Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 14.11.2018 - abdel-samari - 3 min  - vu 968 fois

NÎMES Agents d'entretien des écoles en grève : paient-ils les conséquences d'un marché public "low cost"?

Comme pour la Délégation de service public Transport à l'Agglo de Nîmes, les économies réalisées par les collectivités publiques ont des conséquences immédiates sur les salariés des entreprises sous contrat.
Les agents nîmois de la société Sud Service qui assurent le nettoyages des écoles de la Ville chaque jour. Photo DR ObjectifGard

La société Sud Service a remporté il y a quelques mois le marché de la ville de Nîmes pour le nettoyage des abords des écoles. Comme le prévoit la législation, les employés anciennement salariés de la société Derichebourg Multiservices (qui a perdu le marché) ont été transférés au sein de la filiale du groupe Nicollin. Un transfert compliqué apparemment comme en témoigne le mouvement social entamé il y a une semaine par les employés.

Ces quinze employés étaient devant la mairie de Nîmes, ce mercredi 14 novembre 2018, pour protester contre la mutation de trois collègues, désormais affectés au nettoyage sur d'autres sites appartenant à la Ville. "Nous nous retrouvons à douze salariés pour le nettoyage des espaces verts, cours et préaux de quatre-vingt écoles municipales. Alors que c'est régulièrement la galère à quinze. Et je ne vous parle pas des périodes où des agents sont en arrêt maladie",  témoigne l'un des salariés rencontrés ce matin pas franchement heureux.

Il faut dire que les petites mains ont déjà avalé quelques couleuvres. Le marché public prévoyait jusque là un seul acteur pour l'ensemble des activités de nettoyage des écoles. C'était donc la société Derichebourg qui employait à plein temps les agents.

Un découpage des lots au détriment des agents

Oui, mais ça, c'était avant... Cette fois la ville de Nîmes a choisi de découper les lots de son marché public, la société Sud Service a remporté l'un des lots qui concerne le nettoyage du matin tandis que les deux autres lots (nettoyage des vitres et nettoyage des sols) pour les activités de fin de journée n'ont pas trouvé preneur. En attendant que le marché soit relancé sur le premier semestre 2019, les agents se retrouvent donc en activité à mi-temps sans compensation de revenus, la société Derichebourg, à quelques exceptions près, ayant mis en place des ruptures conventionnelles...

Responsable secteur du Groupe Nicollin auquel appartient la société Sud Service, après nous avoir tout d'abord préciser que le groupe Nicollin ne souhait pas parler à la presse,  Grégory Collin a finalement accepté de nous répondre et, par là même, indirectement, aux salariés. "Nous avons effectivement proposé une solution de reclassement pour trois agents mais sans licenciement et dans le même secteur à savoir Nîmes. Nous ne comprenons pas pourquoi cela pose problème alors que les conditions de travail sont plus favorables et les taches moins pénibles."

Marché public "low cost" : une source d'économie vraiment indolore ?

À la question de savoir si la cadence imposée pour réaliser des activités à douze au lieu de quinze ne serait pas à l'origine de ce conflit, le groupe Nicollin se range derrière le contrat signé avec la ville de Nîmes : "Nous avons des obligations contractuelles liées à ce marché. Je peux vous assurer que les cadences demandées sont dans la moyenne nationale. Il n'est pas possible de raisonner sur des schémas anciens." Et ceux qui entendent avec la troisième oreille comprendront "sur un rythme de travail moins productif"...

Facile de comprendre que la recherche absolue d'économie dans le cadre des nouvelles délégations de service public ont des conséquences sur l'activité quotidienne des agents, à l'instar de ce qui se passe pour Nîmes métropole et le conflit actuel à la STDG. S'appuyant sur le contrat signé et le cahier des charges, les opérateurs privés ne se placent pas prioritairement dans une démarche de continuité de service public mais plutôt dans une rationalisation de services pour parvenir à dégager toujours autant de bénéfices.

Doit-on en tirer la conclusion que les agents d'entretien des écoles nîmoises sont les victimes collatérales d'un marché public à bas prix ? Pour les grévistes, la réponse est sans équivoque : c'est oui.

Abdel Samari

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