Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 09.12.2018 - anthony-maurin - 2 min  - vu 435 fois

NÎMES Avec Spolia Spolia, Gilles Saussier réemploie l'infini et transmet l'éternité

L'École supérieure des Beaux Arts de Nîmes invite Gilles Saussier, artiste et photographe, et crée la surprise avec l'exposition Spolia Spolia dans le cadre d'un programme de recherche lié aux étudiants de l'établissement.
À droite les plans reproduits de la Colonne sans fin, à gauche un manche de pioche qui peut aussi être vu comme un gourdin empli de violence, au fond à droite un bleu de travail pratique et moderne imaginé par une élève(Photo Anthony Maurin).

À lÉcole des Beaux-Arts, Gilles Saussier et huit étudiants créent Spolia Spolia (Photo Anthony Maurin).

Il est seul mais est inspiré par plusieurs. Ils sont huit et œuvrent pour faire une unité. Gilles Saussier, Arlésien de cœur et d'emploi, est aujourd'hui Nîmois pour une semaine encore.

Depuis le 10 et jusqu'au 20, il expose en compagnie de Valentin Duchêne, Renata Pires Sola, Kevin Hoffman, Romain Sicard, Charlène Carmona, Léo Schweiger, Fanny Hugot-Conte et Antoine Bondu. Natacha Pugnet et Arnaud Vasseux, professeurs, ont aussi travaillé sur le projet très réussi.

La réplique de la Colonne sans fin de Bancusi (Photo Anthony Maurin).

L'histoire a des méandres encore méconnus. Gilles Saussier, passionné par la Roumanie et ses dernières décades parfois décadentes socialement, humainement ou politiquement, a livré un livre remarquable. Ancien photo-reporter, cela fait 20 ans qu'il a changé de paradigme, et, en écho à son livre Spolia, un recueil de photographies des Carpates méridionales de la région natale du sculpteur roumain Constantin Brâncusi (1876-1957) cette expo prend tout son sens. Car c'est aussi de Brâncusi dont nous allons parler. Ou plutôt c'est à partir de son oeuvre que l'inspiration des travaux exposés à l'ESBAN s'est déployée.

Au fil du Jiu, un cours d'eau qui sillonne le paysage entre Petrosani, où la Colonne sans fin fût fabriquée en 1937, et Târgu Jiu, où elle fut érigée en 1938 pour honorer les jeunes roumains morts lors de la Première Guerre mondiale. Elle mesure 29,33 mètres. Saussier embarque le lecteur dans une autre dimension photographique en rappelant la vraie Roumanie et donne à voir des colonnes urbaines, des colonnes mouvantes, une mine de charbon ou encore une usine de sidérurgie où la fameuse colonne a été reproduite sans pour autant être reconstruite.

Seule œuvre bâtie par Brâncusi dans l’espace public, l’ensemble monumental de Târgu Jiu comprend trois éléments : la Table du silence, la Porte du baiser et la Colonne sans fin. On peut y ajouter l'allée qui mène aux trois éléments.

Antoine Bondu a voulu détailler l'invisible de la Colonne sans fin. Ici blocs de béton et chevron de bois sont posés sur les fondation en bois que nul a eu la chance de voir... (Photo Anthony Maurin).

Aux Beaux Arts pour cette expo spéciale, le display est un dispositif plastique dans lequel le présentoir (vitrine, étagère, table, podium) est partie intégrante de l’œuvre. Brâncusi avait bien compris cela sans que le mot soit commun à son vocabulaire artistique ! Saussier et étudiants ont donc repris l'idée et ont travaillé dans ce sens.

Une vingtaine d’œuvres est présentée. Des photos de Saussier parsèment les interprétations estudiantines. L'essentiel de la démarche a été de réfléchir sur les relations entre les images que l'artiste a réalisé pour son livre Spolia et leurs modes de représentation. Objets réels et documents reproduits sont le reflet de la variété et la manière de les exposer peut changer l'interprétation des œuvres premières.

(Photo Anthony Maurin).

Spolia Spolia, une exposition à ne pas manquer, un travail intéressant et impliquant, un lien entre artiste et étudiants. Bref, d'excellentes raisons pour tenter l'aventure et vous laisser guider par la verticalité déstructurée, l'amour d'une terre et l'histoire d'une vie.

Esban, 10 Grand’Rue, 30 000 Nîmes. Visites du lundi au vendredi de 14h à 18h, entrée libre. Spolia, a été édité par Le Point du jour éditeur en octobre 2018.

(Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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