Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 30.03.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 677 fois

L'INVITÉ Franck Proust : « Ça fait 25 ans qu’on parie sur ma mort… »

Président des députés français de droite au Parlement européen, le Nîmois Franck Proust travaille à sa réélection… Un défi dans un contexte difficile pour lui et sa famille politique.
Franck Proust, premier adjoint Les Républicains au maire de Nîmes et député européen (Photo : Abdel Samari)

Objectif Gard : Avez-vous les talents de David Copperfield ?

Franck Proust : Pourquoi cette question ?

Allez-vous réussir à faire disparaître votre mise en examen avant les européennes de 2019 ? 

C'est un sujet beaucoup plus complexe... Sur la justice, ce n'est pas moi qui décide. J'ai fait appel de cette mise en examen. Il n'y a pas de délai pour statuer sur ma demande. Ces faits remontent aux début des années 2000. J'ai des éléments qui démontrent que ce qui a été fait a été bien fait dans tous les domaines. Quand je demande ce qui a justifié ma mise en examen, je n'ai pas de réponse...

Pour ça, il faut attendre que vous soyez traduit devant la justice, non ? 

Une mise en examen stipule qu'il doit y avoir des éléments graves ou concordants, des éléments pour poursuivre l'enquête. Or, la justice est incapable de me le dire ! Tant que je n'aurai pas cette réponse, je me battrai et j'irai jusqu'au bout. Je supporte les attaques politiques, mais qu'on remette en question ma probité, j'ai beaucoup de mal à le supporter.

Ajouté à votre mise en examen, le mode de scrutin des européennes devient national. Un nouvel handicap pour votre candidature en 2019 ? 

Oui et non. C'est vrai qu'un scrutin régional aurait été plus facile pour moi. Là, il faut être dans les 10-15 premiers donc être dans les 6-7 premiers hommes puisque c'est une liste paritaire. Il va y avoir des choix politiques. Laurent Wauquiez m'a confié avec Gérard Larcher (le président du Sénat) le soin de préparer le programme pour les européennes de 2019. Mardi, je présenterai en comité stratégique la première mouture. Elle sera enrichie par les différentes sensibilités de notre mouvement. En juin, nous aurons un conseil national dédié à l'Europe et les listes seront travaillées à partir de septembre pour être annoncées fin 2018.

Les électeurs ne se sentent pas toujours concernés par les européennes. Le casting sera donc important pour les mobiliser. Seulement vous souffrez d'un déficit de notoriété auprès du grand public... 

Oui, la notoriété compte mais l'expérience aussi (Franck Proust occupe son deuxième mandat). Les grandes nationalités renouvellent leurs députés parce qu'ils ont de l'expérience et connaissent le fonctionnement de l'institution. Il va falloir aussi un peu de renouvellement... Notre liste sera un savant mélange de ces paramètres.

À quoi est dû votre déficit d'image ? 

Quand j'ai été député en 2011 on me disait que j'étais mort. En 2014, j'étais numéro 2 ! Ça fait 25 ans qu’on parie sur ma mort… Je suis encore là ! Alors, je ne vous dis pas que c'est une chose facile. Mais aujourd'hui, ce n'est pas un hasard si Bruno Retailleau m'invite à Force Républicaine (le micro-parti de François Fillon créé en 2002) ou que Gérard Larcher travaille avec moi sur le programme.  Il  y a une reconnaissance du travail effectué et de mon expertise dans certains domaines comme les accords commerciaux internationaux.

Quels sont les défis que devra relever l'Europe ? 

L'Europe doit correspondre à la réalité du terrain et c'est là que les Républicains doivent avoir un positionnement politique précis, entre l'Europe utopiste et fédéraliste d'Emmanuel Macron et l'euroscepticisme complètement caricatural de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. Les défis sont clairs : la défense et sécurité, par rapport au phénomène de radicalisation. Il y a aussi l'immigration. C'est un problème qui ne peut que grandir compte tenu de la croissance démographique et du changement climatique. Nous devons aussi avoir une Europe qui protège nos entreprises et ne pas faire en sorte que nos frontières ne soient pas ouvertes à tout le monde !

Que pensez-vous de la décision du président des États-Unis, Donald Trump, de taxer les importations d'acier ? 

Aujourd'hui, ce type-là a son téléviseur comme conseiller et Twitter comme porte-parole ! Il a mis un coup de pied dans la fourmilière. Je ne partage absolument pas ses options... Nous avons obtenu un répit jusqu'au premier mai. Mais ça va peut-être nous permettre d'avoir une position commune pour ceux qui ne respectent pas les règles du marché... Les Chinois font du dumping avec des subventions étatiques déguisées. Il faut que nous soyons plus efficaces sur la protection de nos entreprises.

Protéger c'est bien, mais comment agir ? 

Quand j'entends le patron de Renault dire qu'il investit sur la filière des véhicules électriques mais qu'il laisse le monopole de la batterie électrique, c'est une erreur stratégique fondamentale ! Si vous perdez le monopole des batteries, les Chinois vont être les maîtres sur les différentes marques automobiles. Il nous faut avoir une politique industrielle avec quatre piliers sur lesquels l’Europe doit mettre le paquet : innovation, recherche et formation, pour que l'on soit les champions dans ces domaines et que l'on puisse faire rêver les gens... Malheureusement, il n'y a plus de grands projets européens depuis Airbus ou Arianespace.

Propos recueillis par Abdel Samari et Coralie Mollaret

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