Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 03.12.2018 - veronique-palomar - 2 min  - vu 981 fois

LE 7H50 de Laurent Daniel : "La SNCF mène une politique de destruction du réseau ferroviaire"

Réactions du syndicat CGT des cheminots de Nîmes après la fermeture de la gare de triage de Courbessac.
Laurent Daniel du syndicat CGT CGT cheminots de Nîmes

Lorsqu'en septembre dernier, la SNCF avait annoncé la fermeture probable de la gare de fret de Courbessac, la CGT avait fait savoir son mécontentement. Aujourd'hui c'est officiel, le triage est bien fermé. Nous avons demandé au syndicat de réagir.

Objectif Gard. Quel est l'impact de la fermeture du triage de Courbessac ?

Laurent Daniel. L'impact immédiat est la perte actée de 19 postes dans notre bassin d'emploi. Ces personnes ont été déplacées, reconverties ou ont fait l'objet d'un départ anticipé. Dans un second temps, est annoncée la fermeture de l'atelier qui se trouve à proximité et qui répare les wagons de fret. Ce sont environ 39 agents que nous allons perdre. L'entreprise est dans une politique de destruction du réseau ferroviaire !

Comment la SNCF peut-elle agir contre son cœur de métier ?

Ça paraît impensable mais aujourd'hui, elle se désengage totalement de ses valeurs de service public pour mener une politique de profit en investissant dans le transport routier avec Ouibus, Ouicar et même Blablacar. Cela va à l'encontre de l'écologie. Quand on pense qu'un train de marchandises, c'est l'équivalent de 60 camions qu'on ne mettra pas sur la route… Économiquement aussi cela peut être intéressant. Par exemple, il existe une ligne à côté de la la zone de Grézan. La réhabiliter serait intéressant pour les entreprises du secteur.  Sans compter l'impact sur la sécurité : un train est beaucoup moins accidentogène et beaucoup plus écologique que des camions. Mais voilà, développer le ferroviaire coûte plus cher que d'investir dans le routier et l'entreprise ne voit que ses profits immédiats…

Comme cette politique se traduit-elle concrètement ?

La Région, qui est en faveur du développement ferroviaire, a signé une convention TER avec la SNCF pour, entre autres, une réouverture de la ligne de la rive droite du Rhône (Nîmes/Pont-Saint-Esprit) et le maintien de présence humaine dans les trains :  soutien financier de la Région à l'appui. Jusqu'à aujourd'hui, la SNCF produit des devis exorbitants et joue la montre dans l'attente des prochaines élections régionales. De même son annonce de la suppression des contrôleurs sur la ligne Nîmes/Grau-du-Roi à partir du 9 décembre va à l'encontre de la convention signée avec la Région.

Vous pensez réagir à cette mesure ? 

On a déposé un préavis de grève des contrôleurs et des conducteurs régionaux pour les 7 et 8 décembre prochain. On va repartir sur le rythme de la dernière grève : 2 jours de grève et 3 jours de travail. Mais après 3 mois de grève au printemps, on est certain que l'on ne pourra pas gagner sans une grosse mobilisation citoyenne à nos côtés.

Vous pensez aux gilets jaunes ?

C'est un mouvement que nous observons de très près. Nous partageons certaines de leurs revendications. Mais pas tout : "Macron démission", c'est le risque de voir une montée de l'extrême droite. Nous ne nous résignons pas. Nous nous devons de défendre les valeurs de service public et de combattre une situation qui a conduit au suicide de 63 agents l'an dernier et de 59 cette année, alors que nous ne sommes que début décembre …

Propos recueillis par Véronique Palomar-Camplan

Véronique Palomar

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