FAIT DU JOUR Le 1er mai rassemble-toi où il te plaît
Ainsi, c’est sous une pluie battante et dans le froid que plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, notamment à Nîmes, Alès et Bagnols, à l’appel de la CGT, de FO, de Solidaires et de FSU. Avec un mot à la bouche : l’unité, et tant pis pour la CFDT, premier syndicat du privé, qui a brillé par son absence.
La logique a été respectée. C'est à Nîmes que l'on a retrouvé le plus grand contingent de manifestants. 1 100 personnes selon police et près de...2 000 d'après les syndicats. Réuni place des Carmes à Nîmes, le cortège, sous la houlette de la CGT, a emprunté le Boulevard Gambetta puis l'Avenue Victor-Hugo pour débouler devant la préfecture du Gard, sur l'Avenue Feuchères.
Une mobilisation plutôt suivie malgré le mauvais temps, car actuellement les sujets brûlants ne manquent pas. Cheminots, retraités, étudiants, personnel des EHPAD... et plus généralement tous les agents des services publics se sont sentis concernés. "C'est un agacement général contre les politiques du gouvernement", clamait Gilles, enseignant. Quelques mètres plus loin, des retraités militaient à l'instar de Robert, 72 ans, qui manifeste le 1er mai depuis plus de 50 ans. "Ce sont entre 80 et 100 ans d'acquis sociaux qui sont détricotés en quelques mois", dénonçait cet ancien historien. "Et nous avons peur que les réformes aillent plus loin et que le gouvernement s'attaque aux acquis du Front populaire et notamment aux congés payés", s’inquiétait son épouse, Édith.
Et au beau milieu des anciens camarades on en croisait aussi de plus jeunes. Âgés d'une vingtaine d'années, ces trois jeunes des Insoumis du Gard se sont mobilisés. "Macron prend à tout le monde pour redonner aux uns puis aux autres. Au final c'est le serpent qui se mord la queue", analyse Guillaume. "Ce sont des petites magouilles de banquiers", complète, amusé, Théo. Un jeune homme qui voit dans toutes les réformes actuelles, la symbolique de cette journée renforcée : "c'est la fête des travailleurs et le Président cherche à les diviser. En ramenant avec lui des soixante-huitards comme Daniel Cohn-Bendit, il tente de monter les gens les uns contre les autres et de casser cette solidarité". À l'occasion de ce défilé protestataire, la CGT a réussi à créer une convergence des luttes en réunissant différentes professions des secteurs publics et privés.
À Alès, à partir de 10h30, la place de la mairie s'est noircie presque autant que le ciel. On ne sait pas qui de la foule ou du ciel était le plus menaçant, mais il ne faisait pas bon être Emmanuel Macron, Bernard Arnault ou bien patron du CAC 40. Ces personnalités l'ont d'ailleurs parfaitement compris : aucune d'elles n'étaient présentes ce mardi matin dans la capitale cévenole.
En revanche, on a vu beaucoup de monde : 700 manifestants selon les policiers. Ils étaient peut-être un peu plus nombreux tellement le cortège qui a défilé dans les rues de la ville semblait interminable, contrairement aux discours assez concis prononcés quelques minutes plus tôt.
Tous les représentants des syndicats (FO, CGT, FSU, Solidaires) ont pris la parole sur le perron de la mairie, soutenant unanimement le combat des cheminots et dénonçant tout aussi collégialement la présidence d'Emmanuel Macron et "son gouvernement de nantis avec 12 millionnaires", comme le souligne Alain Perrod de FSU. Martine Sagit, représentante de l'Union locale de la CGT d'Alès, a quant à elle évoqué la belle époque : "que gardons-nous de Mai 68 ? Il nous reste des souvenirs, de la nostalgie. Un mouvement qu'on aimerait revoir". Une envie probablement partagée par beaucoup de manifestants alésiens.
À Bagnols aussi, le temps froid et pluvieux faisait plus penser à un 1er février qu’à un 1er mai. Pour autant, il n’a pas découragé une bonne centaine de personnes de venir manifester, munis d’imperméables et de parapluies. On retrouvait parmi elles, outre des syndiqués CGT, FO et dans une moindre mesure FSU, bon nombre de communistes, l’Insoumise Geneviève Sabathé ou encore deux élus socialistes de la majorité municipale bagnolaise, et pas des moindres : le premier adjoint, Denis Rieu, et la deuxième adjointe, Emmanuelle Crepieux.
On le voit, à défaut d’unité totale - le premier syndicat du privé la CFDT n’a pas participé -, une unité partielle s’est faite jour en ce pluvieux 1er mai. À Bagnols, seuls les représentants des syndicats FO et CGT ont pris la parole ce mardi matin. De là à y voir un symbole du rapprochement entre les deux entités suite à l’élection récente du nouveau secrétaire général de FO, Pascal Pavageau, porteur d’une ligne plus dure à l’encontre du gouvernement que son prédécesseur Jean-Claude Mailly, il n’y a qu’un pas qu’il semble toutefois un peu prématuré de franchir.
Reste que c’est la représentante de l’union départementale FO, Louise Moulas, qui a pris la parole en premier. Déroulant un discours offensif, la syndicaliste a dénoncé « le grand capital international, celui de la banque et des multinationales représenté au plus haut niveau de l’État par leur banquier d’affaires Emmanuel Macron, qui a engagé l’offensive pour détruire toutes les conquêtes sociales obtenues depuis 1936 et 1945. » Après avoir rappelé « son soutien indéfectible aux travailleurs dans la lutte », l’union gardoise FO a considéré « que la perspective d’une mobilisation interprofessionnelle est aujourd’hui nécessaire, y compris par la grève, sans rien s’interdire quant à sa durée. » Et comme si le message n’était pas assez clair, Louise Moulas lancera que « nous sommes entrés en résistance. »
Prenant le relais, le secrétaire de l’union locale Bagnols de la CGT, Patrick Lescure, ne contredira pas FO en estimant que ce 1er mai « intervient dans un moment de colère rarement atteint », notamment dans les hôpitaux et les Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Une colère que la récente visite au centre hospitalier de la ville du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, n’a selon lui pas apaisé car « il est resté totalement sourd aux revendications. » Le cégétiste ne jugera pas plus convaincante la visite du secrétaire d’État Sébastien Lecornu la semaine dernière à Marcoule, manquant selon lui de « concret. » Évoquant pêle-mêle le « manque de respect » du gouvernement envers les retraités, « le nouveau plan de destruction de l’emploi dans la fonction publique » ou encore les cheminots « qui ne sont pas des privilégiés », Patrick Lescure appellera à « unifier les colères. »
« L’unité syndicale n’appartient pas aux bureaux confédéraux, elle nous appartient, poursuivra-t-il. L’unité se construit dès Bagnols, dans les entreprises. » Un demi-siècle après mai 68, Patrick Lescure estimera que la victoire « est possible par la convergence des luttes. » À l’en croire, ça pourrait être pour bientôt, et plus précisément pour le 22 mai, une journée de mobilisation « à transformer en journée interprofessionnelle pour se faire entendre sur l’ensemble des colères. » Rendez-vous est pris.
Corentin Corger (à Nîmes), Tony Duret (à Alès) et Thierry Allard (à Bagnols)
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