Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 06.12.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 1381 fois

FAIT DU JOUR Projet de Parc naturel régional des Garrigues, où en est on ?

L’idée est née en 2005, mais le Parc naturel régional des Garrigues, qui comprendrait 80 communes entre Nîmes, Alès, Bagnols et Barjac, est encore à l’état de projet.
D.R/Photo d'illustration. ©T.Vezon

L'association pour un Parc naturel régional entre Cèze et Gardon milite activement pour un PNR dans le Gard (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Pour autant, les choses avancent, notamment sous l’impulsion de l’Association pour un Parc naturel régional entre Cèze et Gardon, l’APRECG, qui regroupe 18 associations et une centaine de membres.

Un PNR, des atouts

« Notre valeur essentielle est la préservation du patrimoine et des ressources rares », explique en préambule Bruno Julien, le président d’une association qui milite, mais ne veut pas « se substituer aux élus. » Pour l’association, « un Parc naturel régional (PNR) doit avoir pour préoccupation centrale le développement économique, pour exploiter au mieux le potentiel agricole, touristique et artisanal tout en préservant et valorisant notre patrimoine. » A ce stade, il est important de préciser qu’un PNR n’est pas une réserve naturelle ou un parc national. Le PNR vise à protéger et mettre en valeur des grands espaces ruraux habités, mais dont l’équilibre est fragile est menacé, « par l’emprise des agglomérations, l’urbanisation, la déprise agricole ou les problématiques liées à l’eau », explique Alain Loones, secrétaire de l’association.

Le périmètre provisoire du projet de PNR des Garrigues (DR)

Pour préserver le territoire et son dynamisme économique, le PNR est régi par une charte co-construite notamment par les élus, qui a valeur de Schéma de cohérence territoriale. Et accordé pour une durée de quinze ans, « le PNR permet une vision à plus long terme », note Alain Loones, avec des actions complémentaires à celles menées par les autres collectivités. Et ça ne coûterait pas cher, d’après ses défenseurs : « un PNR c’est 0,5 employé pour mille habitants, avec un effet de levier puisqu’en moyenne, un euro versé par une commune adhérente génère 20 euros de recettes publiques, affirme Bruno Julien, citant une étude publiée en octobre dernier par la Fédération nationale des PNR. Et sur 51 PNR, le budget moyen annuel d’un parc est de 3 millions d’euros. » Un budget financé principalement par la Région (35 %), le Département (16 %) et l’Etat (10 %). Les communes financent 6 %, et les intercommunalités 4 %. Des financements de la Région ou de l’Europe par exemple, sont fléchés sur les PNR, « et à cette époque où les financements de l’Etat sont en régression, il faut se remuer », appuie Bruno Julien.

Outre les retombées économiques, les PNR permettraient d’encourager l’agriculture, puisque les surfaces agricoles comprises dans les PNR du pays ont progressé de 2,2 % de 2012 à 2016 alors que pendant ce temps, les surfaces agricoles à l’échelle nationale reculaient de 0,2 %. Une agriculture qui y est plus portée sur les circuits courts, avec 20 %des exploitations contre 15,7 % en moyenne au niveau national. Plus surprenant, on voterait plus quand on habite dans un PNR, avec un taux d’abstention plus faible de 8 % à la moyenne régionale de 44 des 51 parcs aux élections présidentielles de 1995 à nos jours, « car les gens sont plus impliqués dans la vie locale et citoyenne », commente Alain Loones. Dans la même veine, le taux de chômage serait également plus faible que la moyenne régionale dans 27 PNR. L’étude fait également ressortir des liens plus importants avec la recherche dans les PNR, moins de conflits d’usage ou encore un soutien à l’écotourisme et aux activités de nature.

Une phase « cruciale »

Autant d’arguments que l’association est allée présenter aux élus et habitants du territoire au cours d’une trentaine de réunions publiques. Il faut dire que l’avenir du PNR se joue dans la persuasion, notamment des élus. Après l’étude de faisabilité portée par le Syndicat mixte des Gorges du Gardon « qui dit que le territoire est compatible avec un PNR », précise Bruno Julien, on en est à la réflexion sur l’opportunité de créer une association de préfiguration du parc. Une association qui n’engagerait pas à créer le PNR, mais « dans laquelle les élus discuteraient des grands axes de la future charte », explique Alain Loones, et dans laquelle l’APRECG compte « faire entendre (sa) voix. »

Et si l’APRECG se revendique apolitique, elle n’est pas dupe pour autant : « cette association de préfiguration, c’est un enjeu, ce qui explique peut-être la frilosité de certains », estime Bruno Julien. Il faut dire que pour voir le jour, le PNR doit rassembler, et ce dès la création de cette association. « La suite dépendra du nombre de communes qui souhaitent y rentrer », admet Bruno Julien. Pour l’heure, 21 communes ont délibéré favorablement sur les 80 comprises dans le périmètre du projet. Il s’agit a priori des plus enthousiastes, « celles qui sont contre ou qui se tâtent attendent pour délibérer », glisse Alain Loones. C’est notamment le cas d’Uzès : au début opposé au projet, le maire Jean-Luc Chapon serait désormais en pleine réflexion. Une évolution bienvenue pour les défenseurs du PNR, tant le projet aurait du mal à voir le jour sans sa ville centre. Toujours côté politique, les trois députés concernés, Philippe Berta pour la sixième circonscription, Annie Chapelier pour la quatrième et Anthony Cellier pour la troisième, « nous ont assurés qu’ils sont pour le PNR », affirme le président.

Cette phase de délibérations sur l’opportunité de créer une association de préfiguration doit s’étirer jusqu’au printemps prochain. Une phase qualifiée par l’APRECG de « cruciale » : dans l’hypothèse de sa création, le projet de PNR ferait un bond en avant. Dans le cas contraire, il risquerait fort d’en rester là. Peut-être pour de bon, car Alain Loones en est certain, « le train ne repassera pas. »

Pour en savoir plus sur le projet de PNR des Garrigues, rendez-vous ici.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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