Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 09.08.2018 - veronique-palomar - 3 min  - vu 726 fois

SAINT-LAURENT D'AIGOUZE Un toit tout neuf pour une église unique en son genre

Toi, toi mon toit... Mobilisation collégiale afin de préserver un patrimoine d'exception
L'église de saint-Laurent d'Aigouze et sa toiture toute neuve, certes, mais réalisée dans les règles de l'art (photo Véronique Camplan)

L'inauguration de la toiture de l'église de Saint-Laurent d'Aigouze. Laurent Pélissier, au centre, est un maire heureux entouré de gauche à droite par Michel Neel, chargé de la faisabilité de la rénovation de l'église, de Francois Lalanne, secrétaire général de la préfecture du Gard, de Pierre Martinez, président du (PETR) Vidourle Camargue et du père Alexis Bori en charge de la paroisse depuis 11 mois (photo Véronique Camplan)

Avec son toril et la présidence adossés à sa sacristie, l'église de Saint-laurent d'Aigouze est exceptionnelle. Un cas unique, partout dans le monde, sauf dans un petit village du Mexique. Cela vaut bien que l'on se mobilise  pour sa rénovation. Une première tranche de travaux vient de s'achever et l'église a désormais un toit et des corniches toutes neuves. Ce qui n'a pas été sans mal mais protège désormais l'édifice et la tête des paroissiens et des visiteurs pour quelques centaines d'années …

Dans le feu d'une histoire mouvementée

La bâtisse est ancienne. On en retrouve des traces dès le XIIe siècle. Chargée d'une histoire longue et mouvementée, elle fut endommagée par un premier incendie lors des troubles des guerres de religion en 1562. Elle connut ensuite des problèmes de stabilité au XVIIe, puis un nouvel incendie allumé par les Camisards en 1703.  Tout au long des siècles, l'église s'est retrouvée prise dans des désordres qui ne l'ont pas épargnée. Elle a donc connu nombre de reconstructions et de rénovations.

Plus près de nous, en 2004, la municipalité en place a lancé un diagnostic sur l’état de l'édifice. Les conclusions du rapport qui s’ensuivait étaient, déjà à cette époque, très préoccupantes. Au début de son mandat, Laurent Pelissier, maire de la commune, confiait à Michel Neel un mandat pour la rénovation de l'église. Le bureau d’architecture RL&A, lequel avait déjà réalisé le premier diagnostic de 2004, confirmait les craintes : dégradations en augmentation surtout au niveau de la toiture. L'urgence était de placer des protections pour la sécurité des personnes, dans l’attente des travaux de rénovation. L’ensemble du programme de rénovation est estimé à 1 728 000 € TTC. Un montant qui contraint à prioriser plusieurs tranches de travaux.

De mauvaises surprises

Une belle charpente toute neuve et faite pour durer longtemps  (photo véronique Camplan)

L’entreprise de maçonnerie qui assurait quelques travaux de maintenance ne pouvait plus intervenir car pour remettre 2 tuiles en place elle en cassait 3 ou 4, tellement celles-ci étaient friables. Le nombre de fuites de la toiture était en constante progression avec pour conséquence des dégâts sur les peintures et les tableaux à l'intérieur de l'édifice. Les infiltrations dégradaient à vitesse galopante les pierres mais aussi les extrémités des poutres de la charpente. Extrémités dont les scellements dans les murs porteurs ne pouvaient assurer leur rôle. Il a donc été décidé de commencer par la toiture.

Pour prendre en charge cette rénovation plusieurs intervenants sont choisis : Pierre Lambouroud, architecte à Alès, l’entreprise Vivian d’Aimargues, ainsi que l’entreprise Au coeur du Bois d'Aigues-Vives. Les travaux démarrent en novembre 2017 et doivent durer 4 mois. Mais de nombreuses mauvaises surprises augmentent le temps de réalisation et ils se terminent mi-juin. À noter au chapitre des péripéties, l’effondrement d’une partie de la voûte de la chapelle Nord, un éboulement dû à la dégradation des pierres restées longtemps sous une infiltration d’eau, l’obligation de consolider les murs supérieurs de la nef par la pose d’agrafes, de croix de renforts et des tirants, car les murs étaient désolidarisés.

Enfin, lors de la dépose des tuiles sur les toitures de chapelles, de la terre était le support de la couverture, il a donc été construit une « muraillerie » en haut et bas de pente, y compris plots béton pour le scellement des bois de charpente. Le coût total de cette première tranche s'élève à 277 777 € dont 96 000 sont financés par le PETR (*) (Pôle d'équilibre territorial et rural) et 80 000€ par la DETR (Dotation d'équipement des territoires ruraux pilotée par le préfet).

Rester mobilisé

"Entretenir le patrimoine, c’est rendre honneur aux anciens qui l'ont bâti", fait remarquer Michel Neel dans son discours inaugural avant de poursuivre : "rénovée, elle fera, je n’en doute pas, la fierté des paroissiens bien sûr, mais aussi de tous les Saint-Laurentais. Et le même de conclure : "sa restauration constitue une première richesse transmise aux générations futures." On peut y ajouter, qu'étant donné son intérêt historique et insolite, ce sentiment de fierté dépasse largement les frontières de la commune. Il s'agit donc aujourd'hui de poursuivre la rénovation avec, au programme pour les tranches à venir, les façades et le clocher. 

La commune a ouvert une souscription auprès de la fondation du patrimoine en faisant appel aux dons. Cette souscription est toujours d’actualité et de nombreux donateurs ont déjà répondu. L’association pour la sauvegarde de l’église de Saint-Laurent d’Aigouze a beaucoup oeuvré, et continue toujours, avec l’organisation de plusieurs manifestations pour récolter des fonds. Lesquels sont reversés à la fondation du patrimoine pour aider au financement des travaux. Il faut donc rester mobilisé et tout le monde peut participer. 

Véronique Palomar-Camplan

Se renseigner ou faire un don :  ICI

* PETR Vidourle Camargue : structure qui regroupe les intercommunalités de Terre de Camargue, Petite Camargue, Rhôny Vistre Vidourle et Pays de Sommières. Elle remplace le syndicat de pays et gère notamment les fonds européens.

Véronique Palomar

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