Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 27.03.2018 - corentin-corger - 4 min  - vu 1696 fois

FAIT DU JOUR Un Nîmois sonne la Revolt dans le prêt-à-porter

Julien Pfouma-Emande a crée sa marque de vêtements, Revolt, qui se commercialise dans le monde entier.

Un polo imaginé par Julien et qui se vend dans le monde entier (photo Corentin Corger)

À 33 ans, Julien Pfouma-Emande, a décidé de lancer sa propre marque de vêtements, Revolt. Depuis juin 2016, ce nîmois commercialise sur internet, polos et tee-shirts à l'effigie de la France. Une manière de rendre hommage à sa terre d'accueil à laquelle il est très attaché. 

Julien a beaucoup réfléchi avant de se lancer dans le monde du prêt-à-porter et le jeune homme voulait innover dans ce milieu. "Il n'y avait pas de marques françaises pour rivaliser avec Diesel et Superdry. Je me suis inspiré de ce style tout en gardant l'élégance à la française", précise le camerounais d'origine, arrivé en France à l'âge de 14 ans. Une élégance qui se retrouve dans la qualité de ses produits et également dans le prix. Comptez 35 euros pour un tee-shirt et 50 euros pour un polo. "J'ai conscience que le prix est un peu élevé pour ce type de vêtements. Surtout que je cible une tranche d'âge de 15-25 ans qui n'a pas toujours les moyens de mettre plus de 30 euros dans un tee-shirt." Un point sur lequel Julien a prévu d'évoluer en créant une gamme plus accessible à partir de 20 euros tout en conservant une collection premium.

Des vêtements que le Nîmois veut essayer de produire au maximum en France et même dans la région. C'est une entreprise de Sète qui s'occupe de la fabrication et de la commercialisation. Car Julien n'a pas de locaux propres à sa société. Tout se passe chez lui, dans son appartement. Une aventure démarrée seul et soutenue par l'ADIE (association pour le droit à l'initiative économique) à hauteur de 3 000 euros. Un ami graphiste pour dessiner le logo et Julien se lançait, non sans mal. "Administrativement parlant, ça a pris énormément de temps pour tout mettre en place. Parfois, j'ai même pensé tout arrêter en me disant que ça ne marcherait pas."

Finalement Revolt voit le jour en juin 2016. "C'était un gros risque de sortir une nouvelle marque pendant les soldes, mais d'abord je voulais voir si le concept plaisait." L'entrepreneur avait tout misé sur la communication, notamment sur Facebook. Pari réussi car rapidement, la marque commençait à intéresser : "au bout de trois, quatre semaines, je vendais deux à trois tee-shirts par jour, ce qui était plutôt satisfaisant." Julien sait que son projet est encore nouveau et en accepte les sacrifices. "C'est très dur de se faire une place dans ce milieu. À l'heure actuelle, je ne suis pas encore rentré dans mes frais et je ne me dégage pas de salaire. Il ne faut pas penser à l'argent dès le départ, si tu viens pour être riche, tu te loupes ! " La tête sur les épaules, le résident du quartier de Pissevin avance sûr de lui et sûr de son concept.

Un amour inconditionnel pour la France

Arrivé en France à 14 ans, Julien n'avait pas la moindre idée de comment tracer son avenir. "Comme la plupart des jeunes, j'avais l'impression que c'était mieux ailleurs. Vers l'âge de 20 ans, j'ai décidé de voyager dans une quinzaine de pays comme la Suisse, l'Australie ou Hong-Kong." Mais au final, le globe trotter n'a qu'une envie, revenir en France. "Rien que le fait de parler français, cela marquait les gens. J'ai rencontré des gens qui rêvaient de vivre en France. Ce fut une leçon de vie pour moi. J'ai compris l'aura incroyable de ce pays à l'étranger et je me suis rendu compte que j'étais mieux en France."

Du bleu, du blanc, du rouge comme ADN de la marque, des tee-shirts floqués du coq pour rendre hommage "à ce pays qui m'accueilli et donné des possibilités." Et un logo Revolt, qui se matérialise par un R majuscule frappé du bonnet phrygien. "Ce pays s'est construit en partie sur une révolte, je voulais m'en inspirer." Une volonté surtout de mettre en avant des symboles que les Français soient fiers de porter. "J'ai l'impression que nous ne sommes pas assez patriotes. Je trouvais étonnant de voir des jeunes français arborer des tee-shirts avec des drapeaux anglais et américains." Une idée dont Julien a regretté l'amalgame à une vision politique. "Au début on m'a dit que ça allait être associé au FN. Il n'y a pas de honte à être français. Les opportunités que j'ai eues en France, je n'aurais pas pu les obtenir chez moi en Afrique", concède t-il froidement.

Une fierté assumée que ce porte-drapeau savoure lorsqu'il reçoit des commandes de l'étranger. Une révolte qu'il veut aussi apporter dans le business du prêt-à-porter. "Avec ma marque, je vise la tranche des 15-25 ans car ils représentent souvent cet esprit de révolte." 

Un potentiel encore à exploiter

Un nom installé sur le territoire et que le nîmois veut exporter davantage à l'étranger. "Je me vois comme un ambassadeur de la France qui souhaite véhiculer une bonne image dans la lignée des marques de haute couture." Ainsi, le créateur multiplie les apparitions dans les salons, notamment à Paris. Pour l'instant les vêtements Revolt se trouvent uniquement sur internet. Vendre physiquement dans des enseignes est une des prochaines étapes. "J'ai reçu une offre d'Allemagne et j'ai aussi des contacts pour investir le marché suisse."

Julien avoue être encore en phase de test mais il est serein sur le potentiel à exploiter : "il faut être malin et optimiser les moyens notamment en terme de communication. Continuer à faire connaître au maximum la marque et il reste beaucoup de travail." Outre la mise en place d'une gamme plus abordable, le Gardois prépare une nouvelle collection. Il espère d'ici un ou deux ans pouvoir développer une ligne de casquettes et de chaussures. Conscient du chemin à parcourir, ce contestataire de la mode est loin d'avancer la fleur au fusil.

Corentin Corger

Site internet : revolt-world.com

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