Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 14.02.2018 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 1121 fois

JUSTICE Dépressif et somnambule, le policier battu par sa compagne avait riposté...

Le Palais de Justice de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

(Photo d'illustration. DR)

Lors d'une audience du tribunal correctionnel on n'est jamais très loin de l'univers de Franz Kafka ou du royaume du père Ubu...

Jeudi dernier, à Nîmes, c'est un policier en poste au commissariat d'Arles qui comparaissait pour des faits de "violences aggravées n'excédant pas 8 jours" pour des faits commis à l'encontre de son ex-concubine. En arrêt maladie pour dépression depuis plusieurs mois, c'est tout penaud et passablement perturbé que se présente à la barre Fabrice B., des trémolos dans la voix.

Le policier explique qu'il est père d'une petite fille de 10 ans et qu'il vit séparé de la mère de l'enfant avec laquelle il conserve nonobstant d'excellents rapports. Ce qui n'est pas le cas avec sa dernière compagne en date, une personne qu'il avait rencontré au sein de la structure dans laquelle il était pris en charge dans le cadre de sa pathologie.

Le 20 mars dernier, une dispute éclate en soirée au sein du couple, semble-t-il coutumier du fait. Selon le quadragénaire, son ex-amie a été prise "d'une véritable crise de démence. Alors que je dormais, je me suis réveillé en pleine nuit. Elle n'était pas à côté de moi. Je suis redescendu dans le salon et elle a commencé à s'en prendre à moi. J'ai honte de le dire mais je suis un homme battu. Cette fois elle m'a jeté une demi-noix de coco au visage, un tabouret et une prise péritel. Mais ce n'était pas la première fois qu'elle me battait. En novembre dernier, alors que nous avions renoué notre relation, j'ai dû fuir en pleine nuit car elle me menaçait avec trois couteaux." Des faits pour lesquels Fabrice B. a porté plainte dans une procédure toujours en cours...

Et de lames et de larmes, il est encore question cette fois entre l'archer du roi et sa dulcinée, définitivement à couteaux tirés. "Cette fois, je me suis réfugié dans la salle de bain, la seule pièce qui ferme à clé. Mais elle m'a poursuivi et a lacéré la porte de coups de couteau." Les relevés auxquels procéderont ultérieurement les gendarmes compileront en effet 19 impacts sur la porte, confirmant les propos de l'intéressé sur ce point. Croyant sa concubine enfin calmée, Fabrice B. prend le risque de sortir de son abri. Il ne pourra pas éviter que le tête-à-tête ne finisse en corps-à-corps avec la victime...

Mais c'est sur un autre terrain que l'attend le président Bandiera : "sur le certificat médical produit dans la procédure on relève que la victime portait de très nombreuses traces de coups dont certaines étaient déjà anciennes. Elle dit que c'est vous qui la frappiez..."

Dénégations du prévenu : "Non je ne l'avais jamais frappée avant ça. Je n'avais jamais riposté... Là, j'ai donné trois ou quatre coups dans les jambes avec un pied de tabouret pour la maîtriser et la désarmer. Je suis somnambule et je me lève parfois la nuit. Je fais des choses dont je ne me souviens pas mais mon ex-femme (la mère de sa fille, NDR) m'a toujours dit que je n'étais pas violent. Elle est dans la salle et peut vous le confirmer !"

Reste que, selon le procureur, les faits sont clairement établis "même si le comportement de la victime apparaît problématique." Il réclame 1 mois de prison avec sursis à l'encontre du prévenu. 

L'avocate de Fabrice B. ne l'entend pas de cette oreille et plaide la légitime défense pour son client. Elle ne sera pas reçue dans sa demande. Déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés, le policier écope d'un mois de prison avec sursis et de 150 euros de dommages et intérêts à la victime. Une condamnation qui, à sa demande, ne figurera pas au volet B de son casier judiciaire afin de ne pas porter préjudice à sa carrière professionnelle.

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard.com           

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