Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 12.01.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 784 fois

FAIT DU JOUR Pascale Bories, la relève de la droite gardoise

Voilà trois mois que la Villeneuvoise a fait son entrée au Sénat. Discrète et travailleuse, la quadragénaire soigne son implantation locale… Quitte à refuser un poste auprès du président Les Républicains, Laurent Wauquiez.
Franck Proust à Nîmes, Christophe Rivenq à Alès ou Pascale Bories à Villeneuve... Bousculés par l'élection d'Emmanuel Macron, ces quadragénaires Les Républicains sont amenés à écrire une nouvelle page de l'histoire de leur parti. (Photo : droits réservés)

Objectif Gard : Vous siégez au Sénat depuis trois mois. Quel bilan tirez-vous de vos premiers pas ?

Pascale Bories : Beaucoup de découvertes et de prises de contact, tant à Paris qu’en local. Je retrouve à tous les niveaux une envie de faire avancer le pays, avec forcément des nuances politiques. Je découvre le Gard, ses petites communes, comme Saint-Julien-de-la-Nef. Je tiens absolument à conserver le lien avec le local. Il est indispensable pour alimenter les lois que nous examinons ou élaborons. Je travaille aussi en complémentarité avec la sénatrice Vivette Lopez (Les Républicains) qui siège au sein de la commission Culture. Moi, je suis secrétaire de la commission Aménagement du territoire et développement durable.

Sur quels dossiers travaillez-vous ?

Sur les projets structurants pour le territoire comme celui de la gare LGV de Manduel. La Région a confirmé son financement en novembre à Paris. Il y a aussi la réouverture de la rive droite du Rhône et celle d’Alès-Bessèges. Là-aussi, la présidente de la Région, Carole Delga, s'est engagée. Seulement, nous n’avons aucun retour de la SNCF concernant les études ! Je suis intervenue début décembre auprès de la ministre des Transports, Élisabeth Borne, pour qu’elle mette la pression. Il faut pratiquement les harceler pour avoir des réponses ! Quel est le problème ? Les coûts de fonctionnement ? Qu’ils le disent ! En tous cas, on ne peut pas réduire la pollution sans développer le ferroviaire.

Pascale Bories face au ministre de l'Agriculture, Stéphane Travers, concernant l'impact de la sécheresse sur les agriculteurs. (Photo : droits réservés)

Concernant le tronçon LGV Montpellier-Perpignan, où en est-on ?

L’État français n’a pas déposé le dossier auprès de l’Europe pour obtenir des financements (le projet est estimé à 5,5 milliards d'euros, Ndr). Ça met en avant le double discours et l’incohérence de la politique d’Emmanuel Macron. D’un côté, on a le ministre Nicolas Hulot qui veut réduire la consommation d’hydrocarbures, de l’autre, on ne s’investit pas dans ce type de projet… À l’heure où l’on veut régionaliser les infrastructures, comme la Cour d’Appel de Nîmes, nos trajets vont s’allonger. Il faut se donner les moyens de nos ambitions.

La ministre des Transports Elisabeth Borne a expliqué que ce type de projet n'était pas prioritaire…

Je l’ai entendue en commission remettre en cause le bilan carbone… Qu’elle vienne ici ! Chaque été, il y a des embouteillages monstres sur l’autoroute. Ce tronçon en direction de l’Espagne est indispensable. D'ailleurs, je prends régulièrement cette ligne dans le cadre de mon mandat parlementaire. Les TGV sont toujours pleins !

Elisabeth Borne vient de demander au patron de la SNCF, Guillaume Pepy, de réaliser des investissements sur le réseau déjà existant. Cela risque de se faire au détriment de la liaison Montpellier-Perpignan…

Je pense qu'il y a deux choses : la construction d’une ligne entière, qui n’est pas forcement nécessaire, et l’aboutissement d’une voie. C'est notre cas. Il ne manque qu'un petit tronçon pour rejoindre l'Espagne... 

Concernant les infrastructures, il y a dans le Gard l’aéroport Nîmes Garons. Avez-vous une vision sur son développement ?

J’ai dû établir des priorités en fonction des sujets que je connaissais le mieux. Je n’ai pas eu encore l’occasion d’étudier les atouts et inconvénients de l'aéroport. Mais je serai amenée à le faire.

Parmi votre premiers dossiers, il y a aussi la suppression de la taxe d’habitation. Vous y êtes opposée. Où en est votre recours déposé au Conseil constitutionnel ?

Il a été rejeté. Pour moi, cette réforme est un nouvel ISF pour les 20% d’administrés qui continueront à la payer. Après, il y a la vive opposition des communes. Je reviens sur ce qu’a dit le député d'En Marche! Olivier Gaillard : l’État n’a pas donné d’engagement sur l’évolution des compensations. Les recettes de la taxe d’habitation d’une commune évoluent en fonction des nouveaux habitants et nouvelles constructions. Si au départ l’État compense à l’euro près ces exonérations, quelques années plus tard ce ne sera plus le cas. L'État l'a déjà montré dans le passé. 

Laurent Wauquiez à Nîmes, lors de la campagne pour la présidence du parti Les Républicains. (Photo : Coralie Mollaret)

Parlons de votre famille politique, Les Républicains. Vous avez refusé d’entrer dans l’équipe de votre nouveau président, Laurent Wauquiez. Pourquoi ?

J’ai été très honorée que l’on pense à moi. Mais je préfère me concentrer sur mon mandat au Sénat et au conseil départemental. Je suis aussi maman de trois enfants… Dans la vie, je pense qu'il est important de savoir où l’on va et d’être fidèle à soi-même. Je préfère ne pas me disperser.

Votre refus n’a donc rien à voir avec la ligne assez droitière de Laurent Wauquiez ?

Non, ce n'est pas pour des considérations politiques. Contrairement à certains qui ont quitté notre parti, je reste fidèle à ma famille politique. On peut avoir des nuances, mais je tiens à agir dans ce parti.

Pour devenir sénatrice, vous avez dû abandonner votre poste d’adjointe à Villeneuve. On connaît vos ambitions municipales pour cette Ville. Ce choix ne vous éloigne-t-il pas de votre but ?

M’éloigner ? J’ai entendu ça de la part de certains… En aucun cas je quitte Villeneuve. D’ailleurs les habitants le voient bien : je suis présente dès que je peux. Entre mon mandat au Département et celui de la commune, le choix n’était pas évident. Il a même été douloureux. Si j’ai préféré rester au Département c’est pour me concentrer sur les projets structurants du territoire. Quant au Sénat, il permet de m’enrichir en étant au contact d’autres communes qui fonctionnent différemment. Alors au contraire, j’ouvre mon champ de vision et j’aborde les problèmes différemment.

Enfin, vous êtes aujourd’hui (une jeune) sénatrice. Votre voix compte. Que pensez-vous de la guerre ouverte entre le patron des Républicains et celui de l’UDI ?

L’année 2017 a eu son lot de surprises… Mais en politique, nul ne peut faire de prévisions. Les échéances électorales de 2019 et 2020 arrivent. Tout peut évoluer… Moi, je souhaiterais que les discussions soient réamorcées. Et je regretterais que l’UDI se rapproche à des fins électorales de La République En Marche. N’oublions pas qu’En Marche ! est composé d’élus qui étaient étiquetés PS ou à Gauche jusqu’à la veille des élections. L’histoire et les convictions ne sont pas les mêmes. Les rapprochements devraient rester UDI-LR. Certes, il y a des conflits locaux. Mais je serai attentive à ce qu’il y ait des débats au niveau national entre LR et UDI. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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