Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 12.02.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 2755 fois

FAIT DU JOUR À Liouc, le drapeau de la discorde

Sensible à la cause palestinienne, Roland, un Lioucois de 27 ans, a suspendu à sa fenêtre un drapeau de la Palestine. De quoi provoquer la crispation du maire, qui lui a demandé expressément de le décrocher.
Roland a accroché son drapeau de la Palestine àsa fenêtre (Photo : droits réservés)

On défend tous une cause. Un combat pour lequel on se sent concerné et pour lequel on compte s’impliquer. Celui de Roland, 27 ans, c’est la Palestine. D’origine « vietnamienne, irlandaise et italienne », le jeune homme réside dans le village de Liouc, collé à Quissac. Une localité a priori sans histoire où résident 250 âmes. Seulement ces dernières semaines une polémique agite la commune.

« Pas du meilleur goût »

« J’ai eu des remarques d’habitants, surpris et choqués par un drapeau de la Palestine qui flotte à la fenêtre d’un appartement devant la mairie », s'inquiète le maire, Daniel Anguiviel. Son drapeau, Rolland l'a accroché il y a plusieurs semaines, juste après que « le président américain, Donald Trump, a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël (*). Je veux simplement sensibiliser sur les territoires palestiniens où les gens sont enfermés et en détresse. »

Le problème c'est qu'à Liouc les rumeurs et les peurs vont bon train. Peut-être un peu trop, d'ailleurs. Face aux interpellations de quelques habitants, le maire a interrogé son cabinet juridique. « Légalement, il est dans ses droits, au titre de la liberté d’expression », indique Daniel Anguiviel, « seulement, si ça créé un trouble à l’ordre public, type manifestation ou pétition, il devra l’enlever. »

Forte de ces explications, la municipalité envoie un courrier à l'intéressé. Le maire y va même de son petit commentaire, estimant que ce drapeau n'était pas « du meilleur goût. »  Des propos qui ont choqué Roland : « quand j’ai lu ça, j’ai halluciné ! Ça veut dire quoi pas du meilleur goût ? J’ai mis le drapeau de la Palestine, comme j'aurai pu mettre celui du Tibet ! Mon combat, c’est un combat comme un autre ! »

« Je ne suis pas un terroriste ! »

Quelques jours après l'envoi de cette lettre, le premier magistrat et son adjoint se rendent au domicile de l'administré. « Quand ils sont venus, ils ont fait des allusions au terrorisme. J’ai été choqué ! Je n’ai pas accroché le drapeau Daesh, non plus ! », s'indigne Roland. Le maire, lui, a trouvé son administré agressif : « Il a refusé de l'enlever, me rétorquant qu'il était dans son droit. »

Dans cette affaire, le maire pense avoir un atout dans sa manche : « depuis octobre, ses loyers sont impayés. Il loge dans un studio, propriété de la mairie. Pour l’instant, nous ne pouvons pas l’expulser parce que la trêve hivernale n’est pas terminée. » Un chantage à l’expulsion ? « Non », soutient l’édile. De son côté, Roland se défend : « j’attends un rappel d’APL (*) de 14 mois. Ils me doivent 4 000 €. Tout ça est en train de rentrer dans l’ordre. »

Un terrain d’entente ?

Reste à comprendre pourquoi ce drapeau attise autant les passions ? De sensibilité écologique, le maire se dit plutôt « favorable à ce que les Palestiniens aient un État. » Toutefois, il fait remarquer « dans mon village, il y a une ligne rouge à ne pas franchir. Mettez-vous à la place du maire. Au premier tour des municipales, le Front national est arrivé en tête. Moi, je suis inquiet. » 

Dans un esprit de conciliation, Roland accepterait de retirer son drapeau si l'édile autorisait une exposition ou une conférence pour qu'il puisse exposer sa cause. Si l'affaire est conclue, Objectif Gard se propose même de faire un tour à Liouc, pour couvrir l’événement…

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

*Le statut de Jérusalem est au cœur des négociations entre Israéliens et Palestiniens. L’ONU estime que le statut final de la ville doit être négocié entre les deux parties. 

*Aide personnalisée au logement. 

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