Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 14.01.2019 - veronique-palomar - 4 min  - vu 971 fois

FAIT DU JOUR En 2040 : Population vieillissante et incertitude sur les moyens

Moins d'actifs et plus de personnes dépendantes, l'avenir semble s'écrire sur un tableau... noir.
(photo d'illustration)

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Une analyse Insee prenant en compte Nîmes métropole, et plus largement le Gard et l'Occitanie comme comparatifs à l'horizon 2040, dresse un tableau plutôt noir de la tendance démographique. Une vision que les incertitudes en matière de moyens ne rendent pas plus optimiste. 

Ces chiffres correspondent à deux scénarios : pour le premier, à un scénario central qui prolonge les tendances démographiques observées ces dernières années et, pour le second, à un scénario plus volontariste au regard des objectifs de politique publique, dit d’attractivité renforcée.

La population progresserait ainsi en moyenne de 0,2 % ou 0,4 % chaque année, ce qui représenterait 600 ou 1 100 personnes supplémentaires par an selon les scénarii. Il s’agirait dans les deux cas d’une hausse bien inférieure à celle observée sur la période récente : entre 2010 et 2015, la population de la communauté d’agglomération augmente en effet à un rythme moyen de 1,0 % par an, soit 2 600 habitants supplémentaires chaque année.

À l'horizon 2040, la Communauté d’agglomération Nîmes métropole, constituée de Nîmes et de 38 communes périphériques, compterait 271 000 ou 284 000 habitants contre 256 600 au 1er janvier 2015.

Les naissances se stabilisent et les décès augmentent

L’excédent des naissances sur les décès diminuerait fortement. De 1 100 en 2013, il ne serait plus que de 100 dans le cadre du scénario central et de 400 dans le scénario d’attractivité renforcée. En effet, les naissances se stabiliseraient sur l’ensemble de la période, autour de 3 000 ou légèrement au-dessus selon le scénario, tandis que le nombre de décès augmenterait, passant progressivement de 2 000 à 3 000 d’ici à 2040, quel que soit le scénario retenu.

Cette hausse des décès serait la conséquence de l’arrivée aux âges de forte mortalité des générations du baby-boom. Malgré sa baisse, l’excédent perdurerait sur l’ensemble de la période 2013-2040. À l’échelle du département et de la région au contraire, les décès deviendraient plus nombreux que les naissances dès 2025 dans l’ensemble du Gard et dès 2038 en Occitanie.

Un tiers de la population aurait 60 ans ou plus en 2040 

Près de 95 000 personnes âgées d’au moins 60 ans vivraient dans le territoire de Nîmes métropole, soit 30 000 de plus qu’en 2013. Ces seniors représenteraient un tiers de la population, contre un quart actuellement. Les personnes âgées de 80 ans ou plus seraient même deux fois plus nombreuses en 2040 : 33 000 contre 15 000 en 2013. Leur poids dans la population doublerait, passant alors de 6 % à 12 %.

Deux personnes en âge de travailler pour une personne de plus de 65 ans

(photo d'illustration)

Le vieillissement de la population de la Communauté d’agglomération de Nîmes serait comparable à celui du département du Gard mais un peu plus marqué qu’à l’échelle de l’Occitanie. Parallèlement, le poids des autres classes d’âge diminuerait. La hausse prononcée du nombre de seniors conjuguée à la baisse de la population jeune aurait une incidence sur le taux de dépendance économique : en 2040, on compterait deux personnes en âge d’exercer un emploi pour une personne d’au moins 65 ans, contre un rapport de trois pour un en 2013. Cette augmentation du taux de dépendance économique serait semblable à celle du département mais légèrement plus forte qu’au niveau régional.

Davantage de personnes seules et des couples âgés

(photo d'illustration)

Le nombre de ménages résidant dans la communauté d’agglomération Nîmes métropole serait de 130 600 ou 135 000, selon l'hypothèse retenue.  Un quart des personnes seules seraient âgées d’au moins 80 ans d’ici à 2040 et 25 % des personnes vivant seules auraient 80 ans ou plus, contre 12 % en 2013.

Le nombre de ces personnes, qui sont les plus sujettes à souffrir d’une perte d’autonomie, doublerait entre 2013 et 2040, passant de 6 500 à 14 000, et le seuil de 10 000 serait franchi dès 2029. Pour les autres catégories d’âge, le nombre de personnes seules augmenterait également, mais de façon moins prononcée.

La taille moyenne des ménages continuerait à diminuer, passant de 2,3 personnes par ménage en 2015 à 2,1 en 2040. La diminution de la taille des ménages serait aussi liée à l’évolution des modes de cohabitation, avec des mises en couple plus tardives et des séparations plus nombreuses.

Le nombre de ménages composés d’une seule personne augmenterait fortement.  Le nombre de couples, avec ou sans enfants, augmenterait également mais moins fortement et surtout de façon différenciée selon les âges : le nombre de couples de moins de 65 ans baisserait alors que les couples plus âgés deviendraient plus nombreux, en raison de la diminution de la population jeune et de l’allongement de l’espérance de vie.  À l’horizon 2040, les ménages d’une personne seraient presque aussi nombreux que les couples.

"Il faut qu'on se prépare mais…"

Christophe Serre, vice-président du Conseil départemental délégué à l'autonomie des personnes âgées et handicapées (photo Anthony Maurin

Face à cette situation alarmante, le Département, qui a la compétence exclusive des solidarités, s'exprime sur le sujet via Christophe Serre, vice-président du Conseil départemental délégué à l'autonomie des personnes âgées et handicapées.

"Le vieillissement de la population a déjà commencé", constate-t-il. "Et si l'écart entre le taux de mortalité homme femme se réduit, l'espérance de vie augmente et les personnes âgées passent aujourd'hui en moyenne presque trois ans en Ehpad, ce qui représente un coût très importantAujourd'hui déjà, 25% du budget du Département est consacré aux personnes âgées et autant aux personnes handicapées, poursuit-il.  5 M€ sont attribués tous les ans à la restructuration et à la rénovation des Ehpad, l'investissement du Département représente une économie de 4€ par jour pour les résidents et en 10 ans, il a permis la création de 1600 lits en établissements spécialisés, auquel il faut ajouter un soutien financier  aux maisons en partage, qui sont des alternatives aux maisons de retraites pour des personnes âgées autonomes, leur permettant de rester à proximité de leur lieu de vie."  

Et demain ?

"Nous ne faisons pas de projection à long terme, parce que nous ne savons pas ce que les Départements vont devenir," déplore Christophe Serre. "Aujourd'hui, nos dotations sont en baisse et nous ne prélevons plus aucun impôt hormis la taxe foncière et il serait question de la verser aux communes… Il faudrait que l'État stabilise les institutions et dès aujourd'hui qu'il impose aux départements riches d'aider les pauvres…"

Un manque de moyens et de visibilité qui empêche toute anticipation, selon le vice-président du département, qui, une fois par mois, se rend à Paris au siège du haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA), un organisme consultatif français chargé d'éclairer le gouvernement sur les problèmes démographiques et sur leurs conséquences à moyen et long termes dans les domaines de la fécondité, du vieillissement et des mouvements migratoires, ainsi que sur les questions relatives à la famille. "Il faudrait une nouvelle loi pour régir le statut des personnes âgées. Nous sommes force de proposition", conclut l'élu.

Véronique Palomar-Camplan

Véronique Palomar

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