L'opération prévue était grosse et ambitieuse. Plus qu'à Paris, la province a su répondre à l'affront ressenti. Pour le Gard, un départ de Nîmes avec les représentants des départements voisins des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse était au programme. Le point de ralliement final était quant à lui fixé du côté de Gallargues pour y retrouver les collègues héraultais.

Pourquoi une telle manœuvre ? Si vous n'avez pas suivi les actualités, Amandine, motarde depuis trois ans vous les raconte à sa manière : "nous sommes contre l'abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80km/h sur les routes secondaires. On en marre de se faire pomper notre fric et de voir toujours autant de morts sur les routes malgré les lois liberticides qui fleurissent depuis quinze ans. Il ne faut pas oublier la privatisation des radars qui va faire rentrer pas mal d'argent dans les caisses de l'État sur notre dos."

Étaient présents au rendez-vous, tous les mécontents de cette réforme et plus encore... Autos, motos et même camions sont venus tâter du klaxon et mugir ("comme des vaches à lait") du moteur pour libérer une colère qu'ils retenaient depuis trop longtemps. Mais soyons honnêtes, les motards étaient très largement surnuméraires.

Au stade des Costières, des centaines de deux-roues garnissaient le parvis de bécanes et démontraient un ras-le-bol généralisé. "Les expérimentations réalisées ne sont pas très sérieuses. Il y a certainement eu moins de morts mais pourquoi ? Les routes choisies étaient les moins dangereuses, des tronçons ont fait l'objet de nombreux aménagements qui sécurisaient la chaussée. Les amendes se sont multipliées et l'argent a commencé à devenir l'intérêt principal de l'affaire. La vitesse est un vecteur aggravant mais il faut travailler sur le comportement des usagers de la route pour faire diminuer l'insécurité routière. C'est le plus important et il y a un vrai travail de fond à accomplir. Si les gens étaient moins sur leur téléphone, moins en train de chanter ou moins en train de se demander comment ils finiront le mois sans être à découvert, les accidents seraient moins nombreux", affirme Guy, un Vauclusien qui aimerait une réforme visant à mieux former les usagers de la route et à marteler que tant que les voitures autonomes ne seront pas généralisées, les usagers de la route seront les maîtres de leur véhicule.

Sur le trajet menant jusqu'à Gallargues, des opérations ont eu lieu. Marquage au sol du radar de Milhaud, barrage filtrant et distribution de tracts. "Non au 80 km/h sur les routes bidirectionnelles ! Cela ne fera pas baisser le nombre de tués sur la route. Les sociétés privées de radars embarqués voudront faire du chiffre...", évoquent les organisateurs et membres de la Fédération Française des Motards en Colère.

S'ajoutent à ces raisons d'autres options de repêchage. "Pour une meilleure politique de sécurité routière, le gouvernement ferait mieux de s’occuper de l’état des routes. Elles sont en perpétuelle dégradation. L'État pourrait aussi doubler les rails de sécurité qui font des motards des steaks hachés et, dans le même temps, il pourrait faire de la pédagogie et non de la répression."

De son côté et un peu en marge de la manifestation, Mathieu, motard depuis 17 ans, philosophe : "on nous rabâche que si on réduit la vitesse, il y aura moins de morts mais je n'y crois pas une seule seconde. Les pays nordiques font le contraire et sont parvenus à diminuer leur nombre de décès. On devrait en finir avec les limitations et responsabiliser les automobilistes. Je pense que l'humain est suffisamment intelligent pour comprendre où sont les limites."

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