Au lendemain de la découverte du corps sans vie d'un vieil homme de 89 ans à son domicile de Bessèges, les habitants sont sous le choc (relire ici).

Tous les matins, qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est le même rituel. Vers 8h30-9h, Monsieur Sabatier - c'est ainsi que tout le monde l'appelle à Bessèges - sort de sa villa cossue à la façade blanche entourée d'un mur de pierres apparentes surplombé par de hauts arbres. Chapeau sur la tête, foulard autour du cou, trainant son cabas de la main droite, l'homme  de 89 ans, élégant, descend d'un pas très lent la côte du Mas de l'Elze et du Cros, continue sur la rue Émile Zola pour finir sa promenade matinale rue Albert Chambonnet, au coeur de Bessèges. 500 mètres que l'octogénaire, qui vit seul, parcourt deux fois par jour pour garder un lien avec l'extérieur.

Sa première pause, il la fait au bar PMU du village où il est un habitué. Le patron se souvient de cet homme, toujours assis à la même table pendant près d'une heure, avec son chocolat chaud et son croissant : "C'était un homme distingué, qui se tenait droit, le menton relevé. On sentait qu'il aimait diriger et il était fier. Fier de son passé d'ingénieur aux Ponts et chaussées. Fier de nous montrer la photo en noir et blanc de sa femme, dont il était séparé, et de sa fille qui vit à Paris". A écouter les habitants du village et ses voisins, Monsieur Sabatier avait trois sujets de prédilection : les champignons, la guerre d'Algérie à laquelle il aurait participé, et ses collections. "Quand il venait chez moi, confie un autre patron de bar, il parlait beaucoup de ses collections d’œuvre d'art et surtout de sa collection de pièces d'or. Tout le monde ici savait qu'il en avait. Ce n'est pas qu'il se vantait mais il ne faisait pas attention quand il en parlait".

Cette année, il aurait été cambriolé et victime d'un vol à l'arraché

Pour beaucoup de Bességeois rencontrés dans les rues ce mardi matin, si l'octogénaire a été ciblé, ce n'est pas le fruit du hasard. "Pour moi, il était visé, assure un homme qui le croisait régulièrement. Il m'a dit qu'il s'était déjà fait cambrioler un peu avant l'été et qu'on lui avait volé son sac à l'arraché cet été. Peut-être que c'est la même équipe". Dans le voisinage proche, on s'accroche aussi à cette idée : "Ça fout la frousse", témoigne une retraitée qui sort du supermarché Carrefour où Monsieur Sabatier faisait ses courses, "mais c'est vrai qu'on ne monte pas chez lui par hasard. Il a certainement été suivi".

Un couple de voisins se rappelle de cette journée de dimanche, quelques heures avant la découverte de son corps, lundi matin : "En rentrant du loto dimanche soir, on est passé devant chez lui vers 20h. Il n'y avait rien d'anormal, pas de véhicule suspect et tout était fermé, comme d'habitude. Il fermait toujours ses volets, il était très prudent". Sa prudence n'aura manifestement pas suffit à dissuader le ou les meurtrier(s), "des lâches" pour de nombreux habitants, révoltés par ce crime atroce, qui espèrent que l'enquête aboutira rapidement.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com