Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 17.09.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1871 fois

NÎMES EN FERIA Le cœur des hommes, les cornes des toros

Grande corrida de Victorino Martin pour de grands maestros. Octavio Chacon, deux oreilles, Emilio de Justo, salut et oreille, et Pepe Moral, blessé, vuelta et oreille.
Octavio Chacon (Photo Anthony Maurin).

Toro de Victorino Martin (Photo Anthony Maurin).

Voilà une corrida d'apothéose. On l'avait dit, sur le papier, c'était la meilleure des courses programmées, celle qui réunissait non pas des noms ronflants mais bel et bien les toreros du moment.

Opposés à de vaillants Victorino Martin, les trois maestros de la tarde ont assuré leur rang, puisant dans leurs ressources pour offrir une véritable corrida de toros comme on a si peu souvent l'habitude d'en voir. Un cartel de triomphateurs, un cartel d'émotion, un cartelazo en somme.

Si cette feria des Vendanges éditions 2018 a eu du mal à démarrer, elle s'est formidablement bien achevée. Seul point noir de cet après-midi de fiesta brava, la blessure de Pepe Moral lors de son ultime combat. Mais commençons par le commencement...

Corrida télévisée en direct en Espagne, toros très attendus et toreros on ne peut plus vaillants enfin récompensés de leurs efforts. Des arènes à moitié pleines et une premier oreille Octavio Chacon face à un excellent toro, comme cinq des six sortis par Victorino à Nîmes. Gratteur de talent, Chacon exécute une lidia d'importance dans le placement et s'est payé le luxe d'une faena digne d'une corrida de Juan Pedro, poussant le vice jusqu'aux naturelles de face...!

Octavio Chacon à la lutte (Photo Anthony Maurin).

Second duel et seconde oreille pour Chacon qui a fait le boulot. Toujours aussi à l'aise en marchant, en visitant les terrains et en embarquant le cornu dans ses passes et ses petits pas. D'une douceur extrême au capote pour mettre en place le toro, Octavio Chacon a une nouvelle fois prouvé que sa place n'était pas aussi lointaine dans l'escalafon.

Naturelle selon Emilio de Justo (Photo Anthony Maurin).

Que dire d'Emilio de Justo ? Alors au fond du trou depuis près de dix ans, certains ont toujours cru en lui, ils avaient raison. Aujourd'hui, il est devenu le maestro qu'il rêvait d'être et se profile dans toutes les grandes ferias, en partie grâce à la France qui lui a toujours donné sa chance. À Nîmes, il saluera au tiers pour un petit faenon qui est quasi passé inaperçu tant le rendu était surprenant voire inattendu. Face à un Victorino un peu retors, Emilio de Justo a œuvré pour ne pas saborder son opposant mais pour l'améliorer au fil des muletazos.

Emilio de Justo (Photo Anthony Maurin).

Il coupera quand même une oreille après un autre faenon. Moins dans le rythme et plus dans la vérité, sa faena se déroulera comme un parchemin. Classique à souhait, vraie à jamais, elle était emplie d'émotion et de sincérité. Il a fait de son Victorino, pourtant pas des plus faciles, un petit toutou qui le suivait partout. Génial Emilio de Justo.

Naturelle selon Pepe Moral (Photo Anthony Maurin).

Le troisième larron de la tarde en a lui aussi eu pour son compte. Une vuelta après une belle faena tirée sur son premier Victorino Martin. On savait Pepe Moral artiste, on l'a découvert poète devant ce toro exceptionnel. Une union salvatrice pour la corrida, une envie de triompher et de montrer des qualités parfois oubliées. Un excellent moment qui tranchera avec la suite des événements.

Pepe Moral peu de temps avant sa blessure (Photo Anthony Maurin).

Oui, cette corrida devait être celle des émotions... Elle l'a été. Pepe Moral, alors en pleine possession de ses moyens et avec toute sa lucidité, s'est fait attraper un peu partout mais surtout derrière la cuisse gauche. Oui, alors que tout se passait bien, qu'il enchaînait les passes avec volupté, la corne est entrée. Après quelques tergiversations, un visage qui pâlissait de seconde en seconde et un public qui lui exigeait de se rendre à l'infirmerie, le maestro a tenu à estoquer son opposant avant de filer porter à bout de bras par d'autres toreros.

Ah, les toreros... Il faut dire que le toro méritait cette attention particulière et cet incroyable respect professionnel. Brave chez les bravos, le cornu fut tout aussi excellent que le piéton. Une fin de spectacle prenante, émouvante voire héroïque, n'ayons pas peur des mots. Une oreille donnée à la cuadrilla, une oreille qui pèse plus que dix, une vraie oreille de feria dans une arène de première catégorie, peut-être la seule de la feria. Le mayoral a salué à l'issue de la corrida, olé.

Anthony Maurin

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