Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 12.04.2018 - abdel-samari - 2 min  - vu 450 fois

LE 7H50 de Christiane Féral-Schuhl : "Nîmes est le symbole de la mobilisation des avocats en France"

C'est dans la ville-préfecture que s'est déroulée l'assemblée générale délocalisée du Conseil national des barreaux.
Christiane Féral-Schuhl, avocate spécialiste des nouvelles technologies et notamment du droit de l’informatique est la présidente du Conseil national des barreaux pour la mandature 2018-2020. Elle a également été bâtonnier du barreau de Paris. Photo DR

Clairement un signe fort de reconnaissance pour l'implication des avocats nîmois, engagés de longue date contre la réforme de la carte judiciaire et ses dommages collatéraux, c'est à Nîmes que le Conseil national des barreaux, l'instance nationale des hommes en noir présidée par Christiane Féral-Schuhl, avait choisi de prendre ses quartiers en fin de semaine dernière. L'occasion d'échanger avec la patronne et d'évoquer cette fameuse réforme portée par le gouvernement Philippe. Elle est l'invitée du 7h50. 

Objectif Gard : Pourquoi avoir organisé cette Assemblée Générale délocalisée à Nîmes ?

Christiane Féral-Schuhl : Parce que le Conseil national des barreaux, qui représente 68 000 avocats en France n'est pas qu'une institution parisienne. Elle a vocation à représenter tous les avocats dans tous les territoires. Dès mon entrée en fonction, en janvier dernier, j'ai souhaité aller à la rencontre des avocats dans toute la France afin d'écouter, rassembler et œuvrer collectivement.

Pourquoi le choix de Nîmes ?

Les avocats nîmois se sont mobilisés très en amont vis-à-vis de la réforme judiciaire qui s'annonce. Nîmes est le symbole de la mobilisation des avocats en France qui sont inquiets. Très impliqué pour conserver la Cour d'appel à Nîmes, le bâtonnier, Jean-Michel Divisia, s'est immédiatement porté volontaire pour nous accueillir. Il était donc normal de lui rendre hommage.

Pour évoquer plus précisément la réforme judiciaire, le gouvernement a annoncé qu'aucune juridiction ne serait fermée et en particulier dans le Gard. Pourquoi cette inquiétude ?

Je pense que la méthode utilisée par le gouvernement a créé un climat anxiogène. Cela a produit de la défiance, des malentendus. Alors qu'initialement, nous nous sommes investis dans une démarche constructive. Lors de la présentation de l'avant-projet de loi, qui n'était pas conforme à nos discussions avec le ministère de la justice, nous n'avons pas eu d'autres choix que de nous mobiliser. Et cette mobilisation a payé. Nous avons obtenu quelques garanties mais on sait par exemple que l'idée de fusion de tribunaux de grande instance et d'instance reste dans les tuyaux. La mobilisation doit donc se poursuivre.

Pourtant, la réforme judiciaire était attendue depuis longtemps et notamment par les avocats. Pourquoi refuser aujourd'hui le changement ?

On est d'accord pour une vraie réforme. Nous avons des dysfonctionnements quotidiens. On les connait, on y est confronté. On nous a présenté 153 propositions et nous en avons acceptées plus de 80%. Certaines étaient d'ailleurs attendues depuis longtemps. Mais les 15 ou 20% bloquant étaient encore en discussion. Comprenez que nous avons été surpris de découvrir l'avant-projet avec des propositions validées alors que nous étions encore en discussion ? Notre profession, je le répète, est tout à fait favorable pour passer à une justice du XXIe siècle. Mais nous souhaitons pour la construire être associés au projet. À ce jour, tout cela n'est pas à la hauteur de nos attentes et des enjeux.

Est-ce plus difficile d'être avocat aujourd'hui ?

C'est différent. Nous avons été obligés de muter. Bien sûr que l'exercice change et nous sommes prêts pour affronter le changement. Tous les avocats font les efforts qu'il faut en ce sens. Mais pour réussir, et notamment ce projet de réforme judiciaire, il est important de prendre en compte l'avis des premiers concernés.

Propos recueillis par Abdel SAMARI

Abdel Samari

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