Kada, un retraité nîmois âgé de 71 ans, est venu au tribunal correctionnel de Nîmes sans sa glacière. Il faut dire qu'il n'avait pas à s'en préoccuper puisque son voisin Jérémie, qu'il accuse de se servir dedans dès qu'il a le dos tourné, est également présent à cette drôle d'audience encadrée par le président Jean-Pierre Bandiera.

Depuis quelques semaines, tous les jeudis, le retraité aurait remarqué la disparition d'aliments dans sa glacière, qu'il laisse sur son palier. Pour le septuagénaire, il n'y a qu'un coupable possible : son voisin le plus proche, Jérémie. Mais le 26 septembre, l'affaire de la glacière prend une autre dimension. Ce midi-là, quand il ouvre sa porte, Kada découvre que l'objet s'est volatilisé ! Un drame. Il la retrouve finalement un peu plus tard dans sa cave.

-           Je la mets toujours sur le palier. Et là, elle était dans ma cave avec la porte fracturée... Donc je suis allé voir ce monsieur (il désigne Jérémie présent à l'audience, NDLR) et il m'a envoyé paître. Après il est sorti de chez lui avec un couteau de boucher et moi je me suis sauvé chez moi pour prendre mon arme. Mais je n'allais pas commettre l'irréparable pour une glacière.

Sa victime est heureuse de l'entendre. Il faut dire que Jérémie a tout de même eu une belle frayeur en voyant son retraité de voisin revenir avec un 22 long rifle imitation Kalachnikov, une arme qu'un gitan aurait oublié chez lui il y a près de 30 ans. Invité à donner sa version des faits, Jérémie balaie complètement cette histoire de glacière :

-           Il ment complètement. La base de cette histoire est qu'il s'amuse à ouvrir les fenêtres et à enlever les poignées. Ensuite, il m'accuse de vol et quand je lui ai fait une remarque, il m'a menacé de m'envoyer ses fils.

Les deux voisins, qui n'arrivent même pas à tomber d'accord sur le motif du conflit, ne semblent pas prêts à enterrer la glacière de guerre... Ce qui préoccupe la procureure, c'est d'apprendre qu'il y a "des répliques de Kalachnikov dans les immeubles à Nîmes". Elle requiert 18 mois de prison dont 12 avec sursis contre l'accusé. Pour la défense de Kada, Maître Laurence Aguilar souligne que son client n'a pas l'intention de "commencer un parcours de délinquant à 71 ans". Un souhait partagé par le tribunal qui condamne Kada à six mois de prison avec sursis, à la confiscation de son arme et à l'interdiction d'en détenir une pendant les cinq prochaines années. En revanche, aucune interdiction n'a été prononcée concernant la glacière.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com