Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 05.06.2018 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 1387 fois

LE 7H50 de Sébastien Berthaut-Clarac : « Nous portons plainte contre l’Agglo »

L’association Eau bien commun annonce saisir cette semaine le procureur de la République sur la gestion de l’eau, déléguée à la société Saur par Nîmes métropole.
Au centre, le militant Sébastien Berthaut-Clarac entouré de ses deux avocats, maîtres Durand et Blanc (Photo : Coralie Mollaret)

Objectif Gard : Vous allez saisir le parquet concernant la gestion de l'eau par Nîmes métropole. Pour quel(s) motif(s) ? 

Sébastien Berthaut-Clarac : C'est au procureur de le définir mais nous nous orientons notamment vers un délit de favoritisme (*) concernant la prolongation du contrat de DSP (Délégation de service public) qui lie l'entreprise la Saur à l'Agglo. Le contrat a été prolongé pour la période du 1er février 2017 au 31 décembre 2019. Nous allons également porter plainte au civil pour demander que la Saur indemnise les usagers qui ont payé pendant des années un prix de l'eau bien trop élevé !

En mars après l'enquête de Cash investigation (France 2) vous évoquiez la possibilité d'aller en justice. Qu'est-ce qui a déclenché votre action ?

Après cette enquête, nous avons réclamé au président Yvan Lachaud un audit indépendant sur la gestion de l'eau. Rien n'a été fait... Nous avons fait venir à Nîmes l'expert de Cash Investigation, Patrick du Fau de Lamothe. Il nous a éclairé sur plusieurs choses. La société parvient à faire des bénéfices en surfacturant ses services, ses frais de siège. Nous avons comparé l'étude IRH commandée en 2015 par Nîmes métropole sur les modes de gestion de l'eau au rapport de la Saur sur ses résultats. Selon l'étude IRH, la distribution de l'eau sur les 27 communes de Nîmes métropole coûterait 11 M€ par an. Or 11 M€, c'est la somme que paient les Nîmois sur un an. C'est la preuve qu'il y a bien surfacturation !

Cette différence peut-elle relever d'un défaut de gestion de l'entreprise ? 

Non. On voit bien que la Saur profite d'un contrat mal ficelé. D'ailleurs, M.Lachaud aurait très bien pu choisir un autre délégataire au lieu de prolonger ce contrat. Selon nous, il y a deux raisons à ce système. D'abord, la redevance d’occupation du domaine public : une somme versée par le délégataire à la Ville de Nîmes. Elle excède de très loin les sommes plafonnées par le décret de 2009 : 2,8 M€ au lieu de 40 000 € ! Ensuite, il y a le bâtiment de l'EERIE (parc d'activités Georges Besse à Nîmes) où la Saur loue 850 m2 de locaux. C'est bizarre... La prolongation de la DSP a été signée le 23 mai 2016 et le 24 septembre, Yvan Lachaud annonçait la location des locaux à l'entreprise. Locaux qui avaient du mal à trouver preneur...

Qu'espérez-vous de vos actions en justice ? 

La transparence ! Comment expliquez-vous l'annonce de l'Agglo de baisser le prix de l'eau jusqu'à 20% ? Yvan Lachaud soutient que la Saur ne réalise que 0,08% de marge. Traduisez : le délégataire ne gagne pas d'argent. Il y a là un problème de logique, non ? C'est aussi la preuve que les habitants de Nîmes métropole paient leur eau trop chère.

Vous dites donc "merci" Elise Lucet ? 

Oui. Bien évidement !

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com

* L'association Eau Bien commun a demandé à Anticor de la rejoindre dans ses démarches judiciaires. Leur conseil d'administration se réunira prochainement pour trancher sur la question.

**  IRH est un bureau d'études en environnement, spécialisé dans plusieurs domaines : l'eau, l'air, l'énergie, les sites et les sols pollués.

Lire aussi : LE 7H50 de Sébastien Berthaut-Clarac : « nous voulons un audit sur la gestion de l’eau »

Coralie Mollaret

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