Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 23.02.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1114 fois

UZÈS L'ex-député Cavard n’a pas dit son dernier mot

Défait aux législatives, l’écologiste Christophe Cavard a pris du recul. Engagé en politique depuis ses 16 ans, l’homme compte bien revenir sur le devant de la scène à l'approche des municipales d’Uzès.
L'ancien député Christophe Cavard et le maire d'Uzès, Jean-Luc Chapon (Photo : Eloïse Levesque)

Objectif Gard : Comment se sent-on quand, du jour au lendemain, on est mis au banc de la vie publique ?

Christophe Cavard : Ça n'a pas été facile. J’ai eu tout le mois de juillet pour digérer ma défaite. J’ai pris du recul, j’ai voyagé en Europe. Je me suis demandé si ma défaite était un échec personnel ou collectif. Moi, je pense que c’est collectif. On l'a bien vu, le but des électeurs était d’éliminer François Hollande et ceux qui avaient participé à son quinquennat. La preuve : mon successeur Philippe Berta est passé de 2% aux législatives de 2012 à 33% en 2017 !

En tant qu'homme, que ressentez-vous ?

C’est surtout un changement de rythme. Je fais plus attention à moi, à mon entourage. Je lis… Le dernier bouquin que j’ai avalé était celui de Vincent Feltesse, ex-conseiller de François Hollande.

La politique n’est jamais très loin…

Je me suis engagé à 16 ans et je suis élu depuis l’âge de 28 ans. La politique, c’est une vocation. Une envie d'aider à changer les choses. Aujourd’hui, je suis plutôt apaisé, serein. Je suis libre dans ma réflexion et je ne me soucie plus de devoir rendre des comptes si je sors de la ligne.

Ses fiertés, ses regrets 

De quoi êtes-vous le plus fier dans votre mandat de député ?

Tout mon travail sur la radicalisation. Il y a aussi la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Ça a été pour moi la preuve qu’un député peut réellement agir. Grâce à elle, le droit français a reconnu le statut de l’entreprise de l’économie sociale. Des marchés publics leur ont même été réservés. Il y a eu aussi la légalisation sur le territoire français des monnaies alternatives. La mieux organisée se trouve à Toulouse.

Des regrets ?

Dans ces périodes-là, il y a tellement de charge de travail qu’on a la frustration de ne pas aller assez au fond des choses. J’aurai aimé travailler sur les collectivités territoriales pour un renforcement de leur autonomie, dans une logique très fédéraliste.

Quel regard portez-vous sur les nouveaux députés du Gard ? Votre successeur, Philipe Berta, par exemple ?

J'ai de bons rapports avec lui. Il travaille essentiellement sur des sujets qu’il maîtrise. Il est dans une logique de technicité. J’ai participé à des réunions territoriales où il expliquait ce qu’il faisait. Il faut qu'il fasse attention : à vouloir trop plaire à tout le monde, on finit par tenir des discours différents aux gens, comme sur le parc naturel régional des Garrigues. Voilà le petit reproche que je pourrais lui faire. Après, s’il y a bien quelqu’un qui a été constant dans son parcours politique, c’est Philippe. C’est plus logique que lui soit député que Françoise Dumas.

Pourquoi ?

Je connais Françoise Dumas depuis longtemps. C’est plutôt une femme de Droite. Je suis libre maintenant. Je peux dire les choses. Ancienne socialiste, elle est passée chez En Marche ! aux législatives. Le gouvernement d'Emmanuel Macron va plus vite pour libérer l’économie que pour libérer la pensée, la société, le social. Elle me donne l’impression de se régaler dans ces logiques là. Alors pourquoi a-t-elle eu des années d’engagement à Gauche ? C’est là où je dis que ce n’est pas normal ! D'ailleurs, c'est certainement la raison principale à l'échec des municipales à Nîmes en 2014.

Uzès 2020 dans le viseur

Et vous, la politique, c'est vraiment fini ?

J’ai passé l’été à me demander si c’était le moment d’arrêter, de passer à autre chose. La réponse est non. J'ai 47 ans et j'ai décidé de m’engager dans les municipales d’Uzés où j’habite. Il y a assez de divergences de projets entre le maire sortant, Jean-Luc Chapon, et moi pour imaginer que les électeurs tranchent à la fin.

Avec la candidature potentielle de Fabrice Verdier, il va y avoir du monde à Uzès... 

J'entends les rumeurs sur mon ancien collègue député Fabrice Verdier. Pour l'instant, il ne l’a pas encore officiellement déclaré. On verra. Ce n’est pas mon problème.

Avez-vous commencé à constituer votre équipe ?

L’opposition est déjà présente et je travaille avec elle. Il y a des sujets clivants comme la zone d’activité à Montaren : 13 hectares de terres agricoles sur lesquels Jean-Luc Chapon veut implanter des commerces. Il y a aussi la construction d’un palais des congrès à 6,5 M€. Moi, je pense que c'est totalement fou en terme de dimensionnement et donc de financement. D'ailleurs, la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) n'a pas encore accordé de subventions*. Moi, je pense qu'il faut une grande salle culturelle, mais pas un palais comme le maire envisage de le faire.

Tour à tour au Parti communiste, à EELV, aux Écologistes !… Prévoyez-vous d’adhérer à un nouveau parti politique ?

Non, pas pour l'instant. Je crois encore plus aujourd'hui en l’écologie politique. Je suis toujours dans les réseaux écologistes réformistes et je suis en contact avec Olivier Faure, président du groupe Parti socialiste à l’Assemblée. Communistes, écologistes, socialistes… Des ruines de ce qui reste de tous nos partis. J’espère qu’il en ressorte quelque chose de positif. C’est ce que j’aimerais tester dès les municipales, pour être clair.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

*Élue sur le canton d'Uzès, la conseillère départementale Bérengère Noguier a voté contre la subvention attribuée par le Département au projet de palais des congrès de la commune d'Uzès.

Coralie Mollaret

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