Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.07.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1212 fois

POLITIQUE Les débuts de… Jean-Paul Fournier

L’entrée en politique de nos élus éclaire sur leur façon d’exercer le pouvoir et laisse parfois présager de leur avenir.
Jean-Paul Fournier au Sénat (Photo : droits réservés)

Dans la ville des plus belles arènes de France, Jean-Paul Fournier s'est mué en gladiateur pour conquérir le cœur des Nîmois.

Rien ne prédestinait Jean-Paul Fournier à s’emparer de Nîmes. Non, vraiment rien. C’est à dix ans que ce Cévenol, fils de gendarme, pose ses valises dans la capitale gardoise, chez sa grand-mère, route de Montpellier. À l'époque, la guerre d’Algérie en est à ses prémices et le général De Gaulle fait figure de sauveur.

Chez les Fournier, la politique, c’est d’abord une histoire de famille. Un héritage. « Mon père m’a transmis son admiration pour l’homme de la France libre (*)», raconte l’édile. À seulement 15 ans, l'adolescent assiste au meeting politique du général sur l'esplanade. « J’ai été profondément impressionné (…) Je sentais naître en moi des émotions nouvelles », se souvient le septuagénaire.  

Sa culture politique le pousse à adhérer à 31 ans au RPR (Rassemblement pour la République). «Un engagement civique plus qu’une volonté de puissance et de conquête du pouvoir », livre-t-il. Créateur d’une société de décoration publicitaire, l'artisan milite de façon occasionnelle en donnant quelques coups de main pendant les élections. Gouverner un jour Nîmes ? On en est encore loin. 

Poussé par son entourage 

Jean-Paul Fournier se fait néanmoins remarquer par sa volonté d’entreprendre et de rassembler. De 1975 à 1988, il dirige le syndicat des professions de la publicité et créé, en 1990, une association dédiée à De Gaulle. Ses compagnons de droite, comme Jean-Claude Ponzio, repèrent en lui cette capacité à mobiliser et le poussent à se présenter aux élections internes de la fédération.

Dans cette même veine, il intègre la liste du candidat UDF (Union pour la démocratie française), Jean Bousquet, en 1983, là-aussi sur les conseils du secrétaire départemental du RPR, Pierre Andrieu. L'artisan façonne la campagne de la communication… Mais pas seulement : « je passais tous les soirs à la permanence rue de la Couronne pour relever les appels téléphoniques. »

Du militant à l'homme public

Les Municipales de 1983 se soldent par un succès. Une petite révolution après des décennies de gouvernance à gauche à Nîmes. Un tournant dans l’histoire de la ville et aussi dans celle de Jean-Paul Fournier, qui devient adjoint à l’urbanisme.Cette victoire « a constitué véritablement mon initiation politique », confie-t-il.

La vie d’homme public de Jean-Paul Fournier sera loin d'être un long fleuve tranquille. À deux reprises, il s'oppose au maire centriste. D'abord en 1985, lorsque le responsable du RPR refuse de s’éloigner de son parti, dont le groupe au Sénat vient d'intégrer l’ennemi de Bousquet, Gilbert Baumet. Fidèle à sa formation, Jean-Paul Fournier ne cède pas. Nouvelle querelle en 1991 : le libéral s'oppose à la municipalisation du Cheval Blanc, devant les arènes. 

Ces mésententes lui vaudront le retrait de ses délégations. Des traversées du désert qui, contre toute attente, seront salvatrices pour sa carrière. « Jean-Paul Fournier ne recule pas dans l’adversité, au contraire. Il possède une volonté inébranlable », confie Marie-Chantal Barbusse, qui a l'a suivi en 1991 lors de la seconde éviction. 

Malgré sa réserve, souvent attribuée à sa culture protestante, Jean-Paul Fournier se mue en leader. Dans ce parti caporaliste qu'est le RPR, l'homme s'impose par son autoritarisme. Il développe également son sens politique en se faisant élire aux Régionales et Cantonales. Ce qui lui permet de poursuivre son implantation locale. Dans la petite Rome française, rendons à César ce qui appartient à César… Ou plutôt à Liliane, son épouse. Fervente militante, elle est la cheville ouvrière de sa carrière, créant les conditions nécessaires à la réussite de l'édile.   

Une chance tragique

Nul ne doit l'oublier : l'avènement de Jean-Paul Fournier à la tête de Nîmes s'est fait sur la division. Celle de Jean-Bousquet et de son premier adjoint, Camille Lapierre, qui se sont déchirés lors des Municipales de 1995. S'il s'est préparé à gouverner Nîmes, Jean-Paul Fournier a su saisir la balle au bon, en déclarant sa candidature pour 2001 au lendemain de la défaite.

Déterminé, l'artisan se donne des moyens de ses ambitions. Il s'empare du secrétariat départemental du RPR et prend la présidence du groupe d'opposition à la mairie. Avec ses troupes, le soldat Fournier épluche les délibérations et distribue aux Nîmois un petit journal sur sa vision politique de la cité. Il investit le terrain et s'impose naturellement avant de créer l'union avec Franck Proust, représentant de Démocratie libérale, et Yvan Lachaud, de l'UDF.

La stratégie paie. En 2001 Jean-Paul Fournier est élu maire de Nîmes. Son parcours en dit long sur l’homme, sa personnalité et son avenir. Son avenir, d'ailleurs ? Après trois mandats, ses partisans comme ses détracteurs ne le voient pas arrêter. « Jean-Paul Fournier est un combattant », appuie Mme Barbusse. De là à mener un dernier combat en 2020 ?

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

*Propos tirés du livre de Jean-Paul Fournier, Confidences au coeur de Nîmes. 

Coralie Mollaret

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