INTERVIEW L’écrivain gardois Christian Dorsan : « je puise dans mes racines pour m’exprimer »
Un roman qui a pour décor le Gard rhodanien, où a grandi Christian Champetier, qui a pris le pseudonyme Dorsan en hommage à son village d’enfance Orsan, entre Bagnols et Laudun. C’est donc entre Bagnols et Avignon que se déroule « Les Innocents », roman mené par une voix singulière, celle de l’« Innocent » Amezian Luccia, personnage principal d’une intrigue riche aux personnages sensibles. Interview de l’auteur.
Objectif Gard : présentez nous le personnage principal, Amezian Luccia, un simple d’esprit pas si bête que ça…
Christian Dorsan : il est le fruit d’un Italien et d’une Kabyle, c’est un innocent naïf, tout le monde dit qu’il est débile mais lui répond qu’il est kabyle par sa mère. Il vit à Bagnols et nettoie les locaux de Marcoule, son univers c’est les objets qu’il ramasse, ses parents, les hommes mariés qui draguent dans les bois à côté de chez lui et sa meilleure amie Marianne. Cette meilleure amie a une tumeur au cerveau, elle a peur de se suicider et elle va lui demander de l’assassiner. La vie d’Amezian va alors basculer et il va s’ouvrir à une réalité beaucoup plus noire. Parallèlement, il y a une disparition, celle du petit Joris à Bagnols, qui l’inquiète beaucoup et qui va prendre une place énorme dans son questionnement de vie.
Euthanasie, maladie mentale, disparition d’un adolescent qui rappelle celle de Lucas… C’est peu dire que vous vous attaquez à des sujets « sensibles » dans ce roman.
Il s’agit de donner vie à des gens qu’on ne regarde pas, dont on passe à côté. C’est d’abord donner vie à des personnages qu’on ne soupçonne pas, avec leur solitude, et un côté sensible et émouvant. J’ai voulu évoquer un meurtre mais pas par opportunisme, mais parce que c’est comme ça, c’est dans une logique, pas par goût de l’assassinat.
« Les Innocents » se déroule, comme le « Quart d’heure bagnolais », dans le Gard rhodanien. C’est un bon théâtre pour un roman noir, le Gard rhodanien ? Meilleur que Nantes ?
Nantes possède beaucoup de ressorts mais pour l’instant je ne la maîtrise pas. Je puise dans mes racines pour pouvoir m’exprimer plus aisément, c’est un bon théâtre. Bagnols n’est que peu présente dans la littérature, c’est dommage car elle présente des ressources.
Une question plus générale : on a coutume de dire qu’un écrivain écrit plus ou moins toujours le même livre, sur les mêmes sujets. Quel est votre livre ?
Il s’agit toujours de gens qui s’interrogent sur la vie en général. Mon premier livre, « Les saisons de l’isthme », était sur un trentenaire qui se posait beaucoup de questions sur sa vie, le deuxième, « Dis papa, c’est encore loin quand je serai grand ? » était sur la vie après la mort du père, le troisième, « Le quart d’heure bagnolais », était assez philosophique, sur ce qui anime une vie. Les prochains seront comme ça aussi. Après, je ne m’en rends pas compte quand j’écris, l’écriture se fait au fur et à mesure et indépendamment de moi, mais il y a toujours ce questionnement sur la vie.
Vous avez brièvement évoqué vos prochains livres. Sur quoi travaillez-vous ?
Le prochain doit sortir entre septembre et octobre, c’est un conte pour enfants qui se passe en Bretagne, sur l’Ankou, le dernier mort de l’année qui va chercher les autres mais qui ne veut plus bosser. Du coup plus personne ne meurt ni ne naît, mais il va rencontrer un petit qui va le convaincre de se remettre au travail. L’an prochain je publierai un roman très intimiste, l’histoire d’un petit bourgeois de Province qui s’ennuie, qui ne quitte pas sa femme par lâcheté et par paresse, mais qui un jour va retrouver la seule belle histoire qu’il a eu. Ce sera quelque chose de très particulier, assez onirique et très émouvant. Enfin, dernier projet : peut-être le retour du lieutenant Delarque (personnage du « Quart d’heure bagnolais », ndlr) à Bagnols.
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Thierry ALLARD
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