Il a préparé son intervention de fin de conseil bien à l'avance, joliment imprimée pour valoriser l'action de sa majorité, son budget 2018 et fustiger "l'opposition à bout de souffle qui nous sert ses perpétuelles litanies caricaturales". Sans se douter qu'au bout d'un quart d'heure de réunion, l'opposition municipale, justement, dans son ensemble et sa diversité, opterait pour la politique de la chaise vide. Et préférerait l'apéro face à la mer au vote du budget. Qu'importe, pour le maire du Grau-du-Roi, ce départ groupé de l'opposition de droite et d'extrême droite, pourtant inédit, ne peut être qu'un épiphénomène sur son parcours. Écrivons-le : les échanges entre son opposition et lui évoquent souvent un "dialogue de sourds" au pied d'un mur...

Consolider la baraka

Alors, ce départ groupé des opposants et leur refus de participer au vote du budget ? Pour Robert Crauste, c'est la confirmation éclatante que son équipe et lui tiennent le bon "cap de l'action et de la transformation". Robert Crauste candidat à sa propre succession, ce n'est ni un scoop, ni une surprise. Il l'a dit officiellement hier soir, mercredi, au fil d'une soirée un peu chamboulée. Plutôt logique, pour l'homme que ses adversaires considèrent encore élu uniquement par chance en 2014, la baraka ayant revêtu l'apparence d'une droite fragmentée en trois listes.

Pour ce médecin qui a passé vingt ans dans l'opposition à Étienne Mourrut avant d'accéder au poste de premier magistrat de l'unique station balnéaire gardoise, le départ combiné de tous les élus d'opposition n'est que du "cinéma". Campé dans son fauteuil de maire, il insiste à l'envi sur "la proximité de plus en plus marquée entre la liste de M. Rosso et le Front national. Qu'en pensent ses électeurs, qu'en pense Pascale Mourrut (la déléguée Les Républicains de la 2e circonscription) (1)?" Les recours et courriers divers d'élus ou de citoyens visant à faire annuler de récents conseils municipaux ? "Leurs différentes démarches auprès du tribunal administratif n'ont jamais abouties. Pourquoi cette fois ?" Confiant comme un macroniste installé planant au dessus des vieux partis exsangues sans doute rêve-t-il d'être seul face aux extrêmes en 2020, histoire d'éviter les sueurs froides...

"J'ai fait un rêve, déclare le marcheur, visiblement fan de Martin Luther King. Le rêve d'une opposition constructive - ne riez pas ! -, poursuit Robert Crauste, devant une assemblée entièrement acquise à sa cause du fait de la désertion de ses opposants, une fois le budget adopté. Il vante alors  la "dynamique sans précédent sur les plans social, économique et environnemental" insufflée par son équipe. "Nous avons rompu l'isolement de la Ville et renoué avec ses partenaires, État, grandes collectivités locales, Caisse des dépôts. Nous  déverrouillons la Ville. (...) Nous avons renoué le dialogue avec la population et le personnel, recadré les partenariats avec les associations. L'intérêt général, rien que l'intérêt général, voilà ce qui nous anime. Nous avons une vision optimiste et positive pour l'avenir de notre belle ville et c'est avec enthousiasme et le sens des responsabilités que nous agissons en sa faveur. Ce budget 2018 en est la stricte démonstration." Fier de lui, le maire graulen, qui se fait appeler docteur sur tous les documents officiels depuis quelques mois, passe donc en caravane. Après un budget "sans augmentation des impôts, sans recours à de nouveaux emprunts, avec une réduction de la dette, avec un niveau d'investissement impressionnant", ceux qui continuent d'aboyer, foi de docteur, ne veulent décidément rien comprendre.

Florence Genestier

(1) Jointe par nos soins ce jeudi matin, Pascale Mourrut approuve et comprend le départ de Grau-du-Roi Naturellement du conseil municipal. Même dans le sillage du Front national... "M. Crauste sait pertinemment que s'il y a trois listes seulement, il sera battu aux prochaines municipales. Il craint et veut juste éviter ce schéma", ajoute la déléguée LR.