Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 26.02.2018 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 2546 fois

LE 7h50 du Procureur général : "dans le Gard, il y a un phénomène impressionnant de violences"

Sans langue de bois, le patron du parquet général, Michel Desplan, brosse un état des lieux inquiétant mais sans concession de la juridiction gardoise. Le poids des maux...
Michel Desplan, procureur général à la cour d'appel de Nîmes (Photo Objectif Gard/ B.DLC)

Objectif Gard : Magistrats, policiers, gendarmes. Tous sont  impressionnés par le niveau de violence dans le Gard. Qu'en pensez-vous ?

Michel Desplan :  J'ai exercé dans plusieurs régions avant d'arriver à Nîmes, dans l'Est ou en région parisienne, par exemple, où le niveau de violence était très élevé. Sans établir de comparaison, il est vrai que dans certains départements du Sud de la France et dans le Gard, il y a un phénomène impressionnant de violences crapuleuses ou non crapuleuses. Pour un mauvais regard par exemple, les automobilistes en viennent aux mains. C'est quelque chose de particulièrement marquant ici. Il y a une spécificité dans le Gard dans le domaine de la circulation routière et il suffit de le constater quotidiennement dans la rue. Des conducteurs font n'importe quoi. Ils mettent en danger la vie des autres. Des personnes sont agressées à cause de conduites inadaptées. Il y doit y avoir des réponses pénales et des poursuites systématiques. Mais les violences en général ne sont pas une marque de fabrique spécifique au Gard, il faut relativiser.

Des crimes, des affaires sordides ont d'ailleurs fait la Une des médias, avec toujours en toile de fond ces agressions incroyables... 

J'ai demandé aux procureurs de mon ressort de ne plus correctionnaliser des affaires de vol à main armé au domicile des particuliers. Les gens ont le droit d'être tranquille chez eux... Dorénavant les agressions avec armes au domicile doivent systématiquement être jugées devant la Cour d'assises. Il y a trop de dossiers graves de particuliers qui sont frappés et violentés chez eux. À titre d'exemple, je pense à un commerçant de Montpellier qui a été sauvagement agressé chez lui sur les hauteurs de Nîmes, fin 2017, alors que sa compagne et ses enfants étaient présents. Et puis il y a l'affaire de cette vieille dame qui a été grièvement blessée par balle dans sa villa alors qu'elle dormait. Un dossier qui a marqué les esprits. Où encore le meurtre d'un homme de 90 ans à Bessèges. Les gendarmes ont fait un excellent travail sur ces deux dernières affaires en interpellant plusieurs personnes.

Dans un autre registre de violence, on s'aperçoit que de nombreuses tentatives de meurtre se sont déroulées dans les quartiers populaires de Nîmes...

Là, nous sommes dans une autre thématique. Celle du trafic de stupéfiants et des conflits liés à des bandes rivales. Effectivement, il y a une inquiétude sur l'utilisation des armes : des Kalachnikovs utilisés dans certains quartiers. Il y a eu en 2017, cinq tentatives de meurtre dans le Gard contre douze dans le Vaucluse, un département qui est également dans mon ressort. La police judiciaire travaille sur tous ces dossiers.

Les vols et violences imputables aux mineurs sont également mis en avant dans le Gard. Qu'en pensez-vous ?

Oui, il y a un souci avec les mineurs qui a été évoqué récemment lors d'une réunion avec la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse de la région. Il est prévu la création de nouveaux centres éducatifs fermés pour s'adapter au niveau de délinquance des mineurs qui est très élevé dans le Gard. Il est primordial d'apporter des réponses adaptées et de traiter tous les dossiers sur le plan judiciaire et éducatif.

Propos recueillis par Boris de la Cruz

Boris De la Cruz

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