Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 12.02.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 953 fois

LUNDI SANTÉ La Maison des parents devient aussi celle des patients

Libérer des lits, améliorer les conditions d'accueil et limiter la durée des séjours des patients sont les objectifs de cette nouvelle convention signée entre le CHU de Nîmes et la Maison des parents.
Dans un parc, la Maison des parents (Photo Anthony Maurin).

Le professeur Pierre Costa, Fred Perrier, Martine Ladoucette et Jean-Emmanuel de La Coussaye (Photo Anthony Maurin).

"Je suis satisfaite que le Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes soit retenu parmi les 41 établissements français pour l'expérimentation de ce dispositif créé en 2015 pour un hébergement non médicalisé. C'est l'équivalent d'un hôtel mais il n'y aura ni soin ni surveillance. C'est une simple structure d'hébergement car l'état de santé des patients ne nécessite plus d'hospitalisation. En fait, c'est une sorte d'hôtel hospitalier", annonce Martine Ladoucette, directrice générale du CHU.

Un hôtel à deux pas de l'hosto... Chose rare dans nos contrées mais pourquoi pas ? La Maison des parents, créée comme son nom l'indique pour que les parents d'enfants hospitalisés viennent et puissent rester à moindre coûts au côté de leur bambin change un peu de positionnement et répond parfaitement aux enjeux que rencontre le CHU.

"Parfois, nous sommes obligés de faire venir des gens qui n'ont pas forcément besoin de soin avant ou après qu'ils ont été opérés. Il est évident que si on demande au CHU une gestion tendue des lits, il est important d'éviter des nuitées non justifiées, il y va de l'intérêt général", poursuit la directrice.

Pour le CHU de Nîmes, l'enveloppe étatique est fixée à 25 000 euros annuels. À raison de 45 euros la nuitée, en faisant un rapide calcul, ce sont 600 nuitées qui sont avancées et qui libèrent en moyenne près de deux lits par nuit à l'hôpital. "On imagine que les patients auront du mal à payer mais c'est confortable et peut-être que bientôt ils n'auront plus le choix. Cette expérimentation sert de modèle de financement afin que s'adaptent l'Assurance Maladie et les Mutuelles qui d'ailleurs ne souhaitent pas participer", affirme Martine Ladoucette.

Le professeur Pierre Costa a lui aussi son idée sur l'expérimentation en cours pour une durée de trois ans. "Vous connaissez tous notre situation... Les budgets sont légèrement revus à la hausse mais les dépenses hospitalières, notamment en oncologie, explosent. Il faut soigner beaucoup plus avec à peine plus de moyens. Nous ne pouvons plus garder quelqu'un dans un lit alors qu'il n'en a plus besoin. Ici, le CHU est complet presque tous les jours. L'hôpital n'est pas loin de la Maison des parents et on est en France, on peut déclencher le Samu si besoin", avoue le chef du pôle chirurgies. Car cette expérimentation devrait rapidement s'étendre à d'autres services du CHU. C'est en médecine que les lits manquent le plus...

(Photo Anthony Maurin).

Pour Fred Perrier, président de la Maison des parents créée il y a douze ans et située à 800 mètres de l'entrée de l'hôpital nîmois, "nous avons un grand parc et une église de l'Assemblée chrétienne. La maison est composée de neuf chambres et depuis le début nous entretenons de bons rapports avec le CHU. En moyenne, nous avons cinq réservations par jour donc nous sommes loin d'être complets. Avec ce projet, tout le monde sera content."

Jean-Emmanuel de La Coussaye, président de la Commission médicale de l'établissement, est lui aussi très clair sur le sujet. "Aux États-Unis, il y a des décennies que cela existe. Il est préférable de rester le moins longtemps possible à l'hôpital. On est toujours mieux à la maison, y compris pour les germes. Population et malades seront sélectionnés mais je le dis tout haut, c'est un scandale que les mutuelles ne participent pas. En tout cas, on fera en sorte que l'expérimentation réussisse car elle va s'étendre. Il y a de nombreux avantages pour que cela devienne une chose courante. C'est bénéfique pour tout le monde."

Tout le monde ? pas si sûr... Pas sûr en effet que les donateurs originaux de la Maison des parents soient en accord avec les nouvelles pratiques qui transgressent un tantinet l'idée de départ. Si les parents seront toujours privilégiés, ils devront faire la queue.

À l'entrée du CHU, la Maison des parents est déjà visible (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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