alcool, excès de vitesse... Nous devons poursuivre les messages de prévention pour faire changer les comportements à risque", rajoute Didier Lauga.

Par ailleurs, de nouveaux radars vont voir le jour sur les routes gardoises. Des "radars virages" de nouvelle génération qui seront en capacité de prendre la vitesse même sur un virage étroit. Et des radars embarqués, pour le moment à titre expérimental, entreront en service en 2018. Enfin, des itinéraires sécurisés vont être répertoriés dans le Gard : Bagnols-Alès, Route des Plages, Pont-Saint-Esprit-Villeneuve-Les-Avignon et enfin Nîmes-le Vigan. Ces itinéraires compteront 10 points de contrôle mais tous ne seront pas équipé de flashes.

Radicalisation

Comme il l'avait déjà indiqué, Didier Lauga rappelle que le département du Gard figure au rang bien peu enviable des 5 premiers départements de France les plus radicalisés. "Tous les ingrédients sont là pour qu'un attentat se déroule dans le Gard", averti le Préfet. Toutefois, le premier représentant de l'Etat dans le département cherche à éviter la psychose à tout prix comme cet été lors de la Vuelta à la Gare de Nîmes. "On est sans arrêt à la limite et je prends ma part de responsabilité car j'ai demandé à la population du Gard d'être dans une forme de prudence et de veille attentive."

Confirmant la présence de mosquées salafistes dans le Gard "qui ne sont pas interdites tant qu'il n'est pas démontré de discours de haine contre la France", Didier Lauga se veut rassurant : "Nous ne sommes pas naïfs. Nous avons des moyens et des outils de surveillance performants." Depuis sa prise de fonction, une dizaine de perquisitions se sont déroulées dans le département afin "de lever le doute, avant tout." S'agissant des retours de Syrie ou d'Irak, il ne dévoilera rien. Mais concernant la maison d'arrêt de Nîmes, après insistance, nous apprenons qu'il existe "un nombre de radicalisés à deux chiffres que nous suivons quotidiennement."

Fin du guichet d'accueil du public par la Préfecture du Gard

Dans le cadre de la modernisation et de la simplification administrative, il n’est dorénavant plus nécessaire pour les usagers de se déplacer en préfecture ou sous-préfecture pour effectuer les démarches d’immatriculation de leurs véhicules ou celles relatives au permis de conduire. À partir du 6 novembre prochain, la procédure se fera uniquement au format digital (par Internet), le guichet physique sera donc fermé à la Préfecture. Une vraie révolution qui va entraîner au sein de la collectivité le redéploiement de 40 personnes. Un Centre d'expertise et de ressources prendra le relais à Nîmes et assurera l'activité pour 23 départements. Un simple point d'accueil sera maintenu "pour ceux qui ne savent pas utiliser Internet dans l'objectif de les rendre autonomes", indiquent les services de la Préfecture.

Contrats aidés

En annonçant cet été la baisse des contrats aidés en 2017, le gouvernement avait suscité de fortes protestations des collectivités locales et des associations. C'est aussi le cas dans le Gard et le Préfet ne se défausse pas : "Les structures communales et associatives sont très inquiètes et me l'ont fait savoir à travers les courriers reçus. Dans le département, ce sont 400 emplois aidés qui ne seront pas reconduits. Les préfets ont un pouvoir d'ajustement, j'ai donc, à travers les critères communiqués par le gouvernement, procédé à la confirmation de 112 contrats aidés d'ici la fin de l'année. C'est un argument qui ne convainc pas tout le monde mais j'applique une politique nationale." Reconnaissant le grand mécontentement, Didier Lauga rappelle que cette décision fait suite aux conclusions de la Cour des Comptes "dont je n'ai aucune raison de douter."

Future gare de Manduel

Les travaux de construction de la gare de Manduel sont imminents. Pourtant, du côté de la Région Occitanie on bute toujours sur sa participation financière en raison de l'absence de transparence demandée à la SNCF sur le coût de l'investissement de la future gare. En attendant, Didier Lauga se veut très clair : "après le dernier comité de pilotage avant l'été, la présidente de la Région, Carole Delga, semblait en phase avec le projet même si elle avait exprimé quelques réserves. Aujourd'hui, le conflit avec la SNCF semble réel et, indirectement, avec l'État qu'elle considère ne pas en faire assez en tant qu'autorité de tutelle. Moi, je ne varie pas. L'ancien ministre des transports, Alain Vidalies, m'avait demandé d'avancer rapidement sur ce dossier. La nouvelle ministre des Transports, Élisabeth Borne, ne s'est pas manifestée depuis ... Donc la feuille de route reste identique : la gare de Manduel ouvrira avant fin 2019", affirme le Préfet du Gard.

Depuis un an et demi, la Région a gelé ses paiements et une question fait débat sur la troisième voie qui devra, par navettes, raccorder Manduel à la gare centrale de Nîmes. "L'utilité de la gare n'est plus le sujet aujourd'hui. Se pose la question du financement pour le raccordement entre les deux gares." Trois solutions sont à envisager. La première, et la plus logique, voudrait que la Région propose une desserte des TER avec le bon cadencement pour s'adapter aux horaires de départ et d'arrivée des TGV. La seconde envisagerait la création d'une troisième voie dont le coût est estimé entre 12 et 15 millions d'euros pour créer les fameuses navettes dédiées entre Manduel et Nîmes. C'est cette option qui est soutenue par l'Agglo de Nîmes et d'Alès. Mais il faut l'accord de la Région qui est l'autorité organisatrice. Enfin, la troisième, qui apparaît comme un scénario catastrophe mais qui reste envisageable, aboutirait à ce que la gare de Manduel accueille des TGV mais resterait coupée du centre-ville de Nîmes. "Je n'ai pas eu de discussions depuis longtemps avec Mme Delga mais mon sentiment général est de ne pas très bien comprendre sa position. L'intérêt de tous est de ne pas laisser cette situation en l'état encore longtemps", conclut le Préfet du Gard.

Et aussi :

Viticulture : Une table ronde sera organisée le 13 octobre à 15h avec l'ensemble de la profession en présence de députés et des élus du département. "Le monde viticole ne va pas très bien et nous devons trouver des solutions pour soutenir cette activité indispensable."

Sangliers : Les chiffres sont alarmants et étonnants à la fois. Dans le cadre de la stratégie de réduction des populations de sangliers, mise en œuvre par l’État en lien avec les responsables départementaux de la chasse, on dénombre pour la seule année 2016, 41.000 sangliers tués dans le Gard. Par ailleurs, au-delà des accidents de la route causés par les traversées de hordes, en 2016, trois décès et douze blessés graves ont été comptabilisés sur les routes gardoises et le coût des dégâts indemnisés s'élève à 850.000 euros.

CCI du Gard : Le dénouement de la situation à la CCI du Gard avec l'élection confirmée de Éric Giraudier à la tête de l'établissement consulaire "est une satisfaction teintée de tristesse. Avec un peu de bonne volonté, on aurait pu éviter tout cela. J'ai plaidé pour la stabilité et éviter toute cette brutalité. On a perdu beaucoup de temps. L'important à présent est de travailler au rapprochement des CCI de Nîmes et d'Alès le plus rapidement possible."

La venue du président de la République, Emmanuel Macron, dans le Gard : Sans confirmer officiellement nos informations, le Préfet du Gard accepte toutefois de nous confier "que cela a été évoqué" et  que sa prochaine visite "est en discussion mais je n'ai pas de date précise à vous indiquer".

Abdel SAMARI

contact@objectifgard.com

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