Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 02.02.2018 - florence-genestier - 2 min  - vu 593 fois

Le 7H50 de Rémi Boileau de Courir à Vauvert : "Aucun regret d'avoir organisé cet hommage à Alexia..."

Après les aveux du mari d'Alexia, la joggeuse de Gray n'a jamais été agressée pendant son entraînement. Interview de Rémi Boileau, organisateur de la course qui avait réuni 430 personnes à Vauvert en souvenir de la jeune femme.
Rémi Boileau, président de Courir à Vauvert et organisateur de la seule course-hommage à Alexia dans le Gard

Le mari d'Alexia Daval vient d'avouer le meurtre de sa femme, qui n'est jamais partie courir seule le jour de sa mort. Cette triste révélation change-t-elle quelque chose à votre implication dans l'hommage vauverdois d'il y a trois mois ?

C'est triste et terrible mais il n'y a pas lieu de regretter cet hommage et l'énergie dépensée. À aucun moment. Les joggings en son hommage ont initialement été demandés par ses parents. Même si Alexia n'a pas été agressée pendant qu'elle s'entraînait, elle pratiquait très régulièrement. Ce fait-divers a fait évoluer les pratiques, car il a beaucoup choqué. Le mari a, a priori, manipulé tout le monde, y compris ses beaux-parents, avec ses mensonges. Pour nous, cela ne change rien. Lors de la soirée, avant le départ, j'ai rappelé le nom de toutes les femmes agressées lors d'une course. Ce petit footing en sa mémoire, c'était la meilleure façon de se souvenir d'elle.

430 coureurs venus de tout le Gard et même de plus loin avaient rendu hommage à Alexia en courant pour elle le 8 novembre dernier à Vauvert.

Vous aviez réuni les principaux clubs du Gard et des alentours avec cette course. On entendait aussi beaucoup de sportives annoncer qu'elles allaient changer leurs habitudes et ne plus courir seules. Est-ce une tendance qui s'est confirmée cet hiver ?

Oui, ça a beaucoup choqué. Dans les clubs que je connais, les femmes prennent plus de précautions. Certaines ont renoncé à courir seules. D'autres n'empruntent jamais le même parcours. À Courir à Vauvert, on a mis sur pied un groupe privé sur un réseau social bien connu qui permet à celles qui veulent courir hors des entraînements réguliers du club de trouver des partenaires très vite. À Vauvert, on a des bois magnifiques pour s'entraîner. Si on est toujours sur le qui-vive, on ne profite ni de la nature, ni on ne se concentre sur ses objectifs. On a constaté aussi partout en France une recrudescence d'inscriptions de femmes en clubs. Il y a trente ans, quand j'ai participé à mes premières courses, il n'y avait que 5 à 10% de femmes au départ. Le public se féminise et c'est tant mieux ! Mais quand elles courent seules, il est fréquent qu'elles soient  gênées par des réflexions à leur passage ou même suivies pendant quelques centaines de mètres. Je n'ai jamais vu un homme se faire agresser pendant un jogging. Pour les femmes, c'est hélas fréquent.

Le récit de la fausse agression d'Alexia a-t-elle détourné certain(e)s de la pratique de la course à pied ?

Non. Cela a changé les habitudes des coureuses, rendu les gens conscients du problème et plus vigilants. On a toujours autant de pratiquants et le succès des courses organisées localement ( Vauvert accueille ce dimanche la 31e édition de la foulée des Halles) ne se dément pas. La course, c'est le seul sport où vous participez aux mêmes épreuves que vos vedettes préférées. Comme si vous disputiez un set avec Federer ou si vous faisiez une passe à Neymar ! C'est unique. Il faut vivre le frisson d'un départ de marathon, avec des milliers de personnes. On court la même distance qu'eux. À aucun moment, on ne peut regretter cet hommage à Alexia Daval, qui partageait cette passion.

Propos recueillis par Florence Genestier

Florence Genestier

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