Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 27.01.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 1073 fois

GARD « On n’est pas morts » : le FN lance sa refondation

C’est un des paradoxes engendrés par les élections de l’année dernière : pourtant au second tour de la présidentielle, le Front national a semblé sortir groggy de l’année 2017.
La conseillère régionale PACA et "ambassadrice" de la "refondation" du FN Eléonore Bez, entourée du maire de Beaucaire Julien Sanchez et du chef du FN gardois Nicolas Meizonnet (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Débat de l’entre deux tours raté, retrait de Marion Maréchal-Le Pen, incapacité à monter un groupe parlementaire, ce qui a laissé le créneau de premier opposant médiatique à l’Assemblée nationale préempté par la France insoumise, départ du vice-président Florian Philippot… les avanies se sont multipliées pour un parti qui engage aujourd’hui sa « refondation », selon le terme officiel.

« Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide »

Pour ce faire, 18 « ambassadeurs » (il s’agit là aussi de la terminologie officielle) ont été choisis par le siège. Pour le sud, c’est la conseillère régionale de PACA Eléonore Bez qui s’y colle depuis une quinzaine de jours. Après s’être rendue dans les fédérations de l’Hérault et de la Lozère, c’était désormais au tour du Gard, qui revendique autour de 2 000 adhérents à jour, de l’accueillir ce samedi. « C’est un sujet qui s’inscrit dans la continuité du processus initié par Marine Le Pen en 2011, un processus d’amélioration continue, de professionnalisation, explique le numéro 1 du parti dans le Gard Nicolas Meizonnet. C’est un travail salutaire. »

Car pour lui, « il est l’heure de tirer les conclusions de la présidentielle, de remettre en question ce qui ne fonctionne pas, de dire ce qui a fonctionné et de faire le point avec les cadres et les militants. » A écouter les huiles gardoises du parti, il n’y aurait donc pas le feu à la maison FN : cette « refondation » est là pour « progresser encore plus », estime le maire de Beaucaire et porte-parole de Marine Le Pen Julien Sanchez.

Et le parti lepéniste d’insister sur le caractère participatif de cette « refondation », pour laquelle « il n’y a rien de plus important que de recueillir la parole et d’aller au contact », souligne Eléonore Bez. Il s’agit aussi de faire passer un message : « voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide », poursuit la conseillère régionale, qui voit dans la séquence politique de 2017 « un grand succès pour le FN. » Ceux qui n’en sont pas convaincus auraient été influencés par « beaucoup de médias qui se sont ligués contre nous », élude Eléonore Bez. L’argument reviendra à plusieurs reprises dans ses propos, rappelant les « fake news » brandies de l’autre côté de l’Atlantique, mais passons.

Le défi de l’implantation locale

Revenons-en aux adhérents : la tournée actuelle et le questionnaire envoyé il y a quelques semaines aux adhérents ont pour but de « recueillir des propositions pour le congrès du 10 et 11 mars à Lille », explique l’élue. Un des points importants de cette consultation présentée comme ouverte concerne la doctrine du parti, « pour installer un débat constructif visant à passer de parti de pure opposition à un parti d’alternative. » Rien de nouveau sous le soleil pour l’ambition, donc. La consultation permettra-t-elle de trancher certains débats internes et de tourner la page de Florian Philippot, ex vice-président et ancien théoricien du parti ? « Je ne pense pas qu’il ait été le théoricien du parti », estime Julien Sanchez. Reste que la question de la sortie de l’euro, point d’achoppement de la dernière présidentielle, reste visiblement sensible. Il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour obtenir une réponse d’Eléonore Bez : « elle se fera avec un calendrier, une renégociation des traités, mais ce n’est pas le sujet majeur. » L’élue préfère dire malgré tout que « le FN n’a jamais changé de convictions, alors qu’Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez (président de LR, ndlr) vont là où le vent les porte. »

La prochaine cible pour le parti se passe cependant loin de Paris. « Il est fondamental de travailler à notre implantation locale », tranche Julien Sanchez. L’équation est simple : « là où nous avons des villes, nous avons des résultats spectaculaires, avec plus de 50 % pour Marine Le Pen au second tour », présente le maire de Beaucaire, ville où la candidate frontiste a réuni 55,47 % des voix le 7 mai dernier. Une implantation pour l’heure insuffisante pour passer au palier supérieur, puisque le FN n’a toujours qu’un seul député dans le Gard — et encore il n’a pas sa carte au parti — en la personne de Gilbert Collard sur la deuxième circonscription.

Il faut donc pour le FN recruter plus que des voix, des militants prêts à s’engager électoralement pour espérer prendre de nouvelles villes, objectif affiché dès aujourd’hui pour Nîmes, Vauvert et Saint-Gilles. Pour l’heure, nombre de conseillers municipaux frontistes d’opposition ont démissionné ou brillent par leur absence dans de nombreuses villes, comme à Bagnols ou Pont-Saint-Esprit, « ce qui fait partie de la vie d’un parti politique et qui n’est pas propre au FN », balaie Nicolas Meizonnet. Il s’agira cependant malgré tout d’un des enjeux de la « professionnalisation » évoquée plus haut dans le cadre de la « refondation. »

Une « refondation » utilisée également par le chef du FN gardois pour faire passer un message politique teinté de ce qui ressemblait à un aveu du fait que 2017 n’avait pas été si rose que ça pour le parti : « on n’est pas morts ! Le cadavre en a sous la semelle, il bouge et se prépare aux échéances électorales. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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