Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 09.04.2018 - veronique-palomar - 3 min  - vu 1098 fois

FAIT DU JOUR Violences sexuelles entre 15 et 17 ans : ça vaut le coup d'y réfléchir

Les terminales du Lycée Geneviève De Gaulle-Anthonioz de Milhaud ont planché sur le sujet.
Élèves et professeurs tout à la joie d'avoir contribué à cette marche de projet au sujet aussi brûlant que passionnant (Photo Véronique Palomar)

Professeur de Sciences et Techniques sanitaires et sociales, Astrid Lassus enseigne "la démarche de projet" auprès d'élèves de Terminale ST2S du Lycée Geneviève De Gaulle-Anthonioz de Milhaud. Chaque année ils mettent concrètement la démarche en œuvre autour d'un thème. Cette fois, c'était celui des violences sexuelles subies par les adolescents… 

Tout a commencé en début d’année, à partir de l’actualité et des envies des élèves. Ensemble ils ont choisi de travailler sur le thème des violences dans les relations amoureuses et sexuelles chez les adolescents en s'appuyant sur la campagne « #TuMaimesTumeRespectes ». Décision prise après que Marion Reynaud et sa classe de Première ST2S, a réalisé une enquête par questionnaire numérique auprès des élèves du lycée.

"#TuMaimes Tumerespectes"

Lancée le 13 novembre 2017, Cette campagne était portée par le Centre Hubertine Auclert (Centre Francilien des l’égalité Femmes-Hommes). Son constat est préoccupant : «16 % des agressions sexuelles au cours de la vie se déroulent entre 15 et 17 ans ». L’objectif de la campagne est triple : aider les adolescents à identifier les différentes formes de violences sexuelles, les inciter à les refuser et à agir et trouver de l’aide auprès de personnes compétentes.

Une semaine d'actions

Le projet de classe consistait donc à relayer la campagne #TMTR au sein de l'établissement en organisant une semaine d’actions qui s'est déroulée du 26 au vendredi 30 mars dernier au sein du lycée sous l' intitulé : "#TuMaimesTumeRespectes : Regards croisés sur les violences dans les relations amoureuses et sexuelles chez les adolescents". Astrid Assus, épaulée par  Annie Garidel, une autre enseignante, s'est mise au travail avec les terminales ST2S.

Une conférence débat dans l'amphithéâtre du lycée clôturait la semaine, riche en conférences,  et la fabrication de supports de communication dont un superbe T-shirt inspiré de la campagne et qui affichait le slogan : "je m'habille comme je veux". Entouré d'une assistante sociale et d'un membre d'association spécialisé dans le recueil d'adolescent en détresse, Pierre Joyeux, pycho-sexologue, répondaient aux questions écrites anonymes préparées à l'avance par les élèves.

"Quand on est amoureuse, on ne peut pas dire non"

Après lecture des questions et les réponses des intervenants, la salle a réagit. L'exercice réservait quelques surprises comme :  "est-ce que c'est inné chez les hommes d'humilier les femmes ? " Ou encore : "est-ce que c'est normal d'être insultée si on refuse des avances". On entendait également pas mal d'interrogations douloureuses : "il m'est arrivé d'avoir des rapports sexuels avec la mère d'un de mes copains. J'avais bu, est-ce qu'elle a abusé de moi ?" Ou à l'inverse :  "J'avais bu, j'étais drogué. J'ai eu des rapports sexuels avec une fille. Elle avait l'air contente mais je veux savoir si j'ai abusé d'elle ?"  Et encore, le très troublant : "quand on est amoureuse on ne peut pas dire non … " Pierre joyeux choisissait des termes loin du jugement mais éclairait l'assistance sur l'aspect pénal d'éventuels abus. Puis le : "est-ce que c'est normal de s'habiller comme le veux le garçon avec qui on sort ?" a enflammé l'amphi. Le psychologue modérait : "On doit pouvoir décider seul de la façon dont on s'habille. Il faut savoir trouver un juste milieu et éviter la provocation". Ça gronde, le sujet divise. Le calme est retombé et l'ambiance s'est alourdie à la lecture d'un témoignage de viol…

Prise de conscience et interrogations

Ce qui est sûr, c'est que les rapports sont loin d'être sereins et les questions nombreuses. Le sujet a mobilisé les élèves, conscients de l'utilité de leur démarche. En équipes serrées avec leurs professeurs, ils ont travaillé d'arrache-pied. En faisant le bilan avec un groupe resté après le débat, quand une jolie petite blonde déclarait "Si mon copain me frappe, je ne pourrais pas rompre avec lui parce que je serai amoureuse", on constatait tout de même qu'il reste encore du chemin à parcourir…

En revanche, "j'ai le sentiment qu'ils ont assimilé ce qu'est la démarche de projet", se réjouit Astrid Lassus. C'est déjà ça et c'est important. Pour le reste, il faut espérer que le sujet et les débats auront porté leurs fruits. Même un peu... L'an prochain, les enseignantes choisiront un autre thème avec leurs élèves.

Véronique Palomar

Pour en savoir plus : https://www.tumaimestumerespectes.com

Véronique Palomar

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