Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné deux jeunes d'une vingtaine d'années. Des habitants du quartier du Chemin-Bas d'Avignon qui étaient poursuivis pour trafic de drogue. Un des deux était en outre soupçonné d'avoir percuté volontairement un homme, puis roulé pendant 1 kilomètre avec lui sur le capot du véhicule... Une victime qui a eu les jambes broyées.

Ils ont été sanctionnés à des peines de 4 ans de prison ferme avec un maintien en détention pour l'un, et de 2 ans de prison et un mandat d'arrêt pour l'autre prévenu surnommé le " troubadour"... Un homme qui comparaissait libre à l'audience et qui s'est enfui pendant le délibéré... Il a dû sentir juste avant que le tribunal ne rende sa décision du tribunal que l'affaire allait tourner très mal pour lui. Il fait donc aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt.

" Il s'agit d'un gang de trafiquants sans foi ni loi, estime le vice-procureur de Nîmes. On connaît le discours de ces gens-là. Les trafiquants minimisent toujours. Ils n'ont rien fait. Ils commencent à vendre de la drogue le jour où ils se font prendre. Et lorsque l'on retrouve 800 euros dans ses chaussettes, un des prévenus explique aux enquêteurs qu'il s'agit de l'argent du chômage qu'il perçoit. Il a même avalé sa carte SIM de portable pour effacer les contacts et il ose dire qu'il n'a rien à se reprocher ", poursuit le représentant du parquet de Nîmes qui ne trouve aucune circonstance atténuante aux deux prévenus.

Dans le box, détenu depuis les faits survenus le 20 mars 2016, un homme de 22 ans. C'est lui qui a foncé avec une voiture sur un homme qui venait à sa rencontre. Un homme qui voulait avoir des explications avec le fournisseur de cocaïne de sa femme. Il souhaitait lui demander d'arrêter de vendre des stupéfiants à son épouse.

Mais la discussion va rapidement dériver. Alors que le dealer ne veut rien savoir, le mari se positionne devant la voiture. " Le fournisseur " va alors embarquer, le mari pour une violente promenade dans le quartier du Chemin-Bas. " Il criait, il hurlait de douleurs selon des témoins de la scène ", souligne dans son résumé des faits, la présidente du tribunal correctionnel, Christine Ruellan. " Une fois que j'ai été percuté, j'ai compris que c'était très grave. Je m'accrochais au capot mais j'avais une jambe qui s'envolait comme un chiffon ", explique la victime devant les enquêteurs. Lorsque la voiture stoppe, il croit son calvaire terminé. Mais le dealer chauffard va effectuer plusieurs allers-retours sur la jambe du mari.

Aujourd'hui encore, plus de deux ans plus tard, la victime se déplace avec une canne. L'homme a été opéré plusieurs fois et gardera éternellement des séquelles. Des faits que le prévenu détenu minimise : " il est arrivé face à moi avec un gros couteau. J'ai pris peur ", souligne-t-il.  Ce jour-là, à en croire les deux mis en cause, le conducteur rendait service à son complice du tribunal. Ce que ce dernier confirme en pointant du doigt l'épouse de la victime qui aurait sollicité son dealer pour de la drogue : " elle m'appelait sans arrêt et moi j'étais devant la télé. Il y avait un match de foot. Alors j'ai demandé à mon copain de s'y rendre ", complète le mis en cause pour trafic de stupéfiants qui évoque cette affaire d'un air tellement détaché que l'on se demande s'il est poursuivi dans le dossier. Un homme qui n'a pas hésité à fuir le tribunal. Lorsque les magistrats ont rendu leur délibéré le condamnant à 2 ans de prison ferme assorti d'un mandat de dépôt à l'audience, celui qui est surnommé le "troubadour " du Chemin-bas par sa famille, avait disparu. Son copain a été condamné pour le trafic de drogue et pour les violences avec une arme par destination, c'est à dire la voiture. Il est reparti en détention.

Boris De la Cruz