Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.08.2018 - veronique-palomar - 5 min  - vu 1104 fois

FAIT DU JOUR Seaquarium du Grau-du-Roi : apprendre, préserver, innover et doper l'économie locale

Immersion au cœur du centre animalier payant n°1 en Occitanie.
L'aquarium des requins, en transparence des deux côtés, offre une perspective unique sur la vie marine (Photo Seaquarium)

Sarah et les requins, elle les aime et ils lui rendent bien en s'appliquant pour apprendre des comportements facilitateurs (Photo Seaquarium)

Le Seaquarium du Grau-du-Roi, aujourd'hui 1er site touristique animalier payant d'Occitanie, prépare un nouveau projet innovant. Mais avant d'en parler, point d'étape sur ses missions, son fonctionnement, son histoire et ce qu'il offre aux visiteurs. 

Le casino tombe à l'eau…

Trois millions d'euros pour installer confortablement les otaries (Photo Seaquarium)

Au commencement, le bâtiment imposant n'était pas conçu pour abriter faune et flore marine mais pour devenir un établissement de jeu. Le projet tombe à l'eau (littéralement) puisqu'il est finalement décidé d'en faire un seaquarium. Il garde de son affectation d'origine une drôle d'orientation face à la ville, plus appropriée à recevoir des joueurs que des animaux marins.

Après les premiers travaux, le seaquarium ouvre en 1989. À l'époque, jean-Marc Groul, aujourd'hui le directeur, est un jeune biologiste marin  passionné qui vient de terminer ses études à Montpellier. Il se souvient : "en 1989, nous avons décidé de construire un tunnel à requin de 20m de long. c'était très précurseur et innovant à l'époque. Nous commençons alors notre travail sur les requins. Ce qui à ce moment là n'était pas du tout dans l'air du temps. Faire mieux connaître ces animaux pour changer leur image est une mission que nous nous étions fixée dès le départ". Aujourd'hui, les travaux de l'équipe portent leurs fruits : le Seaquarium est devenu le numéro 1 du requin en France. Mais pour conserver l'attention du public il faut sans cesse réfléchir au projet d'après pendant que le travail des requins fait son chemin et aboutira à un projet plus important.

De nouveaux pensionnaires

Les otaries vivent sous surveillance. Les biologistes veillent  quotidiennement à leur bien-être et à leur santé (Photo Seaquarium)

En 2001, l'extension suivante est l'arrivée de mammifères marins. À la fois ludiques et attachants, les veaux marins, une espèce que l'on peut trouver sur les côtes Nord de la France, et  les otaries d'Amérique du Sud enthousiasment le public et la fréquentation augmente encore d'un cran.

Observation, reproduction et apprentissage

En 2008, c'est aux requins que la vedette revient à nouveau avec la création du 1er espace vraiment dédié à l'espèce en Europe avec la création d'un requinarium sur 1000 m2. L'endroit est à la fois instructif, ludique, esthétique et la scénarisation projette le visiteur dans un monde incroyable entre centre de culture scientifique et le Nautilus du capitaine Némo tel que l'on se l'imagine.

Au centre, un immense aquarium permet une vision traversante des animaux et, sur les côtés, les nurseries présentent des œufs avec des petits requins qui gigotent à l'intérieur. Une nurserie pour les nouveaux nés et un aquarium plus grand où les "ados" inconscients sont mis à l'abri de leur impertinence. Il faut dire que le directeur du Seaquarium ne croit pas trop au miracle de la réintroduction d'animaux nés en captivité dans leur milieu d'origine.

C'est pourquoi, le seaquarium évite les prises en mer et axe sa politique d'extension sur la reproduction. "Pour les coraux nous sommes autonomes, se réjouit le directeur, nous avons nos boutures et ça fonctionne". Les poissons, s'achètent  ou s'échangent avec d'autres aquariums européens ou alors ils naissent au seaquarium.

N°1 des requins en France

Voir et pouvoir toucher les squales, c'est apprendre à les aimer (Photo Seaquarium)

Tous les jours, les biologistes travaillent avec les requins de différentes espèces, lient un contact avec les animaux et leur apprennent en priorité des postures qui permettront soins et examens médicaux sans stress et sans anesthésie traumatisante.

Un travail qui demande  de la patience mais voit les animaux apprendre avec plus ou moins de bonne volonté : "les requins nourrices sont de bons élèves", fait remarquer au passage Jean-Marc Groul. Ceci prouve que ces animaux que l'on accuse encore d'être des prédateurs froids et sans discernement peuvent tisser des liens avec les humains et apprendre. Des avancées  dues à un travail quotidien et patient.

Après avoir observé les animaux et avoir pris connaissance de leurs lieux de vies, de leurs moteurs, de la façon dont ils interagissent avec l'homme, le visiteur est fin prêt pour un premier contact. Voire à caresser un squale. Un bassin ouvert permet de toucher de petits requins. "Ce contact physique est essentiel pour faire changer les mentalités. C'est une émotion de caresser un requin même si il est petit", pointe Jean-Marc Groul avant de poursuivre : "au début, on avait placé ce bassin à l'entrée du parcours. C'était une erreur. Les gens pouvaient être brutaux. Aujourd'hui, quand ils arrivent en fin de parcours, ils donnent des consignes de douceur à leurs enfants intimidés mais ravis et qui n'oublieront pas l'expérience."

"Apprendre en s'amusant pour mieux protéger"

Jean-Marc Groul, directeur du Seaquarium et biologiste marin, rend visite aux pensionnaires du Seaquarium plusieurs fois par jour

Parallèlement aux recherches et au travail effectué à l'intérieur des murs, le Seaquarium est ouvert sur l'extérieur.  Il est aussi un centre de soins pour les tortues marines. "Depuis le début, explique son directeur, nous avons d'excellents rapports avec les pêcheurs. On travaille avec eux en confiance. Ce sont eux qui nous amènent des tortues marines blessées ou souffrantes. On les soigne, on les baptise du nom du bateau et on les relâche. Nous travaillons aussi avec des associations de protections du milieu marin auxquelles nous ouvrons nos murs et avec la population. Les pêcheurs récupèrent aussi pour nous les plastiques trouvés en mer que nous recyclons." Ces actions sont menées au travers de l'Institut marin du Seaquarium, une unité qui travaille en relation avec l'extérieur, porte les valeurs de préservation et prépare la future extension.

La pédagogie est au centre des préoccupations. Apprendre en s'amusant pour mieux connaître parce que l'on a envie de protéger que ce que l'on connaît. Chaque année, ce sont 25 000 scolaires qui visitent le Seaquarium et tout au long de l'année, Jean-Marc Groul et cinq biologistes et animatrices scientifiques se rendent dans les écoles pour sensibiliser les enfants à la préservation du milieu marin.

Un formidable moteur économique

De formidables reproductions de Moaï (statues polynésiennes) immergées dans le bassin par une viste au Seaquarium, c'est aussi du rêve grandeur nature (Photo Seaquarium)

Un autre aspect d'un établissement comme le Seaquarium est son intérêt économique. Premier site animalier payant d'Occitanie avec 2 500 m2 de surface de visite 378 000 visiteurs en 2016 et 34 emplois créés, 1,2 M€ de commandes aux entreprises locales et régionales : cette Société d'économie mixte est un formidable moteur économique. "L'avantage d'être une SEM est que tous les bénéfices ne sont pas distribués aux actionnaires mais réinvestis", précise Jean-Marc Groul. Ce qui permet des investissements réguliers : 3 M€ pour les otaries en  2001, 5 M€  pour le requinarium huit ans plus tard.

Aujourd'hui ce sont 6 M€ de retombées économiques sur la commune par an en moyenne basse, sachant que visiteur du Seaquarium dépense environ 30€ sur la commune après une visite au Seaquarium et une famille de 4 personnes en moyenne 100 €.

Projet 2021, l'innovation d'après…

Travail vitres en 2013 avec les otaries pour familiariser les animaux à leur public (Photo Seaquarium)

Dans trois ans, un nouveau cycle de huit années arrivera à son terme et avec lui la nécessité d'investir pour innover, rester dans la course et accroître l'impact du lieu à tous points de vue. Le concept est frappé au coin du bon sens : tourner enfin  le Seaquarium vers la mer en augmentant la surface de visite de 1000 m2 consacrés la faune locale avec une biodiversité encore méconnue du grand public qui pense que seuls les écosystèmes exotiques referment des merveilles.

Une démonstration mais aussi des études de faunes en milieu naturel, des actions de préservations. Le projet est à l'étude et le prévisionnel annonce 3 000 m2 de visites et 12 M€ en retombées économiques sur les bassins d'emploi de Montpellier et de Nîmes, dont 8 M€ sur la commune, 400 000 visiteurs et un territoire d'attractivité qui s'étend à 2 heures de trajet. Pour ce faire, le Seaquarium doit réfléchir à une forme au top de l'innovation, condition sine qua non pour rester dans la course au moins huit ans. Le budget prévu est de 5 M€.

Véronique Palomar-Camplan

Pratique. Contact : 04 66 51 57 57 . Pour tout savoir  : seaquarium.fr

Véronique Palomar

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