Libérable en juin prochain, c'est détenu pour une autre cause que comparaissait Younes F. devant le tribunal correctionnel. Ce multi-récidiviste qui présente un casier judiciaire long comme un jour sans pain, où figurent pas moins de 31 condamnations, était cette fois prévenu de "recel de bien obtenu à l'aide d'une escroquerie". En l'espèce, il était accusé d'avoir perçu par trois virements bancaires successifs la somme de 9 000 euros. Une somme détournée au préjudice d'un organisme bancaire, via un carnet de chèques volée à une société rayée du registre du commerce depuis plusieurs mois.

Rapidement confondu par les enquêteurs, le trentenaire n'avait pu donner les noms de ceux qui lui avaient fait les virements incriminés mais de vagues prénoms, ajoutant dans la foulée qu'il ne les connaissait pas. Remarque d'un enquêteur  : "Vous ne les connaissez pas ? C'est diabolique !" Réponse (faussement ?) ingénue du mis en cause : "Diabolique, ça me dit quelque chose mais je ne vois pas qui c'est !"

Diabolique étant dès lors mis hors de cause, à la barre Younes F. raconte qu'une partie de l'argent qui lui a été virée, et qu'il a aussitôt retirée de son compte, avait servi à dédommager sa belle-soeur à laquelle des voyous de son quartier avait dépouillé son automobile de nombreuses pièces. "Sans ça je les amenais à la police !", raconte-t-il. Le reste de la somme détournée avait été perçu, selon ses dires, en paiement de sa propre voiture, vendue à un des deux hommes impliqués dans l'escroquerie. "Il n'a pas discuté le prix !", avance-t-il. Après les réquisitions du parquet, qui réclamait 12 mois de prison ferme et l'exécution provisoire, l'avocat du prévenu soulevait plusieurs objections. Et en premier lieu que le tribunal n'apportait pas la preuve de l'intentionnalité de l'escroquerie reprochée à son client. Verdict du tribunal : Younes F. était relaxé. Il est toujours libérable en juin prochain...

Philippe GAVILLET de PENEY