VILLENEUVE/AVIGNON Avec « Bruissement du silence », les œuvres de Michel Steiner traversent le Rhône
L’art rapproche les peuples. L’exposition événement des toiles de Michel Steiner, « Bruissement du silence », en est une éclatante démonstration.
Déjà parce qu’elle se déroulera à Avignon et à Villeneuve, faisant fi des frontières, administrative et naturelle, séparant les deux communes. Ensuite parce qu’elle a mis à la même table, et dans une apparente cordialité, le maire d’Avignon, Cécile Hell, et celui de Villeneuve, Jean-Marc Roubaud, ce qui n’est pas anodin, compte tenu du passif qui subsiste entre les deux élus, .
Les deux villes - « aux liens parfois tumultueux, mais aujourd’hui apaisés », soulignera Jean-Marc Roubaud, sans qu’on sache s’il parlait de l’histoire ancienne ou contemporaine - ont donc décidé de mettre sur pied cette exposition événement car « Michel Steiner est un artiste qui compte pour Villeneuve et pour Avignon. C’est un artiste de la lumière qui a ancré sa création sur notre territoire depuis de longues années », rappelle Cécile Helle. Il faut dire que l’artiste est installé à Villeneuve depuis 1965, et qu’il a enseigné, puis dirigé, l’École d’arts d’Avignon. Alors « nous avons voulu avec la famille Steiner et la ville de Villeneuve tisser un pont pour un projet culturel avec une double dimension géographique », poursuit l’édile de la cité des papes.
« C’est l’histoire passionnée d’un modèle et de son peintre »
Pour ce faire, l’exposition se tiendra au cloître Saint-Louis d’Avignon et à la tour Philippe le Bel de Villeneuve du 8 décembre au 10 mars. « Deux lieux emblématiques », commente Jean-Marc Roubaud, avant d’évoquer « les peintures mystérieuses, mais fortes, qui nous interpellent », de Michel Steiner, « un homme charmant, mais un peu mystérieux et solitaire. »
Un artiste qui expérimente de nombreuses techniques, mais qui reste fidèle à un modèle, son épouse Geneviève. « Ça fait plus de soixante ans que je sers de modèle. Pour moi c’est une vie riche », commente-t-elle, sobrement, mercredi lors de la conférence de presse à laquelle son mari, souffrant, n’a pas pu assister. « C’est l’histoire passionnée d’un modèle et de son peintre, estime le président de l’association Les Ami.e.s de Michel Steiner, Morgan Buisson. C’est une oeuvre dans laquelle chacun peut retrouver un peu de son intimité. C’est aussi la raison pour laquelle 62 donateurs ont participé. »
De quoi voir près de 500 œuvres d’un peintre prolifique, qui peint tous les jours depuis plus de soixante ans. « C’est aussi la peinture de la lumière de Provence », décrit Morgan Buisson, qui a travaillé deux ans pour monter cette exposition, avec le commissaire de l’exposition, Gérard Bouysse, et la fille de l’artiste, Sylvie Steiner. « Nous avons monté l’exposition en dialogue permanent avec Michel et Geneviève Steiner et nous avons eu accès à quatre carnets précieux que personne n’avait lus avant nous. On pourra les feuilleter numériquement à la tour Philippe le Bel », précise Sylvie Steiner.
Aimant les séries et les triptyques, Michel Steiner en a beaucoup peint avec une récurrence : « l’individu avec la lumière », décrit Sylvie Steiner. Cela dit, il a fallu concevoir une exposition et un parcours qui aient du sens sur les quelque 1 000 m2 qui y seront consacrés au cloître et à la tour. Le parcours de l’exposition débute au rez-de-chaussée du Cloître Saint-Louis avec les grands triptyques, puis se poursuit au premier étage du cloître sur le thème de la recherche et de la présence.
Le deuxième étage du cloître donne à apprécier le silence de l’atelier de l’artiste. Quant à la tour Philippe le Bel, elle accueille une exposition qui donne à voir le trajet de l’artiste, de ses carnets intimes exposés pour la première fois, ses croquis de voyages jusqu’aux grandes toiles qui les surplombent. Un film d’entretiens avec Michel Steiner sera également proposé. Une prouesse, le peintre étant un homme réputé silencieux.
Le tout « dans une démarche de libre accès pour toucher le public le plus large possible », précise Cécile Helle. 3 500 visiteurs sont attendus sur les deux mois et demi de l’exposition.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
L’exposition « Bruissement du silence » de Michel Steiner, du 8 décembre 2018 au 10 mars 2019 à la tour Philippe le Bel de Villeneuve et du 15 décembre 2018 au 28 février 2019 au cloître Saint-Louis d’Avignon. Plus d’informations ici.
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